Situé à environ 300 km de Bamako dans le cercle de Bla, Kéméni, village Minianka,
a célébré les 31 janvier et 1er février, la 1ère édition du Festival Jumako. L’occasion
était propice pour le village de ressusciter le Ntomi, une case d’initiation en milieu
Minianka, visant à faire des mineurs de « vrais hommes aguerris aux épreuves de
la vie».
L’Association des ressortissants de Kéméni (ARK), en collaboration avec la mairie et les
autorités coutumières, a organisé, la semaine dernière, la 1
ère édition du Festival Jumako,
autrefois appelé Guedioumako. Dans le village de Kéméni, chef-lieu de la Commune du
même nom, le Jumako est une fête traditionnelle célébrée après les récoltes pour
marquer d’une saisie et le début d’une autre. Cette fête populaire est la plus grande
occasion pour le village de communier avec ses ressortissantes et ressortissants vivantou mariées hors du village. Du fait de l’influence des religions importées et du
modernisme galopant, cette fête avait été abandonnée. Conscient du danger lié à une
telle déperdition, l’ARK en collaboration avec la mairie et les autorités coutumières ont
ressuscité cette tradition sous forme de Festival dont la 1ere édition a eu lieu à Kémini
du 31 janvier au 1
er février. Les objectifs de ce festival étaient de créer un espace
culturel intégrateur ; de favoriser les brassages culturels; de promouvoir les activités
génératrices de revenus au profit des femmes et autres acteurs locaux contribuant ainsi
au développement économique de la cité ; de faire de ce festival un vecteur de paix et de
cohésion sociale à Kémeni, d’où le thème de cette année : « La culture, facteur de
cohésion ».
Plusieurs activités étaient au programme, notamment des manifestations artistiques et
culturel, le « N’Tomigoshi ».
Le coup de clap a été donné dans la soirée du 31 janvier à travers le « N’Tomikashi »
dont le départ des jeunes garçons vers les sites historiques constitue un évènement à
part. Le rassemblement des troupes sur l’autel des « mini-guerriers » donne lieu à des
des séances de démonstrations de prouesse, d’endurance ou de courage. Torses nus, des
camarades d’âge encaissent mutuellement des coups de fouets sans manifester de signes
de douleurs. Le ou les héros du jour reçoivent de leurs parents ou proches des cadeaux
en nature ou en espèce pour avoir bien affronté les épreuves du fouet.
Cette soirée a été marquée par une belle prestation de l’artiste balafoniste, Mahamadou
Dembélé dit Dabara, originaire de la contrée. Le jour suivant, (le vendredi ou Juma en
bambara) d’où tire le nom du festival Jumako, a été marqué par le « N’Tomigoshi » ( où
les enfants se sont fouettés mutuellement et à tour de rôle) et des prestations
artistiques. Dabara, Lamine Dembélé de Koutiala, le Niokô de Diaramana, les Korèdouga
du cercle de Bla ont tenu en haleine les participants. Etaient présents ce jour, le préfet
du cercle de Bla, Boikary Traoré. A ses côtés, le maire de la Commune de Kéméni,
Mamadou Touré et du président de l’ARK, Tiémoko Dao.
Le maire de la Commune de Kéméni, Mamadou Touré, a salué cette initiative appuyée
par les ressortissants de Kéméni, basé un peu partout au Mali. A l’en croire, ce festival
permettra la renaissance du N’Tomi (rituel qui nécessite l’usage de fouet par les jeunes
garçons pour leur initiation aux épreuves de la vie), abandonné il y a de cela une
vingtaine d’années. Il a remercié le préfet et le directeur régional de la mission
culturelle, M. Sissoko et de tous les artistes qui ont illuminé cette rencontre culturelle à
travers leur participation.
Le préfet du cercle de Bla, Boikary Traoré, a également salué la mise sur les fonts
baptismaux de ce festival qui permet aux uns et autres de se ressourcer de nos valeurs
traditionnelles en voie de disparition.
Pour le président de l’ARK, Tiémoko Dao, s’est réjoui de l’organisation de ce festival
longtemps réclamé par la population de Kéméni. « La perte de nos valeurs culturelles et
traditionnelles est une réalité qui compromet dangereusement la sauvegarde de notre
identité culturelle. La commune de Kéméni n’échappe pas à cette menace. Et c’est dans
l’esprit d’amener la population de Kéméni à s’approprier de leurs richesses culturelles,
traditionnelles et touristiques qu’est née l’idée du festival Jumako », a indiqué M. Dao.
Il a remercié la population locale de Kéméni pour son implication et les ressortissants de
Kéméni sans oublier les autorités du cercle, les partenaires et spécifiquement le parrain,
Issaka Sidibé, président de l’Assemblée nationale du Mali, qui n’a ménagé aucun effort
pour la réussite de ce festival. Ce festival a enregistré des milliers de participants.
A.D