La célébration du 20e anniversaire le mercredi dernier au Centre international de conférence de Bamako (CICB) qui a servi de cadre au président de l’Adéma/PASJ, Dioncounda Traoré pour lancer l’appel à candidature pour la candidature du parti à la présidentielle de 2012, pourra se transformer en hostilités le jour du lancement. Depuis ce jour qui a d’ailleurs vu le président de l’Adéma indiquer « tout militant désireux d’être le candidat du parti à ladite échéance avait le droit de faire parvenir sa candidature à la commission au siège du parti avant le 10 juin, délai de rigueur et que le Comité exécutif statuera sur les différentes candidatures et proposera le candidat qui sera investi en juillet prochain lors d’une conférence nationale », on assiste à une passe d’arme entre les animateurs des différents camps.
Et le ton a été donné par le 2e vice-président et ancien ministre du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées, Sékou Diakité qui a dénoncé une forfaiture du président de l’Adéma et l’ancien président de l’Assemblée nationale, Aly Nouhoun Diallo accusés d’avoir transformé l’événement en meeting de campagne puisque les deux hommes ont passé le clair de leurs temps à se féliciter que « l’Adéma garde sa place de première force sur l’échiquier politique national avec ses 32% à l’issue de toutes les élections qui ont été organisées dans notre pays de 1992 à 2009 », tout en revendiquant une vieille amitié et de complicité avec le président Amadou Toumani Touré.
Sékou Diakité a vite décrié ces manœuvres 48 heures plus tard dans un entretien accordé à nos confrères de l’Indépendant. « Je suis déçu par le spectacle qui a été offert, le mercredi dernier, dans le cadre du 20e anniversaire du parti. Je voudrais juste rappeler que l’organisation d’une conférence-débats dans le cadre du 20e anniversaire de l’Adema a été décidée lors d’une réunion extraordinaire du Comité exécutif (CE, ndlr). Le CE a ainsi décidé et du lieu et des camarades qui devaient l’animer. A cette même réunion, il a été demandé de dissocier la conférence-débats de la procédure d’appel à candidature. Car, ce sont deux choses de nature différente. Il a été de même recommandé par le Comité Exécutif qu’une lettre circulaire soit envoyée aux sections pour informer les éventuels candidats de l’ouverture de l’appel à candidature.
Au moment où je vous parle, aucune section n’a reçu une lettre de cette nature. Imaginez-vous que c’est verbalement, à l’occasion d’une conférence-débats, que le président du parti croit avoir lancé l’appel à candidature. Je pense sérieusement que cela manque de rigueur, de sérieux pour des gens qui ont l’ambition d’être le président de la République du Mali. Comme on peut aisément le constater, le président du parti, Dioncounda Traoré, est en train de fausser les règles du jeu. La conférence-débats décidée par le Comité Exécutif sur l’historique du parti a été manipulée et détournée de ses objectifs initiaux. Cette conférence s’est transformée en un haut lieu d’auto-satisfecit, de flagornerie et de propos à relents paternalistes. Je vise à travers ces attaques le président du parti et le Pr. Ali Nouhoum Diallo qui se sont laissés aller à un exercice de flatterie et d’auto-satisfecit qui ne sied pas à leur responsabilité.
Le mercredi dernier, qu’est-ce qui intéressait les militants ? C’était le parcours de l’Adéma, ses 20 années passées, ses acquis et ses faiblesses, les leçons à en tirer, le projet du parti et les chantiers à ouvrir pour l’avenir. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Alors que beaucoup de militants et moi-même sommes venus dans ce cadre-là. La conférence-débats des 20 ans du parti a été transformée en une tribune de campagne pour un candidat. Non, cet appel n’a pas été entendu. Il a dit que la reine de la ruche, c’est Dioncounda Traoré. C’est vrai. Mais ce qu’il feint d’oublier, c’est que ce sont nous qui l’avons choisi comme président du parti.
Mais que Pr. Ali Nouhoum Diallo désigne la folle de la ruche aussi ! Quand nous désignions Pr. Ali Nouhoum Diallo pour animer ce thème, ce n’était point pour qu’il vienne lancer un appel pour que les militants suivent sa préférence. Nous respectons son choix mais qu’il sache que d’autres militants ont aussi leur préférence. Obsédés par la volonté d’imposer un candidat, ils ont même oublié de faire observer une minute de silence à la mémoire de nos camarades disparus, tombés sur le champ d’honneur de la lutte pour la liberté, la dignité et la démocratie dans notre pays. Cette omission est pour moi le signe même de la dérive qui est en train de s’emparer du parti.
C’est pourquoi j’aurais proposé que l’Adéma érige un mémorial en hommage à tous ces militants qui sont des héros. Tout le monde s’est rendu compte que ce coup a été préparé. On a appelé les militants à une conférence-débats, alors qu’en réalité c’était pour dresser une tribune afin de promouvoir la candidature d’un candidat. C’est pourquoi je parle de forfaiture contre le parti. C’est révoltant ce qui vient de se passer », a-t-il dénoncé.
Une indignation partagée par les proches de l’autre candidat, Ibrahima dit Iba N’Diaye, qui attendent d’ailleurs la prochaine réunion du comité exécutif pour décrier l’attitude de Dioncounda Traoré et de son nouveau complice, Aly Nouhoun Diallo dont les agissements, a fait remarquer Sékou Diakité, créent les mêmes conditions que celles qui ont prévalu à la tenue du congrès extraordinaire de 2000 qui a poussé IBK hors de l’Adéma.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Renouveau 31/05/2011