Interrogée mardi dernier sur la guerre libyenne, l’ancienne ministre de la Culture a été formelle : « Je suis profondément choquée de constater la froideur avec laquelle on peut larguer des bombes sur un pays, de détruire les recettes des populations parce qu’ils sont contre le pouvoir en place ». « L’Irak est désormais à nos portes, et nous devons tirer le maximum d’enseignements de ce qui se passe en ce moment. Ils sont (les pays de la coalition) aujourd’hui en train de se concerter à Londres sur ce que sera l’après-Kadhafi » a –t-elle déploré. Elle ajoute ne « jamais avoir confiance en cette Communauté internationale. Elle porte aujourd’hui son vrai nom : c’est en réalité une Coalition internationale contre des peuples comme le nôtre »… « Ils agissent (les occidentaux) au nom de la démocratie.
Mais qu’est-ce que c’est que la démocratie en fait ? Parce qu’ils n’ont jamais été démocrates. Ces Occidentaux ne sont pas des démocrates, ce sont des prédateurs. Il faut qu’on arrête de nous parler de démocratie », a-t-elle protesté. Avant d’ajouter que leur prétention de protéger les populations civiles n’est que pur mensonge. Ce sont leurs intérêts économiques qui les préoccupent » a ajouté Mme Aminata Dramane Traoré. Avant d’exiger l’arrêt immédiat des bombardements. Car, explique-t-elle, « il s’agit d’une agression barbare contre le peuple libyen ». « Mais ils ne s’arrêteront que lorsqu’ils auront ce qu’ils veulent : c’est-à-dire détruire toutes les infrastructures, tout ce que ce pays a réalisé. Et de faire partir Kadhafi. C’est une occasion pour tous les autres peuples d’ouvrir grandement les yeux.
Déjà, nous sommes à un tournant grave de l’évolution du monde. Ils refusent d’admettre que leur modèle ne soit pas accepté par les populations. Car, contraire à nos valeurs de société. C’est pour cela qu’ils instrumentalisent la colère des peuples pour faire partir les dirigeants dont on ne veut plus. Tout le monde l’a vu, alors qu’on tue en Libye, de l’autre côté, dans les pays amis, on laisse faire… », a regretté l’ancienne ministre de la Culture pour qui « les peuples africains doivent se réveiller face à cette agression d’une autre époque ».
Issa Fakaba SISSOKO
L’ Indicateur Renouveau 31/03/2011