APRES LA FRAUDE MASSIVE LORS DU 1 er TOUR Igor « accuse les héritiers du mouvement dit démocratique, certains pays amis et les récents gouvernements »

Dans une déclaration faite hier, le candidat Mamadou Igor Diarra ne cache pas sa
déception face à la « mascarade électorale » qui a eu lieu le 29 juillet dernier. Il « accuse
les héritiers du mouvement dit démocratique, certains pays amis et les récents
gouvernements ».  Ta déclaration en intégralité !
Je tiens en premier lieu à remercier les citoyennes et les citoyens qui m’ont apporté leur
soutien par leurs votes, je félicite le peuple malien pour avoir voté dans le calme, malgré les situations dangereuses par endroits.
Je m’incline devant la dépouille de celles et ceux qui furent victimes d’attaques au cours de
ce processus, dont trois de mes soutiens dans le centre du pays.
La tenue des élections fut annoncée par le gouvernement en février 2018, la nouvelle loi
électorale fut adoptée par l’Assemblée Nationale en avril 2018, les cartes électorales ont été commandées au cours du même mois et les nouveaux représentants de l’administration
furent nommés à la même période, soit trois mois pour préparer et tenir un scrutin
présidentiel dans un pays avec entre autres, près de 800 000 km² situés en zone d’insécurité.
Donc, c’est tout naturellement que je me suis inquiété en début d’année de l’organisation

du processus dans un tel contexte.
Je fus d’ailleurs le premier à avoir pointé du doigt les sources d’inquiétude, qui, parfois,
furent mal comprises.
J’avais évoqué les quatre défis majeurs à relever par les autorités à savoir, le financement
adéquat, la logistique, la sécurité et la présence de l’administration.
Je précise que dans mon courrier de déclaration de candidature adressé aux maliens, j’ai
tenu à insister sur la nécessité d’organiser des élections crédibles et dans un climat apaisé.
La priorité pour moi, n’était pas tant l’organisation de l’élection elle-même, dont la mauvaise préparation pouvait porter les germes de contentieux post-électoraux, mais plutôt la construction d’un environnement propice à la consolidation de la démocratie.
Malgré mes inquiétudes, je ne pouvais pas manquer ce grand rendez-vous électoral, cela
aurait été un renoncement, chose qui ne fait partie de mes principes.
Je me suis présenté à l’élection présidentielle du 29 juillet 2018, en tant que candidat
indépendant, mais avec le soutien du parti Mali En Action, la Coordination des Amis de
Mamadou Igor Diarra, le Mouvement pour la Démocratie et la Paix, le Mouvement Pour le
Progrès, les associations G50, le Groupe des Patriotes du Mali et le Club Lumière, composés
en majorité de jeunes et de femmes.
Pendant trois semaines, j’ai eu le plaisir de rencontrer des milliers de nos compatriotes à
l’intérieur comme à l’extérieur, j’ai touché du doigt les principales préoccupations du peuple
malien.
Riche de mes nombreuses expériences, j’ai proposé un projet de société en 7 axes, 12
grands travaux et 99 mesures, qui complétèrent mon livre « C’est possible au Mali », paru
quelques mois plutôt.
Avec mes équipes, nous avons animé des dizaines de débats pour expliquer à nos
compatriotes, partout où nous avons pu  aller, qu’un mieux vivre est possible pour tous les
maliens.
Des milliers de femmes et d’hommes ont adhéré à notre projet et l’ont soutenu, jusqu’au
jour du vote.
J’ai accompli mon devoir de citoyen le dimanche 29 juillet 2018 à 11H00 à l’école B de Baco
Djicoroni.
Immédiatement, je fus partagé entre un sentiment de fierté et de tristesse, fier d’être
malien, mais triste de voir d’autres maliens manipulés avec leur consentement au grand jour
par les puissances de l’argent, à travers l’achat des voix.
Ce fléau fut d’une telle ampleur, qu’on aurait préféré se trouver dans un mauvais rêve, mais
hélas c’était bien la réalité.
A cela s’ajoutèrent la multiplication des attaques contre les bureaux de vote, les bourrages
d’urnes, la mauvaise distribution des cartes d’électeurs, l’amateurisme des responsables de
bureaux de vote et le tripatouillage de certains  résultats.
Le jeudi 02 août 2018, à 21H00, les résultats provisoires de l’élection présidentielle furent
annoncés par le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation. Beaucoup
de candidats ont introduit des recours devant la cour constitutionnelle, comme je le
craignais, qui se prononça donc le 08 août.
Je ne peux rester indifférent à ce qui vient de se passer, car j’ai reçu mandat de la part de
milliers de maliens pour faire vivre mon projet, je ne peux les trahir, raison pour laquelle,
sincérité oblige, je ne peux m’empêcher de donner mon opinion et de dresser un
réquisitoire, dans lequel, en empruntant à Emile Zola, J’accuse !
–           Oui, j’accuse les héritiers du mouvement dit démocratique, qui a géré mon pays

depuis 27 ans et dont certains acteurs  ont mis en place, une démocratie pluraliste, qui ne
l’est que de nom. Ils n’ont même pas pu créer les simples bases d’un système d’expression
populaire que tous les pays au monde ont désormais maîtrisé. Ce sont eux qui ont introduit
l’argent dans le choix des dirigeants, prouesse que  même le parti unique n’avait pas réussi à
–           J’accuse certains partenaires du Mali qui pourtant, soutiennent mon pays avec les
impôts de leurs contribuables, mais aussi les observateurs internationaux qui à chaque
scrutin estiment que nos élections se sont globalement bien déroulées, comme si nous
maliens méritions une démocratie au rabais, en déphasage avec le reste du monde.
–           J’accuse les gouvernements récents de n’avoir presque rien fait, jusqu’à trois mois du
scrutin, privant même le chef de l’Etat sortant de se représenter dans un climat sans
suspicions, en ne préparant pas sérieusement à l’avance, un scrutin inclusif, recensant une
majorité de jeunes et un fichier électoral, élaboré avec rigueur.
–           J’accuse ces experts, qui se sont permis de donner un quitus, au terme d’un audit
record de 10 jours ! confirmant que nous méritions un fichier à l’encan.
–           J’accuse ces partis politiques bénéficiaires de l’aide publique de l’Etat, donc, nos
impôts, qui n’ont jamais véritablement joué leur rôle d’éducation du citoyen.
–           J’accuse celles et ceux qui ont corrompu et triché, mais aussi ceux qui ont voté en
vendant leurs voix et en prime leur honneur et leur dignité.
–           Je m’accuse moi-même pour n’avoir pas commencé la politique plutôt pour
empêcher et dénoncer tous ces écarts.
–           Je m’accuse, tout comme certains leaders politiques engagés au même titre que moi,
dans le combat des valeurs, de n’avoir pas su unir nos forces, pour une action collective
intelligente, dans le but de favoriser l’émergence d’une véritable force novatrice. Chacun a
au contraire privilégié son égo en se voyant comme étant le seul capable de réussir la
conquête du pouvoir, tandis que nous avions la possibilité de travailler ensemble, dans le
but d’exprimer notre ambition commune pour le pays.
–           Enfin, je m’accuse aussi d’avoir participé naïvement à ce désolant spectacle, bien que
l’ayant craint et ayant été alerté par mes propres analyses, confirmées par les réflexions de
deux personnalités publiques respectables, à savoir, les ministres Seydou Badian Kouyaté et
Ousmane Sy, qui, dans un passé récent, avaient invité les plus optimistes à se pencher sur les
risques à venir et la nécessité de trouver des voies consensuelles pour la stabilité du Mali.
Après ce réquisitoire mon verdict est sans appel, je rejette catégoriquement ce processus
dans son ensemble, sans même me donner la peine de commenter tel ou tel chiffre, ou
encore moins, tel ou tel rang.
Chaque malienne et chaque malien devraient se sentir concernés par la situation actuelle.
Dans notre pays, aucun sujet en lien avec l’Etat ne devrait faire l’objet d’une quelconque
légèreté, car nous vivons une période décisive pour nous-mêmes et les générations futures
A tous les maliens, je demande d’exiger toujours la vérité, car notre futur commun, aussi
bien celui des vainqueurs que des vaincus en dépend.
Les privilégiés d’aujourd’hui, peuvent être demain, des citoyens ordinaires, d’où la nécessité
de faire preuve d’humilité.
Les résultats électoraux du Mali, ne doivent plus être proportionnels à la capacité financière
des candidats, comme ce fut malheureusement le cas lors de ce scrutin dernier, sinon nous
ôterons toute possibilité d’une véritable alternance dans ce pays.
Nous sommes assurément dans un processus avec peu de perspectives favorables, ce qui
nous condamne à dénoncer sans relâche, toutes les irrégularités survenues lors de cette
élection et en même temps nous n’avons pas beaucoup de choix pour chercher et trouver le

génie nécessaire pour sauver le Mali.
Tout au long de la campagne, nous n’avons pas arrêté d’appeler au renouvellement
générationnel de la classe politique qui doit refléter le poids des jeunes et des femmes.
Force est de constater et nous en prenons acte, qu’une majorité d’électeurs n’a pas donné
un écho favorable à notre offre, dont la défense sera toujours une constance pour le
candidat que je fus et l’homme politique que je resterai.
Je ne me considère pas propriétaire des votes exprimés en ma faveur et n’estime pas
décider pour celles et ceux qui veulent poursuivre leur participation au processus.
A cet effet, je respecterai le libre choix ultérieur de toutes celles et de tous ceux qui m’ont
soutenu en tant que candidat indépendant.
Nous allons nous organiser à travers plusieurs actions pour défendre nos principes nos
convictions et l’avenir du Mali.
J’adresse donc un appel solennel au peuple à rester vigilant et mobilisé.
J’espère pouvoir compter sur votre compréhension.
Que Dieu bénisse le Mali
Mamadou Igor DIARRA
Officier de l’Ordre National
Candidat à l’élection Présidentielle