Les autorités de transition maliennes ont nommé massivement mercredi dernier (25 novembre 2020) de nombreux officiers (militaires et policiers) comme gouverneurs de régions, autrement comme les plus hauts représentants de l’Etat dans les régions.
Ces nominations interviennent à un moment où la classe politique et une partie de la société civile dénonce l’emprise des militaires sur une transition censée ramener les civils au pouvoir au bout de 18 mois. Mais, des sources proches de la présidence de la transition ont indiqué aussi que ces nominations rentrent dans le cadre de l’application d’une «nouvelle stratégie de défense et de sécurisation» des populations maliennes.
Désormais, les postes de gouverneur dans les 20 régions sont occupés par 13 militaires (des Colonels ou des Généraux) et 7 civils. Dans le découpage en 15 régions préalablement en vigueur, les militaires étaient 5 pour 10 civils. Parmi les nominations notables figure celle du général Kéba Sangaré à la tête de la région de Bougouni (Sud).
L’ancien chef d’état-major de l’Armée de terre (2019-2020) avait été indexé dans un rapport d’experts de l’ONU remis au Conseil de sécurité en août pour des «prises de décision douteuses» lors du redéploiement programmé d’éléments de l’armée malienne dans le nord du pays fin 2019. Il y était aussi montré du doigt pour avoir laissé sans défense, malgré les alertes parvenues jusqu’à lui, le village peul d’Ogossagou (centre), une localité qui a été le 23 mars 2019 le théâtre du massacre de plus de 160 personnes par de présumés chasseurs dogons. Et en février dernier, le village a encore subi une nouvelle attaque qui avait fait au moins 35 morts. Le général Sangaré avait été limogé par la suite.
Kader Toé