Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, cible d’un mouvement de contestation inédit en 20 ans de pouvoir, a annoncé lundi qu’il ne briguerait pas un cinquième mandat, ouvrant la voie à une incertaine période de transition.
Des millions d’Algériens le réclamaient depuis des semaines. Le président Abdelaziz Bouteflika a finalement annoncé lundi qu’il ne briguerait pas un cinquième mandat à la tête du pays. L’annonce faite dans un message à la Nation publié par l’agence officielle a été saluée par un concert ininterrompu de klaxons dans le centre d’Alger. La joie a toutefois vite cédé la place au doute quand les Algériens ont commencé à se questionner sur les détails du plan proposé par Bouteflika, dont le mandat s’achève le 28 avril.
• Quand se tiendra la prochaine élection présidentielle?
L’élection présidentielle initialement prévue le 18 avril a été reportée sine die. Selon le message du chef de l’État, la prochaine présidentielle «aura lieu dans le prolongement de la Conférence nationale inclusive et indépendante (…), représentative de la société algérienne». C’est elle qui fixera la date de la prochaine présidentielle. L’entité «devra s’efforcer de compléter son mandat avant la fin de l’année 2019», promet vaguement le président algérien. En attendant, Bouteflika continuera donc à assumer ses fonctions.
• Quelle est cette «Conférence nationale inclusive et indépendante»?
L’organisme supervisera la transition, élaborant une nouvelle Constitution, une autre revendication des manifestants. Celle-ci sera ensuite soumise à référendum. La conférence sera «représentative de la société algérienne», s’est engagé le chef de l’État. Selon une source gouvernementale, elle réunira des représentants des manifestants et des vétérans de la guerre d’indépendance. L’ancien ministre des Affaires étrangères et ex-émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Lakhdar Brahimi, a été désigné mardi pour présider cette Conférence.
• Qui pour succéder à Abdelaziz Bouteflika?
Cette période de transition devrait plus spécialement servir au pouvoir pour s’assurer une succession. Dans une autre concession à la rue, Abdelaziz Bouteflika a annoncé le limogeage de son premier ministre, Ahmed Ouyahia, remplacé par Noureddine Bedoui, jusqu’ici ministre de l’Intérieur. Il est flanqué d’un vice-premier ministre, Ramtane Lamamra, nommé également ministre des Affaires étrangères, poste qu’il a déjà occupé de 2013 à 2017. Il occupait depuis mi-février un poste de conseiller spécial pour les affaires diplomatiques auprès de la présidence. Selon Reuters, il était alors déjà pressenti comme le possible successeur du président.
• Comment réagit l’opposition?
«La dernière ruse de Bouteflika», dénonçait en une ce mardi matin le quotidien El Watan . Le site TSA appelle aussi à la vigilance quand Ali Benflis, ancien premier ministre passé à l’opposition, s’alarme contre «une agression de la Constitution». «Le président Bouteflika se moque du peuple», tweete de son côté l’ancien ministre Abdelaziz Rahabi.«Son acharnement à rester au pouvoir va pousser le pays vers l’inconnu et est un danger pour la stabilité de l’État et l’unité du pays.» Une chose est sûre: ces annonces ne semblent pas avoir calmé la contestation. Mardi matin, plusieurs milliers d’étudiants algérois sont descendus dans la rue, et les appels à manifester vendredi prochain fleurissent sur les réseaux sociaux.
(Avec agences)
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