Abdoulaye Sall est l’un des rares ministres du gouvernement sortant à ne pas être interpellé après les événements du 22 mars. Quelques jours après la chute du régime, il n’a pas attendu pour reprendre son combat de militant de la société civile dans le cadre du renforcement de la démocratie et de la citoyenneté.
Avec le Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie, « Cri-2002 » (dont il est le président), l’ancien ministre des relations avec Institutions a fait plusieurs sorties dans la presse, dont la « Grande interview » accordée à la chaîne de télévision « Africable » sur les solutions de sortie de crise. Le document de solution à la crise, adopté à l’issue de sa rencontre avec les chefs et autorités traditionnelles de Bamako, reste d’actualité pour la réussite de la transition.
Les « exilés »
Le Sénégal voisin est décidemment l’un des pays les plus convoités par les anciens du régime déchu. Alors que l’ancien président Amadou Toumani Touré s’y est rendu avant de continuer sur la France, trois membres de son gouvernement profitent du soleil au bord de la mer à Dakar. Il s’agit notamment d’Ahmed Diane Séméga (ancien ministre de l’Equipement et des Transports), Hamane Niang, ex-patron du département de la Culture, et Mohamed El Moctar, ex-ministre de l’Artisanat et du Tourisme.
Le premier a fui Bamako depuis le déclenchement de la mutinerie du 21 mars ayant abouti à la chute de son mentor Amadou Toumani Touré. Le second, lui, avait été interpelé par la junte. Après sa libération avec d’autres ministres et personnalités politiques, il s’est réfugié à Dakar, où l’ex-ministre a une bonne partie de famille.
Quant à El Moctar, lui aussi victime de la vague d’interpellations par la junte, il a décidé de prendre son temps repos à Dakar. Avec ses deux camarades politiques du PDES (parti pro-ATT), ils évoqueront sans doute les vieux bons souvenirs de l’ère ATT.
Les « toujours actifs »
Dans le gouvernement sortant, ils sont beaucoup à ne pas sortir de Bamako. Et ils n’ont attendu longtemps pour reprendre leurs activités politiques dans leurs différents partis. C’est le cas de Modibo Kadjoké (ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle et membre du comité directeur du Cnid), Bocary Téréta (ancien chef du département de l’Elevage et de la Pêche, responsable du bureau politique national du RPM), Djiguiba Kéita dit « PPR », ex-chef du département de la Jeunesse et des Sports et secrétaire général du comité directeur du Parena, Tiémoko Sangaré (ancien ministre de l’environnement, membre du Comité exécutif de l’Adéma/PASJ).
Quant à Salikou Sanogo, précédemment ministre de l’Alphabétisation et des Langues nationales, il préside régulièrement les réunions du bureau de l’URD en sa qualité de 6e vice-président.
David Sagara, lui, après avoir disparu les premiers jours de l’après coup d’Etat, a repris du service dans son parti (Codem) où il participe régulièrement aux réunions hebdomadaires et autres consultations du parti. « Mon ministre va bien. Il est à la retraite technique », nous a récemment confié un de ses anciens proches au ministère délégué chargé de la décentralisation.
S’agissant de l’ancien ministre de l’agriculture, Agatham Ag Alassane (ancien baron de la rébellion de 1990), il a fuit avec sa famille pour, disent ses proches, des raisons de sécurité.
Soumeylou Boubèye Maïga (précédemment chef de la diplomatie malienne), est un obsédé de la politique. On comprend ainsi sa présence au devant de la scène politique (dans les rangs de l’Adéma) juste après sa libération par la junte. Après avoir participé à plusieurs meetings du Coren (Collectif des ressortissants du Nord, dont il est membre), il rentre d’une visite en France où il a donné une interview à RFI dans une édition d’ »Afrique matin » sur la crise politique du pays.
Les « profils bas »
Deux ministres sont restés particulièrement discret depuis leur libération par la junte. Il s’agit des généraux Sadio Gassama et Kafougouna Koné (respectivement anciens ministres de la Défense et de l’Administration territoriale). Leurs proches nous confient qu’ »ils se reposent chez eux ». Le premier est d’ailleurs en convalescence après la blessure subie au cours de l’altercation avec les soldats à Kati dans la matinée du 21 mars. Le second, à la retraire bien avant le coup d’Etat, s’offre un repos bien mérité après avoir été victime de deux interpellations par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo.
Le gouvernement Mariam Kaïdama Sidibé, c’est aussi des anciens ministres introuvables depuis le coup d’Etat du 22 mars. C’est le cas par exemple des ministres de la Fonction publique, de la Justice, garde des Sceaux et celui de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, respectivement Abdoul Wahab Berthé, Maharafa Traoré et de Natié Pléah.
Aux premières heures du coup d’Etat, on disait que les deux derniers ont quitté Bamako avec leurs familles. C’est ainsi qu’ils ont échappé aux séries d’interpellations par la junte. A ce jour, leurs proches refusent tout commentaire à leur sujet.
Issa Fakaba Sissoko
L’ Indicateur Du Renouveau 07/06/2012