Le président de la République, contesté, sa démission réclamée par une partie des forces vives du peuple, a tenu un discours d’apaisement. Mais il s’agit d’une adresse a minima. Le chef de l’Etat n’ayant donné aucun signal fort sur sa volonté à changer les choses. C’est lui, IBK et sa gouvernance, qui sont au centre du sentiment de rejet d’une bonne partie de ses compatriotes. IBK dira sur ce point qu’il a « entendu les colères et les cris », qu’il a « entendu les revendications et les interpellations », mais il n’annonce rien de concret sur le nécessaire changement de cap qui est attendu de lui.
IBK sera plutôt dans des rappels ayant tout l’air de déjà entendu. « Chaque malien qui souffre ou qui manifeste, m’interpelle et mérite mon attention, car ma mission est de servir le Mali.
J’œuvre sans relâche à ce que chaque malien puisse se nourrir et nourrir sa famille. Je travaille à ce que les maliens puissent accéder aux denrées de première nécessité et à des coûts raisonnables.
Je veux que vous puissiez envoyer vos enfants à l’école afin de leur offrir un avenir certain, que vous puissiez accéder à des services de santé de qualité dans un pays au sein duquel la sécurité est assurée sur l’ensemble du territoire. J’œuvre afin que le marché de l’emploi soit également plus accessible aux maliennes et aux maliens, quel que soit leur âge ou leur catégorie socioprofessionnelle ».
Devant ces propos, le Malien lambda, incrédule, ajoutera volontiers qu’IBK a suffisamment martelé qu’à chaque attaque terroriste, chaque civil ou militaire tué provoquait son insomnie. Mais cela n’a pas empêché le pays d’enregistrer en Afrique de l’Ouest le plus grand nombre de victimes du péril terroriste. Quid des «plus de 200 000 emplois créés » sans compter le nombre de licenciés et nouveaux chômeurs du fait de la crise multidimensionnelle ? D’autres Maliens diront à que l’école préoccupe le chef de l’Etat, mais aujourd’hui, plus de 1100 écoles au Mali sont fermées pour cause d’insécurité, affectant plus de 350 000 enfants, dont la majorité se trouve dans la région centrale de Mopti. Et ils se poseront la question légitime de sa voir comment IBK parviendra à poser les jalons de la « Nation fière et forte », dont ils rêvent, s’il n’a pu en dessiner ne serait-ce que les contours en 7 ans au pouvoir. N’en avait-il pas suffisamment tenu et répété la promesse à maintes occasions ?
IBK est-il finalement un président des fausses promesses ?
A propos de la gouvernance, il dira.
qu’une nouvelle équipe gouvernementale sera bientôt composée selon les critères de taille et de qualifications tel recommandés par le Dialogue National Inclusif tenu en Décembre dernier. « Cette équipe sera mise au service du Mali et n’aura aucun droit à l’erreur. Elle ne saurait être un simple changement de gouvernement. Elle sera un gouvernement de changement, exclusivement porté sur des résultats définis au préalable et mesurables ». Le chef de l’Etat a-t-il oublié que lors des premiers conseils des ministres de ses gouvernements successifs, il avait tenus des propos pareils et que l’on a quasiment rien vu comme « résultats mesurables » dont on peut se féliciter.
Et pourquoi c’est maintenant qu’IBK tient des assurances sur la situation de l’école, alors que cette crise a commencé depuis octobre 2019 ? Quid de la situation des agents de la santé, dont la grève illimitée en 2017 ne l’avait point ému ? Comment croire en ses nouvelles promesses tenues par un président, qui s’est toujours soigné à l’extérieur ? « Je m’attellerai tout d’abord à résoudre la crise scolaire en instruisant au Premier ministre de trouver, dans les meilleurs délais, un accord avec le syndicat des enseignants. J’attache du prix à la résolution complète et rapide de cette crise qui n’a que trop duré. L’école c’est l’avenir de notre Nation. Nos enfants ne méritent pas moins. Je rencontrerai ensuite toutes les parties prenantes à la question de la santé, y compris l’Ordre des médecins du Mali et les usagers, afin d’accélérer la mise en œuvre du plan de modernisation de tous les hôpitaux de Bamako. Ce plan de modernisation s’élargit déjà aux régions. La santé est un droit. L’assurer est un devoir régalien, un devoir de l’État, surtout en période de crise sanitaire comme celle que nous connaissons aujourd’hui », avait déclaré IBK. Sauf que ces propos ne convainquent nullement.
Le locataire du palais de Koulouba dira aussi qu’il nous faut tirer toutes les leçons de ces crispations liées aux dernières élections législatives. « Nous recherchons une solution idoine et urgente afin de répondre aux frustrations exprimées. Je tiens à ce que les Maliens gardent foi en leurs institutions. Cela est l’un des garants d’une bonne gouvernance », dira-t-il, comme s’il prêche dans un désert. Idem pour ce qui concerne la situation dramatique des déplacés. IBK semble avoir un réveil tardif pour promettre des solutions, dont la célérité sera celle de la marche d’une tortue !
Même son de cloche pour assurer la sécurité à ses compatriotes. Le chef de l’Etat dira qie « L’Etat y consacre près d’un tiers de son budget annuel. Mais nous sommes encore loin de gagner cette bataille. Nos Forces de Défense et de Sécurité, nos FAMa, sont vaillantes et elles nous font honneur. Nous nous devons de les accompagner et de les soutenir », a-t-il indiqué.
Baba Djilla SOW.