Invité d’un groupe de jeunes du quartier de Kalaban-Coura, en Commune V de Bamako, pour des échanges à bâtons rompus sur les questions brûlantes de l’heure et la vie politique du pays, l’ancien Premier ministre de la transition de 1991, Dr Soumana Sako, a brièvement répondu aux initiateurs du livre «Le Mali sous Moussa Traoré».
Tout en qualifiant la publication de ce livre de «falsification de l’histoire», Zorro, comme le surnomment certains, a affirmé que c’est parce que la démocratie a marché que les compagnons de Moussa Traoré peuvent ainsi réagir. Sinon, a-t-il poursuivi, les partisans de Modibo Kéïta ont été empêchés (jusqu’à la chute du régime GMT) par le Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN) de Moussa Traoré, dans leur tentative de publier un livre sur le bilan de leur idole.
«On ne peut pas faire faire marche arrière à la roue de l’histoire. Le mouvement démocratique est interpellé et il se fera le devoir de répondre. Nous n’allons pas permettre aux gens qui ont profité de la démocratie de salir cette démocratie» a déclaré Soumana Sako.
Avant de révéler que la dissolution dans les autres corps du régiment blindé sous la transition de 1991 avait été faite tout simplement dans le souci d’éviter un autre coup de force, après que la transition ait échappé à une tentative de renversement. Pour Soumana Sako, le vrai délitement de l’armée malienne a commencé avec le coup d’état du 19 novembre 1968, qui a été suivi par la mise à la retraite, par décret de Moussa Traoré, de tous les officiers supérieurs et la disparition de certains officiers subalternes dans des conditions obscures après la prise du pouvoir.
Réagissant sur l’avenir politique du pays, le Président de la Convention Nationale pour une Afrique Solidaire (CNAS-FH), sans explicitement dire qu’il serait candidat à la prochaine présidentielle, a expliqué qu’il espérait que les Maliens, qui se sont laissé duper en 2013, auront ouvert les jeux et feront le choix qui sied pour faire face aux enjeux du pays.
Aux jeunes, venus très nombreux l’écouter, l’ancien leader du mouvement estudiantin des années 1973, devenu ministre des Finances et du Commerce avant de démissionner avec fracas, 6 mois seulement après sa nomination, sous Moussa Traoré, a expliqué l’historique et les enjeux de la crise qui secoue notre pays.
Constant dans son rejet de l’accord issu du processus d’Alger, Soumana Sako a expliqué aux jeunes, pour la plupart des enseignants, en quoi ledit document n’était pas bon. Il a démontré, sous des applaudissements, que l’accord constituait une prime à la rébellion armée, une menace pour la République et la laïcité et faisait de notre pays un condominium franco-Algérien.
«Pour une question aussi existentielle que l’avenir de toute une Nation, on ne choisit pas entre deux maux» pour Soumana Sako, comme l’a déclaré un moment le leader d’Ançardine international, Cherif Ousmane Madani Haïdara et comme ont dit d’autres personnalités. «On rejette les deux maux et on cherche la solution qui sied», selon l’ancien Premier ministre. «Cherif Ousmane Madani Haïdara est un bon jeune frère, qui a l’amour de ce pays. Le jour où je vais le rencontrer, le lui demanderai de me donner des explications sur son argumentaire».
Au sortir des échanges, les jeunes n’ont pas manqué de souligner leur satisfaction. En promettant de relayer la saine information obtenue dans ce débat, ils se sont engagés à multiplier ce genre d’échanges dans la commune, pour sensibiliser davantage la population.
Yaya Samaké
Source: Le 22 Septembre 28/04/2016