Le Mali n’a pas tardé à réagir aux «sanctions malencontreuses» prise par l’Union monétaire ouest africaine (UEMOA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) à l’issue de leurs sommets extraordinaires tenus dimanche dernier (9 janvier 2022) à Accra, au Ghana. En effet, dans une brève mais très attendue intervention à la télévision nationale (ORTM) dans la nuit du dimanche au lundi 10 janvier 2022, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement, a riposté à la hauteur de l’offense faite au peuple Malien.
Le gouvernement du Mali, par la voix du Lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, a déploré «le caractère inhumain» de ces mesures qui viennent «affecter les populations déjà durement éprouvées» par les crises sécuritaire et sanitaire, notamment celle du Covid-19. Et il a promis de prendre «les mesures nécessaires en vue de riposter à ces sanctions malencontreuses, illégales et illégitimes».
D’ores et déjà, a indiqué le porte-parole du gouvernement, le Mali a décidé de «rappeler ses ambassadeurs accrédités» dans les Etats membres de la Cédéao et de fermer «ses frontières terrestres et aériennes» avec les Etats concernés sur la base de la réciprocité. Pour nos autorités, «ces mesures contrastent avec les efforts consentis par le gouvernement et sa disponibilité au dialogue en vue de trouver un compromis avec la Cédéao sur le chronogramme des élections au Mali». Et la preuve de bonne volonté et de cette ouverture à la négociation pour parvenir à un consensus a été le nouveau chronogramme (2 ans au lieu de 5 ans de prolongation) proposé par notre pays à la veille de ces sommets extraordinaires d’Accra. Manifestement, les dirigeants ouest africains étaient déjà dans l’optique de sanctions lourdes contre notre pays.
Curieusement, a rappelé le Lieutenant-colonel Maïga, ces sanctions interviennent «au moment où les Forces armées maliennes (FAMa) engrangent des résultats spectaculaires dans la lutte contre le terrorisme, ce qui n’était pas arrivé depuis plus d’une décennie». Il a rappelé que l’embargo décidé contre notre peuple constitue «une violation manifeste» du traité de l’Uémoa et des statuts de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO). En outre, a-t-il rappelé, le gel des avoirs d’un État, des entreprises publiques et parapubliques ne saurait être appliqué par la Bcéao qui reste «un organe indépendant auquel chaque Etat membre a cédé son droit souverain d’émission».
Le gouvernement du Mali a donc «dénoncé et rejeté» la suspension des transactions commerciales et le gel des avoirs du pays au niveau de la banque centrale qui ne sont «fondés sur aucun texte communautaire». Le Mali en a appelé à «la solidarité et à l’accompagnement des pays et institutions amis».
Le gouvernement a remercié l’ensemble du peuple malien pour son patriotisme et a invité les populations au «calme et à la retenue». Il a aussi tenu à rassurer l’opinion nationale que «des dispositions ont été prises pour assurer l’approvisionnement normal du pays par tous les moyens appropriés».
Et au regard des «violations répétées» des textes, principes et objectifs de ces organisations, «le gouvernement du Mali tirera toutes les conséquences et se réserve le droit de réexaminer sa participation à ces entités», a prévenu le Lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga.
Moussa Bolly