Ces trois activistes sont accusés dans le cadre de l’information judiciaire ouverte pour « assassinat » par le procureur de la Commune III, Sombé Théra. Cette action en justice intervient en effet après l’agression perpétrée contre le président de la transition, Dioncounda Traoré, par un groupe de manifestants le 21 mai dernier. Ils exprimaient ainsi leur ras-le-bol de la communauté internationale après la signature de l’accord de sortie de crise intervenue entre l’ex-Comité national de redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat (CNRDRE), conduit par le capitaine Amadou Haya Sanogo, et le médiateur de la Cédéao.
Audience tendue
La libération provisoire des trois personnes intervient un jour après une première audience très tendue à la chambre correctionnelle du Tribunal de la Commune III. L’impressionnant dispositif de sécurité déployé par la gendarmerie nationale le mardi 12 juin, témoignait sans doute du caractère peu ordinaire de cette audience.
C’est donc à l’issue de cette audience que la justice a ordonné la mise en liberté des prévenus. Ce, malgré l’opposition du ministère public, qui va interjeter appel après l’annonce du verdict du mardi.
La libération des trois militants de l’association « Yèrèwolo Ton » a été fortement salué par leurs avocats, Harouna Kéita et Mariam Diawara. Ils expliquent qu’il s’agit de la première étape vers la manifestation du droit dans cette affaire. Pour eux, les coupables sont à chercher ailleurs. Dans le camp favorable à Dioncounda Traoré et du FDR (front anti-putsch), si nos interlocuteurs refusent de commenter cette libération, tout porte à croire beaucoup n’y sont pas favorables.
Acharnement sur Radio « Kayira » ?
Cette libération intervient une semaine après l’interpellation de sept animateurs et journalistes de Radio Kayira de Bamako. Convoqués au Camp I de la gendarmerie, les visiteurs avaient été relâchés après un interrogatoire de près de trois heures. Il s’agit de deux journalistes-reporters, Aboubacar Sékou Camara (administrateur-délégué-adjoint de la radio) et Mohamed Aboucara Kanouté ; Kassim Diarra, Mahmoud Sangaré, Awa Diallo, Job Diarra, et Souleymane Korodjo Coulibaly (tous animateurs).
Ces travailleurs de la radio (favorables au coup d’Etat du 22 mars) ont été interpelés quelques jours après la mise en garde-à-vue le 31 mai dernier de leur administrateur délégué, Lassine Cissé. Il lui était reproché « d’avoir réalisé des émissions de nature à troubler l’ordre public, d’inciter à la violence et à la haine, de n’avoir aucun respect envers les autorités en place et d’avoir convoqué par voie de presse les Forces vives à une Convention nationale au moment où une solution de sortie de crise était toute trouvée ». Le pauvre a été par la suite relâché, faute de preuves.
Dans cette désormais affaire dite de l’agression du président Traoré, nombreux sont les observateurs qui craignent une justice à double vitesse. Car, s’interrogent-ils, aucune interpellation n’a encore eu lieu dans le rang des agents de sécurité en poste ce 21 mai à Koulouba quand le président a été agressé.
Aussi, on se demande pourquoi à ce jour aucun responsable du FDR n’est entendu, au moment des analyses prétendent une infiltration de la marche du 21 mai par celui-ci « dans le but de faire diversion ». A ce stade de l’enquête, toutes les options doivent être explorées, si l’on veut une enquête sérieuse.
Issa Fakaba Sissoko
L’ Indicateur Du renouveau 15/06/2012