A chaque temps son lot de révélations, d’accusations plus ou moins –ou pas du tout-fondées. Donc, de dénigrements systématiques confinant à la démolition éhontée des réputations, des carrières et, pourquoi pas, des vies. Yacouba Diallo, ci-devant PDG de l’ACI 2000, est la cible désignée d’une secte de croisés qui ne semblent vouloir reculer devant rien. L’affaire, disons-le, mérite qu’on s’y intéresse. Elle concerne l’attribution du marché de la réalisation des ouvrages de voirie dans la nouvelle zone industrielle de Dialakorobougou. Cependant, faut-il à ce point perdre la tête pour ameuter tant autour de ce qui peut être résolu par les voies techniques et administratives ?
Sachons raison garder et, en toute dignité, baissons le thermomètre pour cerner le problème sans vouloir nuire outre mesure à qui que ce soit. Les protagonistes sont bien connus. L’un est le Président Directeur Général de l’ACI 2000 et secrétaire général de la section Adéma de la Commune VI de Bamako ; l’autre est l’adjointe au PDG de l’ACI 2000 et non oins présidente des femmes de la section Adéma de la Commune VI. Proximité ne peut être mieux citée comme exemple. La pomme de discorde entre les deux barons a pourtant l’allure d’une guerre mondiale dans le cadre diffus d’une Ruche à la recherche de ses marques.
Un marché de 26 milliards de nos francs lancé par l’ACI 2000 fait des vagues. Le pays n’entend plus que le bruissement des ondulations. Deux entreprises, l’une malienne et l’autre chinoise, ont postulé et ont perdu dans un premier temps pour insuffisance de leurs offres financières. Bon sang, il n’y a qu’à appliquer les règles du Marché public ! Ceci n’est point une courte vue de banalisation. Mais, voilà, d’autres enjeux qui ne disent pas leurs noms nagent en eau trouble.
Les administrateurs de l’ACI 2000, quelques semaines après l’insuccès des entreprises soumissionnaires, reviennent sur la décision du jury, allant jusqu’à demander au PDG d’attribuer le marché à l’entreprise malienne. Celui-ci réclame leur signature qu’il n’obtient pas. En pareille circonstance, on fait vite de l’accuser de crime de lèse-souveraineté. Et, puisqu’il est question d’un futur remaniement ministériel, le bon profil et la situation politique dont il peut légitimement se prévaloir doivent être démolis.
Mme Oumou Traoré qui, de toute évidence, cherche des galons d’amazone, monte au front, en première ligne. Son compère politique et d’avantage chef hiérarchique administratif est un colosse qu’elle peut aider à abattre. Yacouba Diallo sera couvert de tous les péchés d’Israël. Mais pourquoi n’avait-elle averti les instances politiques de l’Adéma de l’ampleur des indélicatesses supposées de son patron et désormais rival politique ? Pourquoi n’a-t-elle pas usé des moyens de recours administratifs auprès de son ministre de tutelle pour arrêter à temps les manquements de son PDg à la bonne marche de l’entreprise dont l’importance ne se conte plus aux Maliens ? Veut-on expliquer clairement à l’opinion nationale les raisons qui valent l’attribution du marché incriminé aux nationaux ?
Dans tous les cas, ce qui se passe aujourd’hui contre Yacouba Diallo ressemble plutôt à un acharnement qui est en train de tourner en lynchage médiatique. L’homme qui préside aux destinées de l’ACI 2000 ne mérite pas un tel sort. A moins que ses détracteurs arrivent à pointer contre lui des faits avérés, et non des approximations perméables à toutes les insinuations malveillantes.
Amadou N’Fa Diallo
Le National 24/12/2010