Selon l’arrêt de mise en accusation et de renvoi devant la Cour d’Assises, les faits se sont déroulés au mois de mai 2019. Précisément, le dimanche 5 mai 2019, vers 17h, Amadou Guindo et Boubacar Sissao, au moyen de leur moto de marque ‘’Sanily’’, quittèrent Koflatié dans la Commune Rurale de Kéniégué, Cercle de Kangaba où ils résidèrent, pour se rendre à environ 7 kilomètres plus loin aux placers de Déguedoumou dans la commune rurale de Koniogo, cercle de Kangaba. Cela, à la recherche de l’or dans les anciens puits aurifères abandonnés.
Dans cette optique, en cours de chemin de retour vers 23h, la moto de Boubacar Sissao et de son compagnon tomba en panne et la victime (Boubacar Sissao) marchant péniblement à cause d’une douleur au pied, fut devancé par Amadou Guindo qui arriva avec la moto à destination dans leur village de résidence, pendant que M. Sissao trainant derrière, tarda à rentrer.
Ce n’est donc que le lendemain, soit le lundi 6 mai 2019, qu’Amadou Guindo s’est rendu au domicile de Boubacar Sissao pour s’enquérir de ses nouvelles d’où, il fut étonné de savoir que celui-ci n’était pas encore rentré depuis qu’ils sortirent ensemble la veille. Avec l’aide des parents, ils entamaient des recherches notamment auprès des légitimités locales appelées ‘’les Tombolomas’’ sans succès.
Le mardi 7 mai 2019, ils décident alors de saisir la Brigade Territoriale de Gendarmerie de Kangaba qui ouvrit immédiatement à son tour une enquête à la suite de laquelle, elle découvrit le cadavre de Boubacar Sissao au fond d’un puit aurifère. Par la suite, les investigations ont permis d’interpeller les nommés Alou Ouattara, Chaka Goumale, Sidiki Diarra et Ibrahim Coulibaly qui furent poursuivis et inculpés devant le magistrat instructeur pour meurtre. En plus, à l’enquête préliminaire aussi bien qu’à l’information, les inculpés ont tous catégoriquement nié les faits qui leur sont reprochés tout en soutenant à tour de rôle, qu’ils ont appréhendé Boubacar Sissao pour l’avoir soupçonné de venir voler leurs minerais d’or. Qu’ils l’ont ensuite ligoté des mains, attaché ses deux jambes liées à un bois avant de le frapper à coups de bâton afin qu’il puisse dénoncer ses complices. Outre cela, voulant s’échapper dans ces conditions, que le suspect Boubacar Sissao a chuté dans un ancien puits aurifère qui manque d’oxygène malgré qu’ils aient tenté sans succès de le sortir du fond du puits. Or, il ressort du dossier de la procédure, que le défunt a subi des tortures sur lui exercées par les inculpés cités avant de se retrouver à la profondeur d’un puits aurifère où son cadavre a été découvert.
Le lundi 10 Octobre 2022, ce dossier de meurtre incriminant ces trois orpailleurs et conducteur de tricycle était le 1er au rôle de la Cour. Ainsi, les accusés à tour de rôle, ont reconnu, à la barre, avoir porté des coups de fouets, mais n’ont jamais reconnu les faits de meurtre qui leur sont reprochés. Néanmoins, c’est clair, qu’ils ont violé les règles des légitimités locales surnommées ‘’les Tombolomas’’ étant donné que celles-ci n’ont pas été informées. Aussi, une fois la victime tombée dans le puits indiqué, ils ne lui ont pas porté secours c’est-à-dire, la non-assistance à une personne en danger ou en péril.
Dans son réquisitoire, le Procureur Général a souligné que les accusés veulent se disculper et pourtant les faits sont très clairs. « Attachés pieds et mains, bastonnés, sans aide et assistance, la victime est décédée à la suite des coups et blessures, les attaches et sa chute dans le puits aurifère. Pire, aucun d’eux n’a tenté de l’extraire pendant 48 heures. Arrestation illégale, séquestration et bastonnade sont les causes qui ont occasionné la mort. Ils ont bel et bien voulu que la victime reste au fond du puits. Ils sont coupables »a-t-il défendu.
De son côté, l’avocat de la Défense a demandé humblement des circonstances atténuantes pour ses clients. « Pour échapper à la torture, la victime a fui et est tombée dans un puits. Dans les sites aurifères, il n y a pas de loi, chacun pour soi, Dieu pour tous ! Oui, nos clients ont fauté. Mais envoyer ces jeunes garçons (les accusés) à la potence n’est pas la solution. Nous vous demandons très humblement de les accorder des circonstances atténuantes » a-t-il plaidé.
Peine perdue pour la plaidoirie de la Défense ! Car Alou Ouattara, Chaka Goumale, Sidiki Diarra et Ibrahim Coulibaly ont été condamnés, chacun, à 10 années de réclusion criminelle.
Par Mariam Sissoko
Source : Le Sursaut