Les parents des victimes exigent le jugement de Amadou Haya Sanogo d’ici la fin de l’année
Vêtus en rouge, les responsables de l’Association des parents et épouses des bérets rouges assassinés (APEMBRA) étaient face à la presse, le samedi 5 novembre 2016 à la Maison de la presse de Bamako, pour non seulement exprimer leur colère, mais aussi montrer leur indignation face à la lenteur dans le jugement de l’auteur du putsch de 2012, Amadou Haya Sanogo et ses complices impliqués dans l’assassinat des 21 bérets rouges. Les parents des victimes des bérets rouges disparus ne décolèrent pas et « exigent le jugement de Amadou Haya Sanogo et ses complices d’ici la fin de l’année ». « Si l’Etat se montre défaillant dans cette affaire, nous allons saisir la cour pénale internationale avec l’accompagnement de nos partenaires », menacent les parents des victimes.
Cette conférence de presse était animée par la présidente de Apembra, Mme Sagara Bintou Maïga, en présence des autres membres de l’Association dont Chiaka Keïta, Zeynabou Touré, Aminata Fall, Sounkalo Coulibaly et bien d’autres. On notait aussi la présence de Tiébilé Dramé, ancien membre d’Amnesty International, ancien ministre des affaires étrangères du Mali.
Lors de la crise multidimensionnelle qu’a frappée le Mali en 2012, vingt un bérets rouges ont été assassinés et leurs corps ont été retrouvés quelques mois après dans un charnier à Diago près de Kati. Et selon la justice malienne, l’auteur du putsch de 2012 et certains de ses éléments seraient impliqués dans l’assassinat des 21 bérets rouges. Mais depuis lors, rien n’y fit. Aucun jugement n’a été prononcé et aucune date n’est fixée encore pour le procès. Et des rumeurs courent sur une prétendue libération des auteurs du crime. Ayant reçu l’écho de ces rumeurs, les parents des victimes, réunis en association, redemandent que justice soit rendu. « La justice et recevabilité sont essentielles pour la paix, la réconciliation et la fin de l’impunité au Mali. A quand le jugement des présumés auteurs des 21 bérets rouges assassinés ? A Quand les funérailles des 21 bérets rouges ? Les parents des victimes attendent le jugement des présumés auteurs depuis 4 ans pour enterrer leurs fils. Apembra, nous réclamons nos droits à un procès juste et équitable », voila entre autres requêtes formulées par les membres de l’Association des parents et épouses des bérets rouges assassinés (APEMBRA). Les membres de cette association réclament justice et des funérailles nationales pour leurs parents. Depuis quatre ans, les parents des victimes attendent le jugement des présumés auteurs pour enterrer leurs fils. « Nous ne demandons que le jugement des présumés auteurs et la date des funérailles de nos enfants assassinés. Le juge Karembé a déjà fini avec l’instruction des dossiers, nous exigeons le jugement des auteurs d’ici la fin de l’année. Il parait qu’il y a une loi qui stipule la libération du détenu au bout de trois ans sans jugement. On ne sera pas d’accord avec cette libération. Nous réclamons justice », a déclaré la présidente de l’Association, Mme Sagara Bintou Maiga. Les enfants, filles, frères et mères de ces 21 bérets rouges se sont joint à la présidente de l’association pour exiger : la fixation d’une date pour le jugement des assassins de leurs parents et des funérailles nationales. Par ailleurs, la présidente a remercié l’ancien ministre Tiébilé Dramé pour sa présence et son soutien inestimable à leur endroit.
Selon la présidente de l’Association, dans cette affaire, ils ont fait l’objet de menaces. A ses dires, l’Association travaille avec plusieurs organisations des droits de l’homme dont l’Association malienne des droits de l’homme (Amdh), le Réseau des droits de l’homme etc. S’agissant des conditions de vie des parents après l’assassinat des 21 bérets rouges, la présidente de l’association a estimé que depuis l’assassinat de leurs parents, ils vivent par la grâce de Dieu. « C’est la justice que nous réclamons et nous comptons sur le ministre de la justice pour cette affaire » a-t-elle ajouté.
Pour sa part, Chiaka Keïta, membre de ladite association, a exigé le jugement des auteurs par la Cour d’assise avant la fin de l’année. « Le président de la République a l’habitude de dire que personne n’est au dessus de la loi et nous voulons qu’il nous démontre cela dans cette affaire. Les dossiers sont déjà clôturés par la chambre d’accusation. Nous voulons que l’autorité nous donne une date de jugement d’ici la fin de l’année. Si l’Etat se montre défaillant dans cette affaire, nous allons saisir la cour pénale internationale avec l’accompagnement de nos partenaires. Sanogo n’a pas été jugé à plus forte raison d’être gracié. Pour le moment, nous exigeons son jugement », a-t-conclu.
A rappeler que Amadou Haya Sanogo a été arrêté le mercredi 27 novembre 2013. Et la chambre d’accusation de la cour d’appel de Bamako a accusé le 22 décembre 2015, certains généraux dont Amadou Haya Sanogo, le cerveau du putsch de 2012, Yamoussa Camara, l’ex ministre de la défense et des anciens combattants, Ibrahim Dahirou Dembelé, l’ex chef d’Etat major général des armées pour « enlèvement de personne, assassinat et complicité d’assassinat » et a demandé qu’ils soient jugés devant la cour d’assise conformément à la loi.
Aguibou Sogodogo