L’Allemagne compte toujours jouer un rôle important au Sahel malgré le retrait de ses soldats du Mali. Par ailleurs, le ministre de la Défense allemand assure que le pays ne veut pas laisser le champ libre à certains acteurs extérieurs.
« Cette région a besoin de la coopération de l’Union européenne, de la communauté internationale et de l’Allemagne pour assurer la stabilité qui fait défaut ici et qui doit être rétablie et garantie« , déclare Boris Pistorius, ministre de la Défense allemand, à des journalistes au deuxième et dernier jour de sa visite au Mali. « Et cela implique que nous restions en contact, que nous ne claquions pas la porte, ce que nous ne faisons pas, bien au contraire« , ajoute-t-il, avant une rencontre prévue avec le chef du gouvernement de transition, le colonel Assimi Goïta.
L’Allemagne a décidé de retirer d’ici à mai 2024 les centaines de soldats qui font d’elle la plus importante contributrice occidentale à la mission de Casques bleus (Minusma) déployée dans ce pays en proie à la propagation djihadiste et aux violences de toutes sortes, qui se sont propagées aux pays sahéliens voisins. Berlin considère que les conditions ne sont plus remplies pour continuer à participer à la Minusma, rappelle Boris Pistorius. Selon le dernier rapport de la Minusma, l’Allemagne comptait 665 militaires et policiers au Mali au 20 mars 2023.
La porte de la coopération toujours ouverte
Mais même avec le Mali, les ponts ne sont pas entièrement rompus dans le domaine militaire, précise-t-il. Le ministre affirme la volonté allemande de mettre l’accent sur la formation des forces sahéliennes. Au Niger, où il était le 12 avril, « il y a de la formation et de l’éducation. C’est l’offre faite au Niger, mais aussi à d’autres États de la région, de dire que si vous êtes prêts à participer à des missions, à la Minusma ou à d’autres en Afrique, nous sommes prêts à vous soutenir bilatéralement en matière de renforcement, d’équipement, mais surtout de formation« , a-t-il déclaré. Le Mali n’est pas exclu de cette offre de formation et de conseil et 30 Maliens sont actuellement en Allemagne à cette fin, a-t-il dit.
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Les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 au Mali ont rompu l’alliance avec la France et ses partenaires européens contre les djihadistes et se sont tournés militairement et politiquement vers la Russie. Ils se sont adjoint le concours de centaines d’hommes décrits en fonction des sources comme des instructeurs de l’armée russe ou des mercenaires de Wagner, un groupe russe de sécurité privé aux agissements décriés.
La junte a aussi imposé des restrictions aux opérations de la Minusma. L’ONU a exprimé son inquiétude quant à la sécurité des Casques bleus après le départ des Français, mais aussi d’autres contingents. Plusieurs pays ont décidé d’arrêter ou de suspendre leur participation à la Minusma.
Quel rôle pour l’Allemagne au Sahel ?
L’Allemagne continue à se considérer comme un « acteur important » au Sahel, déclare Boris Pistorius. La région a besoin d’un « engagement clair » de la communauté internationale. « Nous ne voulons pas que la situation continue à se dégrader ici et que d’autres en profitent« , dit-il, sans préciser qui il visait par ces propos.
Sa collègue au Développement, Svenja Schulze, a insisté sur la poursuite de l’aide civile allemande. « La Bundeswehr se retire de la Minusma, mais la coopération pour le développement continue, et nous restons sur place« , dit-elle. « Cette région a besoin d’aide, elle est importante, elle se bat pour s’adapter aux conditions climatiques, c’est une région très pauvre et qui souffre beaucoup de la faim« .