Depuis le 25 juillet 2018, les deux syndicats de la magistrature au Mali (le Syndicat autonome de la magistrature (SAM) et le Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA)) sont en grève illimitée sur toute l’étendue du territoire national pour la sécurité physique et économique. Et cette grève ne va pas sans conséquence sur les droits des citoyens avec le dépassement du délai de la garde à vue occasionnant des détentions illégales. Ladite grève qui paralyse le bon fonctionnement de l’administration malienne continue ainsi de causer des désagréments. Pour décanter la situation, le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé et son staff ont rencontré les grévistes hier, jeudi 4 octobre 2018. Tout juste après cette rencontre, le Président du Syndicat autonome de la magistrature (SAM), Aliou Badra Nanacassé a bien voulu nous accorder une interview dans laquelle il précise que cela fait 72 jours qu’il n’y a pas eu de négociation entre eux et le gouvernement. « Nous continuons notre grève illimitée de plus belle jusqu’à la satisfaction de nos deux points de revendication. Aucune manœuvre dilatoire ne nous fera dévier de notre chemin…Le gouvernement cherche à nous diviser mais il échouera sur ce terrain», a-t-il dit. Lisez !
Le Républicain : Où en sommes-nous avec les négociations ?
Aliou Badra Nanacassé : Les négociations sont rompues depuis le déclenchement de la grève. Et cela fait 72 jours qu’on n’a pas pris langue avec le gouvernement. A la formation du nouveau gouvernement, le ministre Tiéna Coulibaly nous a rencontrés pour nous dire tout simplement de reprendre le service sans condition. On lui a répondu par écrit qu’on ne saurait reprendre le service sans condition après deux mois de débrayage. Donc, nous sommes en grève illimitée depuis le 25 juillet et la grève continue. Toutes les tentatives pour le gouvernement à chercher à saper le moral seront vaines. Celui qui prétend être le président du SAM, en réalité, il a été éjecté du comité directeur lors du congrès extraordinaire du février 2017. Et depuis lors, c’est moi qui assure l’intérim du président du SAM. La commission loi de l’Assemblée nationale a souhaité nous rencontrer pour mieux s’imprégner du problème et par courtoisie, on a accepté l’invitation, on est venu, on s’est expliqué et ils ont promis d’en faire autant du coté du gouvernement. Mais apparemment, ils n’ont pas boucler cette démarche. Entre temps, les religieux aussi ont demandé à nous rencontrer, c’était pour mieux s’informer et puis chercher à approcher les deux points de vue. Ils ont promis d’aller voir la partie gouvernementale aussi. Nous avons vu les images, mais ils ne sont pas revenus pour nous faire d’autres propositions. Ce matin même (Ndlr, jeudi 04 octobre 2018), on a reçu le chef de file de l’opposition et son staff qui sont venus s’imprégner des nouvelles. Dans la délégation, il y’ avait Soumaïla Cissé, Tiébilé Dramé, Me Demba Traoré, Racine Thiam. Toutes ces personnalités sont venues nous écouter. Comme on a pu recevoir aussi certains membres qui sont de la majorité présidentielle. On a reçu aussi les organisations faitières pour la réélection d’IBK. Nous tenons à préciser que notre porte est grandement ouverte à toute personne de bonne volonté qui souhaite s’enquérir de la situation et qui serait prête à jouer une partition pour la résolution de la crise.
Que va faire le syndicat maintenant ?
Nous continuons notre grève illimitée de plus belle jusqu’à la satisfaction de nos deux points de revendication qui sont le renforcement des mesures sécuritaires autour des juridictions et la relecture du statut de la magistrature avec la grille salariale qui a été discutée et acceptée par la partie gouvernementale. Ils ont accepté et se sont engagés par écrit, même si aujourd’hui, ils tentent de le renier, nous aussi, on ne cédera pas. Aucune manœuvre dilatoire ne nous fera dévier de ce chemin. On ne sera ni impressionné ni diverti par qui que ce soit. Le seul agenda qui vaille pour nous, c’est la satisfaction de nos doléances.
Au regard de la sortie médiatique le week-end dernier de Mohamed Chérif Koné qui se présente comme étant le président du SAM, qui cherche à vous diviser ?
Le gouvernement cherche à nous diviser mais il échouera sur ce terrain. Parce que nous nous avons l’entièreté de la situation en main et sur toute l’étendue du territoire nationale, si on essaye d’instrumentaliser un ou deux individus, ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Il serait mieux de nous approcher et se mettre d’accord avec nous.
Vous avez un message à lancer ?
Le gouvernement doit s’assumer et honoré ses engagements.
Propos recueillis par Aguibou Sogodogo
Le Républicain-Mali