le Président de l’Assemblée Nationale,
Délégués des Gouvernements et des institutions internationales,
Messieurs les Ambassadeurs ou Représentants des missions ou institutions internationales,
Camarades des partis frères et amis de la sous-région,
Distingués représentants de la société civile,
Mesdames et Messieurs les journalistes,
J’adresse à tous les salutations chaleureuses du PARENA et l’expression de notre profonde gratitude : ceux qui sont venus de loin comme ceux qui sont de l’intérieur du pays.
Merci à tous d’être venus au chevet du Sahel pour apporter notre modeste contribution au « protocole médical » destiné à soigner les maux qui minent notre espace commun qui, il n’y a pas longtemps, réservait la quiétude et une généreuse hospitalité aussi bien à ses habitants qu’à ceux qui venaient de loin nous rendre visite pour admirer la beauté de nos contrées.
Outre les menaces de grave famine qui pèsent sur la région, le Sahel est, aujourd’hui, la principale victime de l’accélération de l’Histoire dans le monde arabe, la principale victime des dégâts collatéraux de la crise libyenne. Le fardeau est devenu pesant, lourd, trop lourd….
Notre sous-région subit depuis six mois la forte demande de centaines de milliers de migrants chassés par la guerre, mais aussi d’un nombre indéterminé de combattants revenus avec leurs armes comme seule viatique assombrissant nos perspectives qui n’étaient déjà pas reluisantes.
Mais ayons le courage de reconnaître que le Sahel est aussi malade des décisions non prises quand il le fallait, des complaisances multiples, de renoncements et de l’accumulation des problèmes non gérés qui nous rattrapent.
Les activités d’AQMI, les rapts d’étrangers libérés contre rançon, le trafic d’armes et de drogue sont, entre autres, les fléaux qui gangrenaient le Sahel.
Avec le trafic de cocaïne, des côtes latino-américaines à celles de l’Afrique, le Sahel est devenu une plaque tournante des cartels alliés aux mafias locales.
Entre 2004 et 2010, les chiffres les plus conservateurs estiment à 50 tonnes la quantité de cocaïne traitée qui aura transité par le Sahel. A 40 000 euros le kilo, (puisque c’est l’Occident la destination de cette marchandise), on parle d’une masse monétaire de 2 milliards d’euros soit 1300 milliards de francs CFA. Plus du budget annuel de plusieurs pays de la Cedeao.
C’est donc dire l’enjeu que représente aux yeux du crime organisé un espace Sahélo-saharien sous administré, mal surveillé, aux proportions gigantesques parce que couvrant à lui seul le quart de la superficie du continent africain.
Nous sommes conscients qu’il est difficile d’isoler des cartels et des khatibats des populations déjà fragilisées par les changements climatiques, l’insécurité alimentaire, la prolétarisation d’une jeunesse très souvent poussée à la délinquance par le chômage et hélas le cercle vicieux insécurité-manque de touristes- et plus d’insécurité résultant des restrictions sécuritaires prônées par les chancelleries occidentales, au nom du principe de précaution.
Cette rencontre pourrait être si nous le voulons, et nous devons le vouloir pour la paix commune et pour la sécurité globale celle d’un réexamen sans complaisance de tous les paramètres et de toutes les hypothèses.
Il nous faut, nous situant, dans la géopolitique des espaces, voir si le ventre mou de la sécurité collective ne se trouve pas moins dans le Sahel que dans le Maghreb où la bête est née et où les printemps arabes, sans dramatiser ce qui peut bien relever d’un repli identitaire, sont plus que jamais à suivre.
C’est ce Sahel-Sahara fortement agressé qui nous appelle à son chevet, chers camarades. Il est notre espace. Il est notre cadre de vie. Là où nos enfants sont appelés à grandir et à s’épanouir. La terre de nos aïeux. Notre terre. Qu’il nous appartient de reconquérir parce que, ne jouons pas sur les mots, à cause de nos défaillances politiques et économiques, à cause de l’hybridation des menaces, des ingérences étrangères et de nos propres atermoiements nous sommes en train de la perdre.
Il est temps de nous engager dans une nouvelle voie, dans une nouvelle façon de gérer les problèmes du Sahel : en impliquant les partis politiques, les élus, les leaders communautaires et la société civile dans la recherche de solutions durables.
Les types de gestion qui ont prévalu jusqu’ici, ont montré leurs limites. La situation était déjà grave. Elle est devenue plus complexe. Elle requiert que les institutions comme l’Assemblée Nationale et le Haut Conseil des Collectivités, les Députés, les conseillers communaux, les partis politiques, les leaders communautaires, la société civile soient impliqués dans la gestion des crises du Sahel.
Je vous remercie !
Le Républicain Mali 13/12/2011