Aigles du Mali: L’apport des binationaux.

Plus près de nous, l’apport des joueurs binationaux a permit au Mali de truster une médaille de bronze, àla CAN2012. Au nombre de ces joueurs à double nationalité, on peut citer Oumar Sissoko, Ousmane Coulibaly, Bakaye Traoré, Samba Diakité, Mustapha Yatabare et Garra Dembélé.

Ces joueurs cités ont impressionné lors de la dernière CAN au Gabon et en Guinée Equatoriale. D’autres dont Bakary Sacko, Tongo Hamed Doumbia, Abdoulaye Diallo ou Abdoulaye Kéïta et autres sont dans la ligne de mire.

Alors que le virevoltant Sigamary Diarra reste un élément clé pour Alain Giresse.

Mais il faut remonter àla CANde l’année 1994 en Tunisie, et avec la prestation d’un certain Fernand Coulibaly pour percevoir comment ces footballeurs nés dans  ont marqué les esprits. Né au Mali, mais avec la possibilité de jouer pourla France, à raison de sa double nationalité, lorsque Fernand Coulibaly a opté pour le Mali, il donné du tranchant à l’équipe dirigée alors par feu Mamadou Kéïta. Celui-ci a su compter sur d’autres binationaux comme Sékou Sangaré, Ousmane Soumano ou Brahim Thiam, pour marquer la relance d’une équipe malienne qui avait fait une longue traversée du désert.

Il a fallut attendre,la CAN2004, et la souplesse des lois dela FIFApour que d’autres binationaux, en l’occurrence Fréderic Kanouté et Momo Sissoko pointent le nez.

Le premier avait joué avec les équipes âge dela Franceet n’avait plus la chance de se faire une place avec l’équipe A dela France. Lesecond était considéré comme l’un des plus grands espoirs du football français. L’un et l’autre ont forcé l’admiration de tout un continent et se sont imposés comme de forces incontournables du football malien.

Quelques années plus tard, une autre modification des textes permit à Mamadou Samassa, de faire première sélection lors des éliminatoires de la coupe du monde 2010 et renforcer le potentiel du secteur offensif malien.

En effet, depuis juin 2009, le règlement de la fédération internationale de football (FIFA) autorise un joueur à changer une fois d’équipe nationale, sans limite d’âge, à condition de n’avoir pas joué de compétition en « A » avec sa précédente sélection. C’est pourquoi il est possible de jouer avec l’équipe de France espoirs par exemple, et d’être sélectionné en équipe nationale du Mali l’année suivante. Ce changement de réglementation s’est appliqué sur proposition de l’Algérie.

A la suite de cette ultime modification, d’autres sélections africaines ont fait le plein en se renforçant avec des joueurs de talents qui n’ont pu évoluer avec la France. Cesbinationaux nés et grandis dans l’Hexagone, ont choisi de jouer pour le pays d’origine de leurs parents pour apporter plus à celui-ci. Le mouvement a alors inquiété la Fédération française de football (FFF), laquelle aurait, selon Mediapart, acté le principe de « quotas discriminatoires officieux » pour limiter le nombre de jeunes d’origine étrangère dans les écoles de football du pays. Une information vivement démentie par les intéressés et par Laurent Blanc, qui admit toutefois que la question des binationaux pose problème.

La plupart des joueurs concernés ont connu des sélections au sein des équipes de France de jeunes. Lors du Mondial sud-africain, dix-huit des vingt-trois joueurs de la sélection algérienne étaient nés en France, mais ont choisi de porter les couleurs du pays de leurs parents. Et l’Algérie est loin d’être la seule nation africaine à compter un certain nombre de binationaux dans sa sélection. Le Maroc, la Tunisie, le Cameroun, le Sénégal, la République démocratique du Congo ou encore la Côte d’Ivoire font partie des nations qui allouent des moyens spécifiques pour aller chercher des joueurs dans les clubs européens. Pour convaincre les joueurs de porter les couleurs du pays d’origine de leurs parents, des recruteurs salariés sont chargés de sillonnerla France et les clubs de football, à la recherche de joueurs potentiels pour leur sélection.

Pour ces pays, l’avantage est évident :la Franceest l’une des meilleures nations formatrices de football au monde, et ces joueurs arrivent « tout faits » dans leur sélection, avec une bonne expérience du haut niveau.

Pour l’équipe de France, en revanche, la situation pose problème : les Bleus se voient privés de joueurs de classe internationale et la FFFforme de facto des joueurs pour d’autres sélections nationales. Le sélectionneur de l’équipe de France, Laurent Blanc, avait lui aussi vigoureusement regretté cette tendance sur le plateau de l’émission « Canal Football Club« , l’an dernier : « C’est un grave problème, on ne peut pas continuer comme ça. Il y a des joueurs qui font l’équipe de France des moins de 16, 17, 18, 19, 20 ou 21 ans, qui font même parfois l’équipe de France A, puisque quand on fait un match non officiel ça ne compte pas, et qui au dernier moment choisissent leur pays d’origine. » Pour illustrer son propos, Blanc prenait l’exemple de Moussa Sow. Actuel meilleur buteur du championnat de France, ce natif de Mantes-la-Jolie (Yvelines) a remporté l’Euro 2005 avec l’équipe de France des moins de 19 ans, et joué en équipe de France espoirs, avant de se laisser convaincre d’opter pour la sélection sénégalaise en 2009, à un moment où ses performances sportives étaient moyennes.

Moussa Sow etla Fédérationsénégalaise de football ont en effet profité de l’évolution de la réglementation internationale.

Interrogé sur le sujet, François Blaquart, le directeur technique national du football français, ne mâche pas ses mots : « La FIFA s’est copieusement vendue aux nations africaines. Ce sont des enjeux électoraux. Ces pays se sont débrouillés pour qu’il y ait beaucoup plus de souplesse et d’ouverture au niveau de la réglementation. »

L’histoire du football compte des précédents célèbres de joueurs qui ont porté les maillots de deux sélections nationales. Rachid Mekhloufi, grand buteur de l’AS Saint-Etienne dans les années 1950 et 1960, ajoué pour l’équipe de France en 1956 et 1957, avant de rejoindre la sélection du Front de libération nationale (FLN) entre 1958 et 1962, puis de jouer pour l’Algérie jusqu’en 1968. De même, le légendaire attaquant Ferenc Puskas a joué plus de dix ans pour la Hongrie avant de connaître quatre sélections avec l’Espagne en 1961 et 1962. Cependant, ces précédents font figure de cas isolés liés à des contextes politiques très particuliers. L’inflation galopante du nombre de joueurs binationaux qui choisissent le pays de leurs parents témoigne d’un changement d’échelle.

Souleymane Diallo

 

Laube.ml 28/02/2012