Dans la matinée, le porte-parole de la présidence Mac Maharaj avait précisé à l’AFP que le prix Nobel de la paix était arrivé «conscient» à l’hôpital, peu avant minuit mercredi soir.
Aucune autre information de nature médicale n’a été donnée, et aucune indication sur la durée possible de son séjour à l’hôpital. Héros national sud-africain, icône mondiale de la réconciliation pour son rôle dans la lutte contre l’apartheid puis dans l’instauration d’une démocratie multiraciale, Nelson Mandela semble désormais très affaibli et n’est plus apparu en public depuis bientôt trois ans.
Le président Zuma lui a souhaité un prompt rétablissement.
«Nous appelons le peuple sud africain et le monde entier à prier pour notre cher Madiba (nom de clan de Mandela ndlr) et pour sa famille (…) Nous avons une totale confiance dans l’équipe médicale et nous savons qu’ils feront tout leur possible pour qu’il retrouve la santé», a-t-il dit.
La présidence, qui, comme à chaque hospitalisation, ne précise pas où Mandela a été hospitalisé, appelle une nouvelle fois les médias du monde entier à «respecter l’intimité (de Mandela) pour laisser les médecins faire leur travail».
L’ANC, le parti au pouvoir, a également appelé l’Afrique du Sud et le monde à «garder Mandela dans leurs prières». Le principal parti d’opposition DA (Alliance démocratique) a joint sa voix à ce concert de voeux de bon rétablissement.
Début mars, Nelson Mandela avait été hospitalisé pour 24 heures. Les autorités avaient alors indiqué qu’il s’agissait d’examens de routine.
Sa dernière hospitalisation longue, dix-huit jours, remonte à décembre 2012, déjà pour les suites de cette infection pulmonaire récurrente.
A Qunu, le village de Mandela, la population n’a apprit que très lentement la nouvelle de l’hospitalisation de «Madiba».
«Il nous manque»
«La plupart des gens dans le village n’ont pas internet», a dit à l’AFP Zimsile Gamakulu, le guide du musée Mandela local: «Mais les gens lui souhaitent une longue vie. Il nous manque, particulièrement aux plus vieux, ils espèrent qu’il va bientôt revenir chez lui».
Mandela, qui s’était retiré à Qunu, a été ramené sur Pretoria début décembre pour sa précédente hospitalisation. A sa sortie de l’hôpital, son entourage a préféré l’installer dans sa maison de Johannesburg, à une soixantaine de kilomètres de Pretoria et à proximité immédiate des centres de soin les plus modernes du pays.
Président de 1994 à 1999, Nelson Mandela a passé vingt-sept ans de sa vie en prison, pour avoir lutté contre le régime d’apartheid qui instaurait une discrimination raciale en Afrique du Sud.
Libéré en 1990, il est devenu quatre ans plus tard le premier président noir de son pays, après avoir obtenu en 1993 le prix Nobel de la paix – conjointement avec le dernier président de l’apartheid Frederick de Klerk -, pour avoir mené à bien les négociations conduisant à la démocratie.
Il est complètement retiré de la vie politique, et depuis quelques années déjà, le grand homme a totalement disparu de la scène publique et ne fait jamais le moindre commentaire sur la vie politique de son pays.
Il avait cependant reçu le 10 février dernier, le président Zuma. Ce dernier l’avait trouvé «en forme et détendu», en train de regarder la télévision.
Quelques jours plus tard cependant, son vieil ami et célèbre avocat George Bizos lui avait rendu visite et avait été moins enthousiaste: «Malheureusement, avait-il dit, il oublie parfois que l’un ou l’autre sont décédés, ou son visage exprime l’incompréhension quand on lui dit que Walter Sisulu ou d’autre ne sont plus de ce monde».
Nelson Mandela aura connu de nombreux ennuis de santé, souvent liés à ses 27 années d’incarcération et aux travaux forcés dans les carrières de calcaire de l’île-bagne de Robben Island (sud-ouest).
Quand il était encore emprisonné, il avait ainsi souffert en 1988 d’un début de tuberculose – maladie dont son père est décédé quand Mandela était encore jeune.
En 2001, il avait traité par radiothérapie pour un cancer de la prostate et avait déclaré l’année suivante à des journalistes qu’il était définitivement guéri.
Enfin, en 2011, il avait été hospitalisé pour une grave infection respiratoire qui avait suscité une vive inquiétude dans le pays. C’est une rechute de cette infection qui a provoqué son hospitalisation ce jeudi.
Afp 2013-03-28 18:14:39