Le Mali a interpellé, le 10 juillet, à l’Aéroport international de Bamako, 49 militaires ivoiriens et les a déclarés « mercenaires ». La Côte d’Ivoire, pour sa part, a nié la version malienne et a demandé leur libération « sans délai ».
Deux semaines après, la Minusma avait tranché en faveur du Mali. Elle a reconnu des dysfonctionnements dans le déploiement de ces militaires. « Il apparaît que certaines mesures n’ont pas été suivies et la Mission s’efforce de mieux comprendre comment ces dysfonctionnements ont pu se produire afin d’éviter qu’ils ne se reproduisent à l’avenir », avait déclaré la Minusma qui a ajouté que : « La Minusma note que les éléments ivoiriens ont été déployés à Sénou (Bamako) pour assurer la sécurité à la base des NSE allemands dans cette même localité, au lieu de Tombouctou (nord) où est basé le contingent ivoirien de la Minusma ».
Selon la thèse soutenue par Abidjan, ces soldats devaient prendre la relève d’autres Ivoiriens déployés au Mali en tant qu’éléments nationaux de soutien (NSE), une procédure de l’ONU permettant aux contingents des missions de maintien de la paix de faire appel à des prestataires extérieurs pour des appuis logistiques. Sur cette question, la Minusma avait été on ne peut plus clair : « La Minusma n’a pas connaissance d’un contrat entre l’Allemagne et des tiers pour la protection de la base allemande de NSE ». Elle a précisé qu’elle n’a pas été informée de la présence du nombre de NSE de la Côte d’Ivoire. « Cependant, en recoupant des documents internes, la Minusma estime que le détachement ivoirien s’élève à 50 hommes et femmes », a précisé la note de la Minusma en juillet dernier.
Incohérence
« Non, ce ne sont pas des mercenaires et c’est évident. J’ai fait appel aux autorités maliennes pour que ce problème puisse se résoudre. On est en contact permanent avec eux. Je n’ai pas parlé directement avec Goïta, mais je vais recevoir la délégation du Mali et c’est une chose qui est pour moi très importante. Il faut résoudre ce problème », a déclaré le patron de l’ONU dans une interview accordée, dimanche, à France 24 et RFI.
Alors, où était Guterres quand la Minusma se prononçait sur le sujet. Pourtant, cette organisation relève de son ressort. Il y a là une incohérence. C’est un double langage qui ne rend pas service à la résolution à l’amiable de la situation.
Aussi, faut-il rappeler que la Côte d’Ivoire, elle-même, avait reconnu des manquements dans la procédure au Togo. « La Côte d’Ivoire déplore que des manquements et des incompréhensions aient été à l’origine de cet évènement fortement regrettable. La Côte d’Ivoire, soucieuse de maintenir des relations de bon voisinage avec le Mali, s’engage à respecter les procédures des Nations Unies, ainsi que les nouvelles règles et dispositions maliennes édictées relatives au déploiement des forces militaires au Mali ». Tels sont les propos du ministre directeur de Cabinet du Président de la République ivoirienne.
Cette sortie de Guterres met en cause les dysfonctionnements évoquées par la Minusma, fait du Mali le bourreau en lieu et place de la victime, et renforce la Côte d’Ivoire dans sa position de nier les dysfonctionnements.
Guterres a-t-il servi à la résolution de la crise ? Non, il a plutôt gravé la situation. Le Mali risque de se considérer comme une victime. Quant à la Côte d’Ivoire, elle risque de radicaliser, car renforcée dans sa position selon laquelle ses militaires sont « en otage » au Mali.
Après la sortie d’Assimi Goïta dénonçant la présence, en Côte d’ Ivoire, d’opposants maliens contre lesquels il a été émis des mandats d’arrêt internationaux, la Côte d’Ivoire a demandé la tenue d’une réunion extraordinaire de la Cedeao sur la situation de ses militaires.
Le Mali, pour sa part, a dit ne pas être nullement concerné par cette procédure devant l’instance communautaire. Il a ainsi indiqué : « L’affaire des 49 mercenaires ivoiriens est purement judiciaire et bilatérale ». Le gouvernement a par ailleurs mis en garde contre toute instrumentalisation de la Cedeao par les autorités ivoiriennes pour se soustraire de leur responsabilité vis-à-vis du Mali.
B. G
Source: Le Pays