Sur convocation du président par intérim de l’Assemblée nationale, Younoussi Touré (il était le 1er vice-président), les élus de la nation ont voté hier deux projets de résolution.
Après la conquête des trois régions septentrionales, les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) s’étaient empressés de proclamer l’indépendance de la fantomatique République de l’Azawad par voie de presse. Il n’en fallait pas plus pour provoquer le courroux de la communauté internationale, qui a immédiatement condamné cette fanfaronnade. De l’Afrique à l’Occident en passant par les soutiens même du MNLA (la France et la Mauritanie), la condamnation a été unanime. Le Parlement malien ne pouvait qu’emboiter le pas de la communauté internationale : en condamnant à son tour ces manœuvres sécessionnistes des bandits armés.
Hier dans la salle Modibo Kéita, les 121 députés présents ont voté pour la résolution condamnant la République de l’Azawad. La plupart des députés ont expliqué, dans leur intervention, que l’Azawad n’est en réalité qu’une petite vallée vers Andéraboucane. Ils ont dit que cette zone a hérité de cette appellation depuis la nuit des temps et que personne n’a imaginé qu’elle était égale à une République.
Les députés ont aussi attiré l’attention de la communauté internationale sur le fait qu’une minorité de Touaregs ne peut pas imposer une République à la majorité des populations du Nord du Mali, composées d’Arabes, de Bambara, Peuls, Bozos, Songhaïs, Tamasheqs, etc.
L’autre projet de résolution adopté par les honorables députés concerne la condamnation ferme des arrestations faites par le Comité national de redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) de personnalités militaires et civiles. Il y a trois jours, la junte a procédé à une vague d’arrestations de personnalités. Elles sont détenues présentement à Kati.
Il s’agit du parrain de l’Union pour la République et la démocratie (URD), Soumaïla Clissé, Modibo Sidibé, ancien Premier ministre et candidat à la prochaine présidentielle, l’ancien ministre de la Défense et des Anciens combattants (le général Sadio Gassama), le chef d’état-major particulier de l’ex-président ATT (le général Hamidou Sissoko dit Man), le directeur général de la police nationale (l’inspecteur général Mahamadou Diagouraga), le gestionnaire des investissements libyens en Afrique de l’Ouest (Bani Kanté), le directeur général de l’Ecole de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye (le général Souleymane Yacouba Sidibé dit Bebel), l’ex-directeur général de la protection civile (le colonel Mamadou Traoré), le colonel-major Broulaye Koné, ex-chef d’Etat-major de la garde nationale.
A ceux-ci s’ajoutent l’honorable Me Kassoum Tapo, et le PDG de la BMS, Babaly Bah, qui ont été arrêtés le mercredi. Il faut préciser que l’honorable Ibrahima Dianessy, a été arrêté au même moment, mais lui et Babaly Bah ont été libérés quelques heures plus tard.
Voté avec les mêmes résultats que le précédent, ce projet de résolution a vu les députés, au cours des débats, s’emporter violemment sur ces arrestations, jugées arbitraires. Ils ont montré leur stupéfaction face à cette escalade de violence au moment où les uns et les autres croyaient au retour d’un climat serein.
Les élus de la nation ne comprennent pas la raison pour laquelle la junte se permet de tels coups de force alors que la situation exige la concession de la part de toutes les forces vives de la nation, comme indiqué lors des concertations de Ouagadougou la semaine dernière. Le député US-RDA, élu à Tombouctou, Baba Haïdara, est allé jusqu’à proposer que tout le parlement se rende sur le champ à Kati pour se faire embastiller comme les autres prisonniers. Pour lui, « soit la junte libère tous les prisonniers politiques ou c’est l’ensemble du Parlement qui va s’imposer la prison ». A l’unanimité, Younoussi Touré et les siens ont appelé à la libération immédiate et sans condition de tous les détenus politiques de Kati.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Du Renouveau 20/04/2012