Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali ‘’Presque aucun progrès n’a été fait dans l’application de l’Accord pour la paix… ‘’

Secrétaire général des Nations unies Titulaire actuel António Guterres depuis le 1er janvier 2017

Le 28 septembre 2017, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a publié son rapport sur la situation au Mali. Ce rapport de 28 pages décortique sans complaisance la situation sécuritaire, humanitaire, politique et juridique qui prévaut au Mali. Le rapport évoque également le processus de paix à travers la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. Sur le plan sécuritaire, le secrétaire général a souligné qu’en raison de l’insécurité, le redéploiement de l’administration civile dans le nord et le centre du Mali n’a pas pu progresser. S’agissant de la situation humanitaire, le rapport indique que plus de 600 000 personnes sont en insécurité alimentaire. En outre, il ressort de ce rapport que le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration doit débuter le 15 octobre 2017. Dans ses observations, le patron de l’ONU a non seulement exhorté le gouvernement malien à établir la stratégie de développement des régions du nord, mais aussi, la communauté internationale à s’acquitter de ses promesses de dons.
Antonio Guterres a fait savoir que presque aucun progrès n’a été fait dans l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. « Alors que le pays entre dans une période électorale intense, qui aura pour point d’orgue la présidentielle de 2018, le soutien et l’attachement sans faille des parties signataires au processus de paix sont indispensables pour éviter de tomber dans un cercle vicieux de violence et de chaos mettant en péril l’avenir du Mali et ses chances de connaître une paix durable. Si on ne consolide pas les acquis du processus de paix, ceux-ci pourraient se voir très facilement anéantis. L’absence de progrès dans la mise en place d’autorités intérimaires et la création de mécanismes opérationnels de coordination à Kidal et Tombouctou envoient un message erroné », a-t-il dit, signalant que le temps presse.
Selon le Secrétaire général de l’ONU, la reprise des hostilités a exacerbé les menaces sur la sécurité dans le nord du Mali. « Si je me félicite de la signature d’une trêve, les groupes armés doivent désormais prouver qu’ils sont véritablement acquis au processus de paix et au rétablissement de l’autorité et des services de l’État. Je prie instamment ces groupes non seulement de respecter la cessation définitive des hostilités mais aussi de participer activement à l’application des dernières dispositions de l’Accord, notamment en proposant leurs listes définitives de candidats pour les processus de cantonnement et de désarmement, démobilisation et réintégration, afin de mettre en route ces processus une fois pour toutes. À défaut, la stabilisation et la consolidation de la paix dans le nord du Mali resteront hors de portée, et les populations les plus vulnérables continueront de pâtir de l’absence de dividendes de la paix, pourtant attendues depuis longtemps », a-t-il dit.
Aux dires du secrétaire général des Nations Unies, les retards pris dans le redéploiement et l’extension de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire et la baisse du nombre de représentants de l’État dans le nord et le centre du Mali sont alarmants. « Je suis vivement préoccupé par l’augmentation des atteintes à la sécurité du fait d’éléments armés et de groupes armés extrémistes dans le centre du Mali, en particulier dans les régions de Mopti et de Ségou, où l’apparition de groupes d’autodéfense pour parer aux risques résiduels en matière de sécurité, en particulier dans les zones reculées, est aussi inquiétante. Cette situation pourrait bien alimenter la violence et exacerber les clivages intercommunautaires », a-t-il souligné.
Le désarmement des groupes armés prévu le 15 octobre prochain
Pour palier à ces insuffisances, il a invité le gouvernement à renforcer la présence de l’administration civile et des forces de défense et de sécurité dans ces secteurs et à lutter contre l’insécurité naissante, tout en respectant ses obligations internationales relatives aux droits de l’homme. A l’en croire, les mesures de sécurité seules sont insuffisantes face à la situation que connaissent le nord et le centre du Mali.
Pour régler efficacement, dit-il, les problèmes complexes de ces régions et y apporter la sécurité, la stabilité et le développement, une stratégie multidimensionnelle est nécessaire, englobant la justice, le développement, la sécurité, l’éducation et la création d’emplois, notamment pour les jeunes et en particulier ceux d’entre eux qui sont marginalisés. «Je suis troublé par la dimension transfrontalière de l’insécurité au Mali et par la menace croissante que représentent les groupes terroristes pour les pays voisins, notamment le Burkina Faso et le Niger. Je me félicite de ce que les pays de la région se soient davantage investis dans les initiatives en faveur de la paix et la sécurité, notamment en vue du déploiement de la Force conjointe du G5 Sahel. Le succès de cette force conjointe, à l’instar de celui de la MINUSMA, est lié en soi à l’avancée du processus de paix au Mali. Je demande à la communauté internationale d’appuyer cette entreprise régionale, au moyen d’un soutien financier et logistique prévisible », a-t-il dit.
Pour lui, l’insécurité qui sévit affaiblit l’état de droit et la fourniture des services de base, en particulier dans le nord et certaines parties du centre. A ses dires, la situation humanitaire continue de se dégrader. « Je suis extrêmement inquiet de la fermeture d’un grand nombre d’écoles et de l’insécurité alimentaire qui va croissant dans les régions touchées par la crise. Je demande à tous les partenaires internationaux de participer généreusement au Plan d’intervention humanitaire de 2017, pour lequel les ressources financières manquent considérablement, afin de pouvoir répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables », a déclaré Antonio Guterres.
Dans ses observations, le patron de l’ONU a non seulement exhorté le gouvernement malien d’établir la stratégie de développement des régions du nord, mais aussi, à la communauté internationale de s’acquitter de ses promesses de dons. Par ailleurs, il dira que le refus des groupes armés signataires de remettre la liste de leurs combattants demeure le principal obstacle au processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration qui doit débuter le 15 octobre 2017.
La situation des droits de l’homme au Mali est demeurée très préoccupante, selon l’ONU. A en croire son patron, la détérioration des conditions de sécurité au Mali a encore aggravé une situation humanitaire déjà désastreuse. «Dans le cadre du plan d’intervention national dirigé par le Gouvernement pour remédier à l’insécurité alimentaire pendant la période de soudure, l’Organisation des Nations Unies s’est associée à des partenaires pour apporter une aide alimentaire à 267 500 des 601 000 personnes se trouvant en situation d’insécurité alimentaire grave dans les zones en crise. Depuis le rapport précédent, le nombre total d’écoles fermées s’est maintenu à 500, privant 150 000 enfants de leur scolarité dans les régions de Gao, Kidal, Ménaka, Mopti, Ségou et Tombouctou. Les fermetures étaient dues principalement à l’insécurité et aux menaces pesant sur le personnel éducatif », souligne le rapport du secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali.
Aguibou Sogodogo