Une dernière nouvelle le concernant court les rues de Paris et le salons feutrés de Bamako: le Premier ministre, Diango Cissoko, a fait recruter à l’Ambassade du Mali à Paris, sa fille, Aminata Cissoko, qui y réside depuis plusieurs années auprès de sa mère, malade de longue date.
Diango Cissoko a donc choisi la période où toute l’opinion nationale est concentrée sur les candidats pour jouer au népotisme et au favoritisme, en recrutant illégalement sa fille en qualité de diplomate. Ce n’est pas tout. Une semaine auparavant, il a fait passer en Conseil de ministre la nomination de la belle-mère de l’un de ses fils.
Il s’agit de Mme Thiam Aya Diallo, économiste, non moins femme de l’ancien ministre Ousmane Thiam, actuellement Conseiller du même Diango Cissoko à la Primature. Mme Thiam est désormais l’Ambassadeur du Mali en Suisse et auprès des organisations internationales à Genève. Cette femme, à la gestion plus que controversée aux Aéroports du Mali, a été chassée par le personnel, qu’elle regardait de haut et pour lequel elle n’avait aucune considération.
A cette dernière affaire de partialité viennent s’ajouter une série d’autres dont votre journal s’est déjà fait l’écho. On notera celle de l’annulation du marché des véhicules de l’armée dans des conditions jusque-là obscures. En outre, Diango s’est aussi illustré dans le feuilleton de l’achat de gré à gré des véhicules chez CFAO Motors, en violation des règles de passation des marchés publics.
Cette opération, rappelons-le, avait été négociée par entente directe entre CFAO Motors et le gouvernement du Mali, pour la fourniture de véhicules au compte de la Présidence de la République (12), de la Primature (22) et de la déjà très fameuse Commission Dialogue et Réconciliation (21). Le montant total avait été estimé à 2 213 400 000 FCFA TTC. La valeur unitaire des véhicules variait entre 85,7 millions (Toyota Land Cruiser VDJ 200 VX), et 23,2millions (Toyota Hillux DC).
«Trop gros pour être attribué de gré à gré» avaient estimé certains concessionnaires. De plus, plusieurs voix s’étaient élevées pour souligner «qu’il n’existait aucune urgence qui pouvait justifier un marché par entente directe et que l’Etat y gagnerait, au point de vue prix, s’il passait par un Avis d’appel d’offres».
Quelques semaines plus tard, le Premier ministre s’est attaqué à un autre «dossier impossible»: le Projet de réseau de sécurité du Mali. Ici, ce qu’il faut savoir, c’est que la banque chinoise EXIM Bank, en collusion avec Diango Cissoko, voulait nous imposer un prêt de 320 millions de Yuans RMB, soit plus de 27 milliards de FCFA, sur une durée de 20 ans, y compris une période de grâce de 5 ans, dans un domaine pris déjà en compte par le Mali.
Mi-juin, il était question de faire le point de l’exécution de la chronologie, jugée «impérative» par le Premier ministre, Diango Cissoko. Celui-ci s’est rendu compte que son ministre des Finances, qui avait déjà rejeté le projet, sur la base des conclusions de ses techniciens, n’avait pas respecté ses instructions, qui juraient avec les intérêts de l’Etat. Rapidement, il a demandé, et obtenu, de Dioncounda Traoré un réaménagement ministériel, pour pouvoir faire passer son dossier. Seule la note technique interne du FMI a semblé pouvoir freiner les ambitions voraces du PM.
Un autre feuilleton, dont on se souvient certainement de la mise en scène ratée, fut celui de l’octroi de la troisième licence de téléphonie mobile. Après avoir longtemps gardé le silence sur cette affaire, le gouvernement a finalement décidé d’envoyer, le 13 juin dernier, trois ministres au charbon, pour dire «le processus d’attribution de la 3ème licence s’est déroulé dans les règles de l’art». En fait aucun élément nouveau, pouvant étayer sa bonne foi et la transparence, n’a été apporté ce jour-là.
Aujourd’hui encore, des zones d’ombre subsistent autour du choix de Planor Afrique, membre du même groupement que Koïra Télécom, dont l’offre initiale avait été cassée pour défaillance. L’offre qui avait été refusée au Groupement a été servie sur un plateau d’argent à un élément du même groupement (Planor Afrique), entré cette fois par la fenêtre. Très habile non?
Décidément, Diango n’a peur de rien et se fout de tout, pourvu que lui et sa famille ait leur part. A suivre.
Chahana Takiou et Paul Mben
L’indicateur Renouveau 2013-07-15 08:08:34