ANNEXION D’UNE PARTIE DU TERRITOIRE MALIEN PAR L’ALGERIE Ce qui était vrai avant, l’est tout autant aujourd’hui

ANNEXION D’UNE PARTIE DU TERRITOIRE MALIEN PAR L’ALGERIE

Ce qui était vrai avant, l’est tout autant aujourd’hui

Depuis plusieurs jours, des informations circulant sur les réseaux sociaux et sur différentes plateformes font état de l’annexion d’une partie du territoire malien par le voisin algérien. Une information fort étonnante, et qui jusqu’ici, n’a fait l’objet d’aucun démenti par les autorités de la transition malienne. En attendant d’avoir le fin mot de cette information, rappelons quelques faits de l’histoire récente algéro-malienne qui n’honore pas le pays d’Ahmed Ben Bella.

Et si, dans une mesure assez importante, l’Algérie avait une grande part de responsabilité dans la grave crise malienne de 2012 ? Certes, il s’agit là d’une grave accusation, mais des faits l’étayent amplement. Car, nombre de chefs terroristes sévissant alors au nord malien étaient des algériens, anciens brigands armés ayant mis leur pays d’origines à sang dans les années dites noires.

Abdel Malek Droukdel, Mokhtar Bel Mokhtar ou encore Abou Zeid, étaient tous algériens, avaient pris une part importante dans le triste et sanglant épisode qu’avait connu l’Algérie au début des années 1990. Le pays connu une guerre entre l’Armée Nationale populaire et des groupes islamistes armés qui s’est rapidement mue en une guerre civile. Une guerre tellement sanglante qu’elle connue plusieurs titres les plus évocatrices les unes que les autres : décennie noiredécennie du terrorismeannées de plombannées de braise.

Le pays connu alors un traumatisme profond malgré la victoire contre les groupuscules armés. Et aujourd’hui, le pays se considère encore en guerre, et pas une semaine ne passe sans que l’ANP ne neutralise des terroristes ou qu’elle enregistre des redditions de terroristes. Avec le rétablissement progressif d’un ordre sécuritaire normal, beaucoup de bandits prirent la poudre d’escampette, et au début des années 2000, le nord malien était devenu le nouveau territoire où ils pouvaient remettre en scelle leur projet d’Etat Islamique. La suite est connue. Des connexions entre groupes extrémistes armés et rebelles touareg ont vu le jour.

La posture officielle de l’Algérie face aux différentes rébellions malienne et à la crise de 2012 a toujours été la solution politique négociée. Et ce n’est pas pure humanisme. D’abord, parce que tant que le Mali ne combat pas les bandes armées, les terroristes algériens n’auront pas l’idée de retourner vers la mère patrie algérienne. Et ensuite, parce que l’Algérie fait face, elle aussi, en quelque sorte à sa propre rébellion, celle de la Kabylie. Nombres de Kabyles se réclament ouvertement berbère, rejette l’arabité, et exige une autodétermination de leur territoire, voire même son indépendance. Donc, pour Alger, le fait que le Mali négocie avec ses rebelles, c’est aussi se protéger des siens. Alger qui chapeaute les processus de paix au Mali, c’est juste une pure démarche de géopolitique, rien de plus. La logique voudrait que l’Algérie encourage le Mali à combattre les terroristes comme elle l’a fait.

L’Algérie aurait annexé des centaines de kilomètres carré dans le cercle de Tessalit, non loin de la frontière algérienne d’In Halid, le 23 septembre dernier. Est-ce pour sécuriser les gisements d’hydrocarbures qui continuent sur le territoire malien ? Ou s’agit-il tout simplement d’une intox ?

Ahmed M. Thiam

NORD DU MALI :

Comment éviter que l’or ne serve au financement du terrorisme?

 

Comme on peut aisément le constater, le terrorisme est un business bien lucratif pour certains qui n’hésitent pas à le financer via des sociétés de transfert d’argent ou des ONG. Pendant que des centaines de personnes en meurent,  le terrorisme constitue une échelle d’ascension sociale et économique pour une catégorie d’acteurs qui ont tout intérêt à ce que les attaques ne prennent jamais fin.  Le ver est bien dans le fruit. Il faut impérativement l’en extirper.

Les spécialistes  dénombrent quatre principaux mécanismes de financement du terrorisme. Le financement du terrorisme par le commerce et d’autres activités lucratives. Le financement du terrorisme par le biais des ONG, des organisations caritatives, et des prélèvements. Le financement du terrorisme par la contrebande d’armes, de biens et de devises par les passeurs de fonds. Et le financement du terrorisme par le trafic de drogue.

Aujourd’hui, les terroristes lèvent des fonds par des entreprises commerciales légitimes, des organisations à but non lucratif, l’exploitation de ressources naturelles, les dons, le financement participatif et le produit des activités criminelles comme l’enlèvement contre rançon, l’extorsion, le commerce illicite et le trafic des biens culturels, la traite d’êtres humains, le trafic de drogues ou encore le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.

Ils déplacent et transfèrent des fonds grâce notamment à des sociétés écrans, à des passeurs ou encore aux nouveaux moyens de paiement tels que les cartes prépayées, les paiements mobiles ou les actifs virtuels.  Selon International Crisis Group (ICG), les terroristes roulent sur l’or au Sahel.  En effet ces groupes armés s’emparent depuis 2016, de sites d’orpaillage dans des zones où l’Etat est faible ou absent.

Leur convoitise est attisée par le boom du secteur aurifère artisanal depuis la découverte en 2012 d’un filon saharien. En plus du Mali, le Burkina Faso et le Niger sont  en proie à des attaques terroristes quotidiennes. Les groupes  terroristes cherchent à asphyxier économiquement les pays du Sahel. Et comme en guerre, tous les moyens sont bons, ils tentent de faire main basse sur les mines d’or afin de se faire une santé financière et militaire. C’est ce qui explique la multiplication des attaques dans les zones aurifères aussi bien au Mali qu’au Burkina et au Niger. En plus d’être des  sources de revenus, les sites aurifères constituent, pour les terroristes, un terrain propice au recrutement et à la formation, en l’occurrence le maniement des explosifs…

Du nitrate d’ammonium, un composant utilisé sur les exploitations aurifères dans le Nord, a ainsi été retrouvé dans des engins explosifs improvisés (IED) utilisés lors d’attaques dans la région. Les mines peuvent aussi servir de cache d’armes, de lieu de prêche et de recrutement. Les groupes terroristes savent instrumentaliser la colère et les frustrations de certains orpailleurs qui peuvent se sentir exclus par la gouvernance des sociétés industrielles.

Depuis plus d’une décennie, l’or est devenu le premier produit d’exportation du Mali. Le pays est le 3ème plus grand producteur continental après l’Afrique du Sud, et le Ghana. Au cours des deux dernières années, la production d’or du Mali s’est accrue. Le secteur a participé à plusieurs centaines de milliards de FCFA de contribution directe au budget de l’Etat entre 2008 et 2015.

Dans les zones aurifères marquées par l’insécurité, le Mali et les autres Etats du Sahel devraient soit déployer leurs forces de sécurité à proximité des sites, soit formaliser le rôle des acteurs locaux non étatiques en matière de sécurité des espaces miniers et mieux les encadrer.

Ils devraient encourager la formalisation des activités aurifères, notamment en délivrant des permis d’orpaillage et en mettant en place des comptoirs aurifères.  Ces permis permettront de savoir qui fait quoi dans ces régions  pour éviter que des filières entières ne tombent sous le contrôle des groupes terroristes. Le Mali doit en outre veiller aux arbitrages entre les mines industrielles, souvent exploitées par de grandes compagnies, et les mines artisanales,  ce, afin de ne pas créer un sentiment de dépossession parmi les populations concernées.

Une autre mesure consistera à travailler avec le secteur privé, en particulier l’industrie du numérique. Il s’agit clairement de favoriser une coopération plus étroite des principales plateformes internet et des principaux réseaux sociaux, avec les cellules de renseignement financier, les services de police et de justice, de renseignement et d’enquête, pour lutter contre le financement du terrorisme et les contenus terroristes sur internet.

Si les terroristes rivalisent d’ingéniosité, les États doivent toujours rester maitres de l’agenda et avoir constamment des longueurs d’avance.

Mahamadou YATTARA