Affaire Boukary Daou / Des interrogations sur l’éventualité d’une plainte de la défense contre l’Eta

Quelques heures après ce verdict victorieux pour la presse malienne, les hommes et femmes de médias et les avocats du Directeur de Publication du Journal le Républicain, Boukary Daou, étaient visiblement émus à la Maison de la Presse (MP) de Bamako.  Ils venaient, dans la cohésion, l’union et la solidarité, de remporter une victoire de taille en obtenant l’annulation par le juge du tribunal de la Commune IV de Bamako de la procédure du ministère public contre leur  confrère. Ce constat, nous l’avons fait, à l’occasion de la conférence de presse que le comité de crise pour la libération de Boukary Daou, composé du Groupement Patronal de la Presse Ecrite (GPPE), de l’Association des Editeurs de Presse (ASSEP), l’Union des Radios et Télévisions Libres (URTEL), a organisée à la MP.  Elle était animée par quelques  avocats qui défendaient Boukary Daou dont Mes Amidou Diabaté, Lamissa Coulibaly,  Néimatou Maiga, Hamadi Karambé (avocat sans frontière), Djibrilla Malick Maiga. C’était en présence du président du comité de crise de l’Affaire Boukary Daou, Mahamane Hamèye Cissé et ses membres,  une pléiade de journalistes et l’ex-détenu de la Maison central d’arrêt, Boukary Daou.

Les conseils de Boukary Daou  ont fait le feed-back sur l’arrestation musclée de Boukary Daou et sa détention durant 8 jours dans les locaux de la sécurité d’Etat son atterrissage à la Brigade d’investigation judiciaire, la notification des deux infractions graves par le  procureur de la CIV et son séjour  à la Maison centrale d’arrêt, puis l’obtention de la liberté provisoire avant le jugement. « Avant cette date, le ministère public avait obligation de convoquer les différenties parties au procès par une citation. Ce qui n’a pas été fait. C’est pourquoi, lors du procès, nous avons demandé l’annulation des poursuites engagées contre notre client. Ce qui a été fait par le juge. Au moment où je vous parle, il n’y a plus de poursuite engagée contre Boukary Daou, il recouvre la plénitude de sa liberté », a déclaré Me Lamissa Coulibalay. « Cette affaire est classée. On ne peut plus la régulariser, personne d’autre ne peut plus poursuivre Daou dans cette même affaire », a répondu Me Diabaté en répondant aux questions des journalistes.

Les avocats ont salué la sagesse des hommes de médias en écoutant leurs conseils tout au long de la procédure et leur mobilisation autour de leur confrère. « Sans votre grande mobilisation, je pense qu’on n’allait pas avoir ce résultat », a souligné Me Amidou Diabaté.  Auparavant, ils ont encouragé la presse à se battre encore pour que les deux infractions qui ont été retenues contre Daou ne soient plus retenues comme des infractions de condamnations, mais payées par amende comme c’est le cas en France et au Niger. Pour terminer, ils ont rendu hommage au juge qui, selon eux, a été suffisamment courageux pour affirmer l’indépendance de la justice.

A son tour, le président du comité de crise de l’affaire Boukary Daou, Mahamane Hamèye Cissé, a adressé toute la reconnaissance de la presse malienne à l’endroit de la quinzaine d’avocats qui ont défendu leur confrère sans rien demander en contre-partie. En plus de ceux cités dessus, l’on ajoute: Mes Cheick Oumar Konaré et Camara, et autres (lire notre papier en page 3). «Aujourd’hui, on est fier de nous mêmes, de la solidarité, de l’union de la presse qu’on attendait depuis plus de 20 ans. On est fier d’avoir remporté ce combat pour la liberté d’expression.

Les remerciements vont aussi à l’endroit de la presse africaine, mondiale, qui nous a accompagnés, encouragés, assistés, dans notre lutte. L’on retient entre autres, l’Ujao, le forum des éditeurs africains, article 19, la fédération internationale des journalistes (Fij)», a énuméré le président du Comité de crise Mahamane Hamey Cissé. Enfin l’ancien prisonnier, désormais blanchi, Boukary Daou a réitéré ses remerciements à ses confrères maliens, africains et du monde, aux avocats constitués autour de Me Lamissa Coulibaly, aux associations et organisations de défense de la liberté d’expression et des droits de l’homme.

Au cours de cette conférence de presse les journalistes et revendiqué l’engagement d’une plainte contre l’Etat ou le Directeur de la sécurité d’Etat pour atteintes graves aux droits de l’homme sur un journaliste dans l’exercice de sa profession. Selon les avocats cette plainte est bien possible contre les auteurs de ces actes, et pourrait être portée devant une juridiction internationale. Boukary Daou a subi des traitements inhumains et dégradants, il a été humilié a expliqué un avocat. Les avocats et leur client poursuivent la réflexion sur la question. La section des droits de l’homme du Bureau des Nations-Unies au Mali suit de près le déroulement de l’Affaire Boukary Daou, du nom du Directeur de Publication du quotidien Le Républicain qui détient le record de la durée de détention d’un journaliste au Mali depuis l’Indépendance de notre pays.

Hadama B. Fofana
Le Républicain Mali 2013-05-02 20:01:10