Alors que la semaine dernière l’image de l’acte barbare, digne d’une autre époque, faisait le tour du monde, après l’amputation d’un présumé voleur par les maîtres des lieux à Ansongo, les populations de la région de Gao retiennent encore leur souffle. 30 personnes jetées en prison par le Mujao, sont en attente d’une sanction similaire. Leurs bourreaux leur reprochent des cas de « vol » perpétrés dans la région.
Inquiète de la montée de cette violence, l’association « Tita » (qui signifie bénédiction) tire la sonnette d’alarme. Face à la presse ce lundi 13 août à la Maison de la presse, l’organisation, regroupant des ressortissants de la Commune de Tinahama, demande au gouvernement de prendre ses responsabilités. Selon un membre de l’association, Ahmedou Ag Issa Glafast, Ansongo vit désormais au rythme des règlements de comptes au nom d’une prétendue « Charia ». « Certaines populations se servent de vieux conflits entre elles (notamment en matière de bétails), et procèdent à des dénonciations calomnieuses auprès du Mujao ou d’Ançar-Dine. Sans vérification afin de cerner les vrais contours de ces dénonciations, les islamistes se lancent dans des arrestations. Aujourd’hui, des innocents croupissent en prison sur la base de simples dénonciations de certains individus. Et la chasse aux sorcières bat son plein », s’indigne Ahmedou Ag Issa avant de dénoncer un complot contre les populations d’Ansongo. En clair, pour l’association « Tita », les populations ne savent plus à quel saint se vouer. Le temps presse et le gouvernement doit réagir, alerte-t-il.
Mais en attendant, les populations du Nord doivent prendre leur mal en patience face aux tergiversations du pouvoir central de Bamako et les querelles des politiciens et leaders de la société civile.
I. F. Sissoko
L’Indicateur du Renouveau
(14 Août 2012)