C’est à saluer car notre pays n’a pas de grands moyens et chaque centime qu’il investit sur des cas de force majeure est un centime de moins pour l’autre front capital qu’est l’accès aux services sociaux de base, école et santé surtout. Mais la solution n’est pas dans les convois de bus. Le pouvoir à Abidjan doit être averti de la manière la plus sérieuse et la plus forte sur sa responsabilité de protéger tout ressortissant de la Cedeao vivant sur le sol ivoirien. Ce n’est pas une faveur mais une obligation. Le Mali n’est en rien responsable de la crise qui secoue la Côte d’Ivoire. Il en est au contraire une victime collatérale qui aura de plus été plus que prudent sur la question ivoirienne.
Si Gbagbo et les siens en sont conscients, alors ils doivent en appeler à leurs troupes pour que cesse le harcèlement de nos parents. C’était cela, le dilemme par rapport à la Côte d’Ivoire : parler et exposer notre diaspora ou se taire et exposer notre diaspora. Si, et ce serait plus heureux, celle-ci n’est pas particulièrement ciblée mais se trouve dans le même engrenage que les habitants d’Abobo, Adjamé et autres places fortes de l’ethnie Dioula, alors c’est la preuve que le mal ivoirien est en passe de métastaser et que ce qui a rendu possible ce dégât, ce sont les atermoiements de la communauté internationale, l’indifférence des leaders africains vis-à-vis de leurs peuples.
Abuja où s’est tenu hier le nième sommet sur la Côte d’Ivoire n’est pas à cet égard une avancée, mais un tragique retour à la case départ. Avec cette seule nouveauté : le souhait de voir l’Onu inspirée par sa jurisprudence libyenne. Ce qui n’aurait jamais dû être la mer à boire : le vainqueur est désigné, la poudrière était prête et la spirale redoutée allait avoir pour conséquence de rendre plus ingouvernable le pays perfusé à coup de milliards de Cfa. Surtout, personne ne peut dire que pour la Côte d’Ivoire, il ne savait pas…
Adam Thiam
Le Républicain 24/03/2011