Le mouvement terroriste fait à nouveau parler de lui dans le nord du Mali. Le dernier communiqué de la nébuleuse terroriste se veut avant tout un message de relais avec Ben Laden, le grand parrain, mais comporte en plus une série d’avertissements à l’endroit de l’Union Africaine et du Président ATT, membre du Panel de chefs d’Etat et de Gouvernement chargé de négocier une solution pacifique à la crise libyenne.
En début de semaine, le mouvement terroriste Al Qaïda basé au nord de notre pays s’est encore rappelé au bon souvenir de tous par un communiqué adressé à la France dont il détient encore quatre ressortissants, réitérant sa demande de retrait des troupes françaises d’Afghanistan. Dans une vidéo destinée à Sarkozy, les terroristes donnent la parole à des otages terrorisés implorant la France de se retirer d’Afghanistan. Cette demande a été naturellement rejetée, la France répétant à qui veut l’entendre qu’elle ne laissera pas sa politique étrangère dictée par qui que ce soit, encore moins par un groupe terroriste. Il faut rappeler que sur les sept otages enlevés à Arlit (Niger) en septembre 2010, trois ont été libérés le 24 février dernier, parmi lesquels un Togolais et un Malgache. Mais le mouvement détient encore quatre prisonniers ressortissants français pour la libération desquels il réclame, en plus du retrait des troupes françaises d’Afghanistan, le paiement d’une rançon de 90 millions d’euros.
Le Gouvernement malien, pour sa part, a beau rassuré les voyageurs, la destination Mali ne fait plus recette et les mauvaises saisons touristiques se suivent et se ressemblent à Mopti et dans le Pays Dogon, la ligne rouge tracée par les Européens à leurs ressortissants se rapprochant chaque jour de Bamako. Et ce n’est pas pure campagne de désinformation et d’intoxication de la part de la France ou de tel autre pays, Al Qaïda est solidement implanté au nord de notre pays et se sent en territoire conquis et bien contrôlé.
D’ailleurs le message ne s’adresse pas seulement à la France, mais bien aux dirigeants maliens ainsi qu’à l’Union Africaine. A l’endroit de Ben Laden, autre destinataire de ce message, Al Qaïda a voulu dire deux choses : que les évènements en Libye n’ont en rien affecté sa solide implantation dans le Sahel africain, en particulier sa base arrière du Mali, et que son allégeance au Patron de la nébuleuse reste aussi inchangée.
A l’endroit du Mali et de ses dirigeants, Al Qaïda leur signifie qu’il contrôle bien le septentrion malien et ne court aucun risque d’en être délogé. Mieux encore, les islamistes réaffirment leur total opposition aux dirigeants africains, en l’occurrence le panel de chefs d’Etat chargé de négocier une issue pacifique à la crise libyenne et dont notre Président, Amadou ToumaniTouré, est membre.
Comme on le voit, la défiance à l’endroit du Mali est on ne peut plus claire, c’est-à-dire « Nous sommes chez nous et nous y resterons en dictant à tous notre loi à nous. » Combien de temps le Président ATT va continuer sa fuite en avant en se cachant derrière l’argument de l’extrême étendue du Sahel ? La bande sahélo saharienne a beau être vaste, on sait que Al Qaïda n’a de bases nulle part ailleurs si ce n’est au Mali. Il faut l’expliquer.
Assif Tabalaba
Le National 29/04/2011