ADOPTION PAR NOS DEPUTES DE L’ACCORD PORTANT CREATION DE LA ZONE DE LIBRE-ECHANGE CONTINENTALE AFRICAINE Quels avantages pour les entreprises maliennes ?

Le jeudi 15 novembre 2018, les élus de la Nation ont adopté par 111 voix pour la loi autorisant le gouvernement la ratification de l’accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). C’est un marché de plus d’un milliard d’âmes. Défendu devant les députés par le ministre Boubou Cissé, cette loi permettra, selon lui, aux entreprises maliennes d’être plus compétitives et plus dynamiques.    

En effet, l’accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), a été adopté par le 10è Sommet extraordinaire de l’Union africaine, tenu à Kigali (Rwanda) le 21 mars 2018. Il regroupera au total 55 Etats dans une zone de libre-échange, permettant ainsi d’intégrer les marchés africains. Avec un produit intérieur brut de 2500 milliards de dollars. Par cette initiative, les Etats membres de l’Union africaine émettent le souhait de créer un marché élargi et sécurisé pour les marchandises et les services des Etats parties, grâce à une infrastructure adéquate et à la réduction ou à l’élimination progressive des barrières tarifaires. Il faut souligner que les droits du consommateur sont reconnus dans les textes juridiques de la ZLECA et d’autres dispositions sont envisagées pour protéger les pays les moins avancés et les petites économies. Ce qui rassure les députés qui avaient exprimé des craintes face à la concurrence que l’avènement de cette zone va engendrer. Ce qui est encore plus rassurant, c’est que nos unités industrielles et autres entreprises seront mieux préparées pour être plus compétitives sur ce marché, a expliqué le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé.

«Par cette initiative les Etats membres de l’Union Africaine auront un  marché élargi et sécurisé pour les marchandises et les services avec une réduction ou à l’élimination progressive des barrières douanières. Mieux, il permet à nos entreprises d’être plus compétitives», a expliqué le ministre de l’Economie et des Finances, Dr. Boubou Cissé.

D’après le ministre Cissé, elle sera la plus grande zone de libre-échange du monde depuis la création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Pour lui, ce projet  vise à  rendre l’économie des pays membres plus dynamique. «Cette zone va faciliter les droits de douane entre Etats africains. Ce qui  aura un impact  positif pour notre économie. À court et moyen terme, nous aurons  un bénéfice de 6 à 7 milliards de nos francs en recettes fiscales», a détaillé le patron de l’hôtel des finances.

A travers cet accord, l’Union africaine espère augmenter ainsi de 60% le commerce intra-africain. Aujourd’hui, selon les statistiques, seuls 16% des échanges commerciaux des pays africains s’effectuent avec d’autres pays du continent. Ce qui est faible comparé à l’Europe où 70% du commerce est réalisé entre les Etats membres de l’Union. Et c’est justement l’objectif de la ZLEC que de dynamiser ce commerce intra-africain. Sans barrières douanières, il sera demain plus facile de vendre des yaourts sénégalais en Mauritanie ou des pagnes burkinabè au Maroc.

Un marché de plus d’un milliard de consommateurs sans frontières ni barrières douanières, le projet a de quoi faire rêver les plus grands groupes industriels.

Mais, selon nos sources, les pays africains ont de sérieux ajustements à faire. Une zone de libre-échange c’est bien, mais encore faut-il avoir des produits à échanger. Or les économies africaines sont plus similaires que complémentaires. La plupart exportent des matières premières et importent des biens manufacturés. Ainsi, notre pays, le Mali aura peu d’intérêt à acheter le coton burkinabè. Il faudra donc diversifier les économies du continent et développer les industries de transformation.

Toujours, selon nos sources, ces économies ont d’importantes différences de compétitivité. Et le risque de dumping est grand. L’Afrique du Sud par exemple, pays le plus industrialisé du continent, peut vendre à ses voisins des produits transformés à des tarifs battant toute concurrence.

En attendant son entrée en vigueur, prévue en janvier 2019, cela après l’adoption de l’accord par 22 Etats, le Mali a pris le devant en adoptant le texte.

Dieudonné Tembely

tembely@journalinfosept.com