La cheffe de la diplomatie allemande est au Mali. Une visite pour prendre le pouls de la situation sur place au moment où l’UE décide de mettre un terme à sa mission de formation, l’EUTM.
« Le gouvernement de Bamako a perdu la confiance de la communauté internationale au cours des derniers mois, notamment en retardant la transition démocratique et en intensifiant la coopération militaire avec Moscou », avait affirmé Annalena Baerbock dans une déclaration écrite avant même de s’envoler pour Bamako. La cheffe de la diplomatie allemande avait ajouté que, dans ce contexte, l’Allemagne devait remettre en question son engagement dans la région du Sahel.
Tête-à-tête Baerbock-Goïta
Annalena Baerbock rencontre ce mercredi (13.04) Assimi Goïta. La cheffe de la diplomatie allemande s’est rendue mardi à Gao, pour rendre visite aux troupes allemandes. L’objectif de ce voyage au Mali, puis au Niger jusqu’à samedi, est de récolter des éléments afin de redéfinir l’engagement allemand dans le Sahel, surtout après le retrait des troupes françaises du Mali. « Dans ce pays incroyablement grand qu’est le Mali, ce ne sont pas seulement les crises existantes qui s’accumulent, comme la menace terroriste, les effets de la crise climatique, les manquements en matière d’État de droit, de démocratie et de droits de l’homme, ou l’explosion des prix des denrées alimentaires.
Il y a aussi l’impact de la guerre menée par la Russie, qui se manifeste déjà à travers les combattants de Wagner qui sont intervenus ici. En se penchant sur les crimes commis dans le village [de Moura], nous reconnaissons des schémas similaires aux crimes commis par la Russie, en Ukraine. C’est pourquoi il est si important que nous, la communauté internationale, relevions tous ces défis dans les mois à venir, même si la situation est difficile ici au Mali », a déclaré la cheffe de la diplomatie allemande.
Les regards tournés vers le Niger
Au Niger, des soldats allemands sont déjà déployés au sein de la mission Gazelle et forment depuis 2018 des forces spéciales.
« Le mode opératoire des djihadistes on l’a vu les dernières semaines dans les régions de Ménaka, la région transfrontalière avec le Niger. Si ces forces militaires se repositionnent au Niger, cela ne résoudra pas le problème.
Il faudra une lutte qui ne tienne pas compte des frontières. Puisque les djihadistes n’en tiennent pas compte non plus. Donc ce projet (Gazelle) se passe effectivement au Niger, mais c’est étroitement lié à la mission à Gao et une présence à Bamako. Donc rien que sur le plan logistique, les points Niger, Gao, Bamako jusqu’à Dakar sont étroitement liés. Donc un retrait de Gao entrainera moins d’efficacité pour la mission Gazelle au Niger » explique à la DW Marcel Maiga membre du comité de pilotage de Fokus Sahel, un réseau d’ONG qui opèrent dans les pays du Sahel.
Violences armées
Depuis 2012 les violences de groupes jihadistes et de milices ont fait des milliers de morts et de déplacés au Mali. Les attaques terroristes se sont étendues aux autres pays notamment le Niger et le Burkina Faso. Désormais ce sont les pays côtiers de la région qui sont de plus en plus menacés. Pour Daniel Djedouboum, chargé de Programmes Section Afrique au sein de l’organisation EIRENE qui œuvre pour des actions de paix et la gestion non violente des conflits « l’intervention militaire seule ne peut pas résoudre le problème ». Selon lui, l’efficacité de la lutte implique une action combinée.
« L’intervention militaire a été sollicitée au moment où il n’y avait pas d’autre solution. Il faut associer d’autres aspects. Il faut des actions de développement, des actions de gestion non violente des conflits » précise t-il à la DW.
Selon Marcel Maiga de Fokus Sahel, à moyen et long terme, il est vrai que seul le développement peut régler les problèmes du Sahel mais, il rappelle que l’on est actuellement dans une situation où le développement ne peut pas se faire sans la sécurité.
Carole Assignon
Source: dw.com