Bien qu’étant un leader politique à avoir collaboré avec les deux précédents régimes, à savoir celui d’ATT et le régime d’IBK, le Premier ministre Choguel Kokala Maïga avait réussi un moment à redorer son blason. D’abord il est resté constant tout au long du combat contre le régime IBK. Président du Comité stratégique du M5 RFP, le Mouvement insurrectionnel qui est venu à bout du régime IBK, Choguel K Maïga avait montré au peuple malien un autre visage celui d’un homme qui s’est repenti et qui est engagé pour la cause de son peuple. En effet, l’actuel premier Ministre qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il a quand bien même tenu la dragée haute sans fléchir jusqu’au coup de force du 18 Aout 2020. En froid avec les auteurs du putsch pour leur volteface vis à vis du M5 RFP, Choguel K Maïga a fait feu de tous bois en traitant les militaires d’officiers félons et en rejetant toutes les institutions mise en place par eux, à savoir le CNT, le Gouvernement et même le Président de la transition. Il les a qualifié d’institutions illégales et illégitimes. Il a fallu qu’il soit nommé PM pour reconnaitre de façon tacite leur légalité et leur légitimité.
Ainsi s’ouvre une nouvelle page du parcours de l’un des hommes politiques qui a été le témoin oculaire de toutes les péripéties de la marche vers la démocratie et le progrès du pays pendant les 40 dernières années. En effet, après sa nomination au poste de premier ministre il a séduit et convaincu plus d’un malien par son discours désormais historique, tenu à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York. Ce discours a été applaudi, non pas pour la richesse de son contenu, mais pour le courage et la détermination de ses auteurs qui sont désormais dans la posture d’affirmer la souveraineté, non pas factice, mais réelle de leur pays. Choguel y a dénoncé les pratiques néocoloniales de la France et surtout son machiavélique projet de partition du Mali. Après ce discours, une longue série des diatribes vexatoires s’en est suivie jusqu’à l’expulsion de l’Ambassadeur français et le retrait des troupes Barkhanes du territoire malien.
Cette seconde phase a permis au Premier Ministre Choguel K Maïga de se faire non seulement une nouvelle santé politique, mais aussi et surtout à être l’un des hommes politiques les plus populaires. Après ces quelques coups d’éclats ; patatras, hormis la montée en puissance des Forces Armées Maliennes ; les choses n’ont guère véritablement bougé. La lutte contre la corruption a été renvoyée aux calendes grecques ; la bonne gouvernance scandée Urbi et Orbi est devenue un slogan creux, l’inclusivité tant souhaitée s’est transformée en véritables dissensions entre les acteurs politiques. Les réformes tant attendues se sont mues en statu quo ante. Comme si tous ceux-ci ne suffisaient pas le peuple subit l’une des crises les plus gravissimes, consécutive aux sanctions imposées par la CEDEAO. Ainsi, au lieu de parer au plus pressé en cherchant à alléger les souffrances du peuple, le PM continue d’adopter une posture guerrière en entretenant la crise.
C’est cette troisième phase qui risque d’être fatale au PM, qui semble être désormais abandonné par les siens, à savoir les leaders du M5 RFP. Il serait également en froid avec le Président de la transition Assimi Goïta, qui lui reprocherait sans nul doute cette incapacité à rassembler les forces vives du pays et surtout le manque de stratégies fiables pour convaincre la CEDEAO à lever les sanctions et les partenaires et toute la communauté internationale à soutenir et accompagner la transition malienne. Au regard de ce qui précède, ne pourrait-on pas affirmer sans risque de se tromper que les jours du PM sont désormais comptés à la primature. Wait and See
Youssouf Sissoko