Le rapport d’enquête sur les violations de l’accord pour la paix et la réconciliation divise encore au sein des groupes signataires. Almou Ag Mohamed de la CMA décèle même de confusion qui change le bien-fondé de la mission.
Dans une interview accordée au site « l’expressdumali.com« , l’ancien porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), cadre du Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA) et membre du Comité de suivi de l’accord (CSA) sort de sa réserve et attaque les conclusions des experts du Conseil de sécurité de Nations unies.
Selon lui, le rapport en question contient des impaires. Même si au passage, son organisation, la CMA félicite le groupe d’experts pour la qualité du travail fourni en un temps record, il souhaite qu’il puisse être un outil à hauteur d’espoir pour faire avancer le processus de mise en œuvre intégrale de l’Accord.
« Convenons ensemble que les contraintes du temps imparti, l’immensité de la zone à couvrir, le nombre et la diversité des courants antagonistes qui traversent l’espace concerné sont autant de facteurs qui impactent nécessairement sur la qualité du travail produit par le panel d’experts. Nous regrettons cependant que le rapport s’est globalement appesanti sur les conséquences de la non mise en œuvre de l’accord au lieu d’explorer et identifier les véritables causes de blocage notamment les questions politico-institutionnelles, de sécurité et de développement », observe-t-il avec réserve.
Suivant ses propos, il y a beaucoup à redire sur le travail des experts de l’ONU. « Ce rapport regorge d’incohérences, malentendus, approximations et allégations propres à créer la confusion et altérer le bien-fondé de la mission », a-t-il laissé entendre.
Cas typique d’Algabass
Par exemple, explique-t-il, « la visite d’Algabass Ag Intalla, secrétaire général du HCUA, dans la région de Ménaka a fait l’objet d’une lecture partisane et biaisée. « Cette visite s’inscrivait simplement dans un large programme élaboré par la CMA relatif aux besoins de restitution périodiques de l’avancement du processus de paix, de prise de contact avec nos bases, de sensibilisation des populations pour une meilleure appropriation de l’accord et surtout rehausser la confiance presque émoussée des populations du fait des retards cumulés quant à sa mise en œuvre ».
Dans le rapport, le nom du maire de Talataye, Salah Ag Ahmed, est cité avec insistance comme étant agent de liaison de l’EIGS. A en croire Almou Ag Mohamed, ce dernier est membre du HCUA résidant à Kidal depuis 2013. « Il importe de signaler que Salah Ag Ahmed a été chargé le 17 novembre 2017 par la CMA de préparer la visite du secrétaire général du HCUA dans son fief d’origine. Son adhésion au HCUA et celle récente de nombreux notables également cités, issus de son clan sont à l’origine de cette stigmatisation calomnieuse, de dénonciation abusive et de règlements de compte directs et indirects qui anime certains esprits revanchards », a-t-il précisé.
Que peut-on retenir du contenu du rapport des experts du Conseil de sécurité des Nations unies ? Assurément, certains groupes signataires à l’image du MNLA et du MSA n’ont pas fait l’objet de récriminations. Y a-t-il un traitement de faveur des signataires de l’accord au sein de la communauté internationale ?
Le moins que l’on peut constater, c’est que nombre d’acteurs du processus de paix conteste en grande partie les conclusions des experts de l’ONU.
- M. C.