(Agence Ecofin) – De 85 milliards $ estimés en 2019, les envois de fonds de la diaspora vers l’Afrique pourraient chuter de 18 milliards $ en 2020, selon un nouveau rapport de la CEA. Cela s’explique par les perturbations économiques liées à la covid-19 dans plusieurs pays d’accueil des migrants africains.
Les envois de fonds de la diaspora vers le continent africain pourraient baisser de 21% en 2020 par rapport à 2019. C’est ce qu’indique le rapport « Préserver les envois de fonds à l’époque de la covid-19» publié la semaine dernière par l’Organisation anti-pauvreté ONE et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).
Il s’agit d’un recul anticipé de 18 milliards $ par rapport à l’année 2019 où la Banque mondiale estime que 85 milliards $ ont été envoyés par les Africains de l’étranger à leurs proches en Afrique. Cette baisse due à la pandémie de covid-19 devrait ainsi mettre un coup d’arrêt à la tendance haussière des fonds envoyés vers l’Afrique, observée ces dernières années.
On estime que depuis 2009, le flux des envois de fonds vers le continent a presque doublé représentant désormais plus de 5 % du PIB dans 15 pays africains.
La prévision de cette contreperformance par la CEA s’inscrit dans le même ordre d’idée que les estimations de la Banque mondiale qui prévoyait en avril un recul de l’ordre de 23,1% pour l’Afrique subsaharienne. Le confinement strict des populations et le ralentissement des activités dans plusieurs pays abritant une grande partie de la diaspora africaine (France, Royaume-Uni, USA, etc.) ainsi que « la perturbation des opérations des prestataires de services de transfert de fonds » sont entre autres les principales causes de cette situation qui devrait affecter les arrivées de devises étrangères en Afrique.
« En Afrique, une personne sur cinq effectue ou reçoit des envois de fonds internationaux. La covid-19 a gravement affecté les envois de fonds vers le continent qui seront revus à la baisse de 21% en 2020, soit 18 milliards de dollars de moins pour les personnes qui en dépendent. Il est donc essentiel de préserver cette bouée de sauvetage essentielle pour l’Afrique », a à cet effet déclaré Stephen Karingi, directeur de la division de l’intégration régionale et du commerce (RITD) de la CEA.
Serah Makka, directeur de l’ONG ONE au Nigeria appelle « les ministres des Finances du G20 à modifier leurs plans nationaux de transfert de fonds y compris la réglementation bancaire, afin de réduire les coûts d’envoi de fonds à près de 0% jusqu’à la fin de la pandémie. Ainsi, nous pouvons garantir que leur coût ne dépasse pas 3% comme convenu dans les objectifs de développement durable, et sauver des millions de familles de cette paralysie financière totale ».
Moutiou Adjibi Nourou
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