Administration- Partis politiques : Un cadre de concertation pour rien

 

Les débats sur le fichier se sont enlisés parce que volontairement torpillés. En lieu et place des discussions raisonnées desquelles aurait pu être retenu le fichier le mieux à même de garantir la transparence des urnes, c’est une option du Président ATT qui est servi au cadre de concertation des partis politiques. Du coup ceux-ci donnent l’impression d’inexister ou d’être incapables de mener le jeu politique dans un pays où c’est un indépendant qui gouverne à sa guise.   

Mis devant un fait accompli qui les invite à opter pour le consensus et non à y adhérer librement, les partis politiques n’ont que leurs yeux pour pleurer, quand il s’agit de choisir une meilleure base pour le fichier électoral entre le recensement administratif à caractère électoral (Race) et le recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec). Malgré l’existence du Cadre de concertation entre l’Administration et les Partis politiques, le Président de la République Amadou Toumani Touré leur a coupé l’herbe sous les pieds à tous, en disant son non-choix concernant le fichier.

Le Cadre a été  ainsi vidé de son contenu, le choix du Président étant fait. Face à la  levée de boucliers des représentants de partis politiques qui ont crié à la diversion, le ministre de tutelle rejette toute responsabilité dans l’option prise. Selon lui, il faut faire un consensus entre les deux fichiers, même si ce n’est plus qu’un secret de Polichinelle qu’ATT a opté pour l’ancien fichier qui a été pourtant décrié par tous, y compris lui-même, en plus du président de la cour constitutionnelle, du Directeur national de l’Intérieur de l’époque et de la Délégation générale aux élections (DGE), comme étant l’instrument de toutes fraudes. C’est d’ailleurs à partir de ce constat que le Président de la République avait rassuré, lors de son discours à la Nation du 22 septembre 2009, que les prochaines consultations électorales seraient faites avec des documents biométriques élaborés grâce au Ravec, garantissant ainsi la transparence des élections.    

Les juristes parleraient de variations de la déclaration du Président qui est revenu sur son option et veut encore de cet instrument de la fraude. A quelle fin donc alors qu’il affirme vouloir de bonnes élections ? Pendant ce temps, aucune raison valable n’est donnée au non-achèvement du Ravec. En outre, des techniciens mieux outillés auraient soutenu que l’épuration de l’ancien fichier Race nécessite autant, sinon plus de travaux que l’achèvement du Ravec, qui semble être volontairement sclérosé. Entre temps,  la mise en place de commissions d’experts et autres structures des élections comme la Ceni amuse bien la galerie.   Puisqu’ils ont l’impression d’être floués, les partis politiques vont-ils se retirer du cadre de concertation ?

B. Daou

Le Républicain16/06/2011