Des forces de sécurité afghanes lors d’une opération contre l’EI, le 14 avril 2017 dans le district d’Achin, province de Nangarhar / © AFP/Archives / NOORULLAH SHIRZADA
Six jours après le largage d’une méga-bombe américaine sur le district d’Achin, sanctuaire des jihadistes de l’EI dans l’Est de l’Afghanistan, les troupes au sol interdisaient toujours l’accès à la zone visée mercredi, a constaté l’AFP.
Contactées à Kaboul, les forces américaines déployées sous mandat de l’Otan ont indiqué que des « évaluations » étaient en cours dans la zone touchée par la bombe GBU-43, la plus puissante de l’arsenal conventionnel américain.
Sur place, plusieurs médias dont le correspondant de l’AFP ont été empêchés de s’approcher du point d’impact, alimentant rumeurs et suspicion sur les effets de cette bombe, qui a fait selon le bilan officiel 96 morts parmi le groupe Etat islamique, mais zéro victime civile.
La population et les forces afghanes sont également tenues à l’écart de la zone, gardée par les forces américaines.
Mercredi, Ahmad Jan, un habitant de Achin qui avait fui la zone avec sa famille bien avant la bombe pour gagner la capitale provinciale du Nangarhar, Jalalabad, n’avait aucune nouvelle de sa maison ni de ses proches, a-t-il confié à l’AFP.
« Personne ne peut se rendre sur place, ils ont complètement bloqué les accès. Je ne sais pas si ma maison est détruite. Ils n’ont pas non plus montré un seul corps », a-t-il relevé.
Un porte-parole des forces spéciales afghanes avait évoqué lundi la présence de mines et de « poches de résistance » dans les montagnes qui auraient entravé la progression des forces.
Mais pour le général à la retraite et expert militaire Atiqullah Amarkhail, l’armée américaine a surtout besoin de temps pour analyser l’impact de son engin, un monstre de neuf mètres de long chargé de près de 9 tonnes d’explosifs, et en éliminer tous les débris.
« Il ne s’agit pas d’une bombe ordinaire. Elle convoie des explosifs spéciaux, testés pour la première fois en zone de montagne. Pour moi, les experts américains travaillent au sol pour en évaluer les effets et les impacts », a-t-il déclaré à l’AFP.
« Ils doivent aussi nettoyer tout indice et toute particule, pour éviter que cette technologie ne tombe dans les mains de combattants ou d’autres services de renseignement de la région. Tout ceci prend du temps ».
Le bombardement avait été précédé d’intenses combats, au cours desquels un soldat américain avait été tué.
L’EI, arrivé en Afghanistan courant 2015, est resté cantonné principalement dans l’Est du pays.
(©AFP / 19 avril 2017 14h28)