C’est un véritable tour de force qu’a réussi Alpha Condé. Distancié de 25 points par son adversaire au premier tour, il a renversé la vapeur et remporte 52,52% des suffrages au second tour. Alpha Condé double celui qui, il y a quatre mois, faisait figure de grand favori, Cellou Dalein Diallo.
Il est vrai qu’entre les deux tours, il s’est écoulé quatre mois. Quatre mois durant lesquels les conditions ont changé. Alpha Condé s’est battu bec et ongles pour obtenir une commission électorale plus efficace et plus transparente qu’au premier tour.
Sur le plan politique, Alpha Condé a mis sur pied une alliance avec seize candidats battus au premier tour. Une alliance qui lui a permis de remporter les suffrages dans trois des quatre régions naturelles du pays et dans quatre des cinq communes de Conakry.
Alpha Condé a isolé politiquement son adversaire, en jouant parfois avec le dangereux réflexe communautaire. Cellou Dalein Diallo, quant à lui, a du mal à digérer la défaite et accuse Alpha Condé de fraude et d’irrégularités. Il s’estime lésé et va demander à la Cour suprême d’examiner ses recours.
Condamné à mort par contumace sous Sekou Touré, emprisonné vingt mois sous Lansana Conté, Alpha Condé touche le but qu’il s’était fixé il y a quarante ans en entrant en politique. A près de 73 ans, et trois scrutins présidentiels, l’opposant de toujours a réussi le tour de force de remporter la première élection présidentielle démocratique de son pays.
La tension était si vive ces derniers jours à Conakry qu’elle a éclaté ce lundi 15 novembre 2010 dans les fiefs de Cellou Dalein Diallo dans la capitale mais aussi dans plusieurs villes de province. Une personne a été tuée par les forces de l’ordre, 65 autres ont été blessées.
Dans le camp Alpha Condé, on n’ignore pas que ces divisions laissent planer de sérieux doutes sur la stabilité de la Guinée. Lundi soir, le porte-parole de l’alliance Arc-en-ciel, François Fall, avait la victoire modeste et appelait les Guinéens au calme.
La communauté internationale, qui a salué la qualité du scrutin, appelle les candidats à respecter le verdict des urnes.
Par RFI15/11/2010