Eh bien! Ce scénario se précise, avec l’ordre du jour de la plénière de ce jeudi 18 décembre. Outre l’adoption du Collectif budgétaire II, les députés seront informés par le Président de l’Assemblée nationale de la constitution d’un nouveau groupe parlementaire dénommé ADEMA / ASMA.
L’Honorable Issa Togo, Président du groupe parlementaire ADEMA, sera donc invité à lire la Déclaration d’orientation politique du nouveau-né de l’Hémicycle. La plénière lui en donnera acte. Sans débat, sans vote. Cependant, la loi fait obligation à tout nouveau groupe parlementaire de saisir le Président par écrit et de déposer sa Déclaration de politique, signée par les membres, auprès de ce dernier.
A son tour, celui-ci en informe le Bureau de l’Assemblée nationale et la Conférence des Présidents, instance de programmation de l’ordre du jour des plénières. Ce qui a été fait lundi dernier, non sans débats, altercations et insinuations qui ont failli se transformer en pugilat entre élus.
En effet, la Déclaration de politique déposée par le Président du groupe parlementaire ADEMA, Issa Togo, était virulente. Elle mettait la gestion du pouvoir à nu, en faisant référence à la «mauvaise gouvernance», allusion faite aux contrats militaires et à l’achat de l’avion présidentiel, alors que le principal acteur de cette situation demeure le Président d’ASMA, l’ancien ministre de la Défense, qui a battu toute sa stratégie de réplique autour du «secret défense».
Cette déclaration du nouveau groupe parlementaire ADEMA / ASMA en a révolté plus d’un en Conférence des Présidents. En première ligne, l’Honorable Hady Niangado de la CODEM, qui a sévèrement critiqué l’ADEMA avant de s’en prendre à ASMA. Il les a qualifiés de traitres, de gens incohérents, qui jouent un double jeu, qui affirment officiellement qu’ils soutiennent IBK, mais qui, à la moindre occasion ou difficulté, multiplient les rétropédalages et tirent à hue et à dia.
Le député de la Commune II leur a demandé de prendre leur courage à deux mains et de s’assumer dans l’opposition, au lieu de continuer à tromper IBK. Ce n’est pas tout. Il est allé jusqu’à dire que la Déclaration de politique n’avait pas été rédigée par Issa Togo mais par Boubèye. Le premier cité, selon lui, n’ayant fait qu’y apposer sa signature.
Une insulte pour le Président du groupe parlementaire ADEMA, qui a vivement protesté contre Niangado, avant d’affirmer son soutien à IBK. Idem pour Drissa Sankaré, d’ASMA, le Président de la prestigieuse Commission Loi. Ce dernier, nous a-t-on dit, a failli en venir aux mains avec Hady Niangado. Pour calmer ce dernier et les Honorables du RPM, le Président du groupe parlementaire ADEMA a vite fait de reprendre sa Déclaration de politique, en barrant les propos désobligeants vis-à-vis du pouvoir.
Cela n’a toujours pas calmé les ardeurs de certains, comme le 2ème Questeur, Belco Bah, qui a dit que, malgré la correction, le deuxième texte ne serait pas accepté. C’est la première mouture, selon lui, qui sera considérée par le Bureau de l’Assemblée nationale. En réalité, c’est le texte qui sera lu en plénière qui sera scruté et acclamé.
En tout cas, ça chauffe à l’Assemblée nationale, la majorité présidentielle se crêpant les chignons, sous l’œil apparemment indifférent de l’opposition. Le groupe parlementaire RPM bourdonne et tente de dédramatiser la situation.
«Nous avons notre majorité absolue de 76 députés sur 147. Dès le départ, nous avons travaillé pour conforter notre position, parce que nous sommes en politique et qu’à tout moment les alliances peuvent changer. L’ADEMA est spécialiste de ce jeu. Nous la connaissons. Si elle a la possibilité de nous isoler pour former une majorité, même avec le Diable, elle le fera. Mais nous ne prêtons pas le flanc. Nous collaborons en intelligence avec eux et nous ne nous laisserons pas avoir, je vous l’assure», nous a confié un député RPM.
Ce qui est sûr, ce qu’un nouveau pôle de l’opposition se dessine. L’ADEMA est en train de peaufiner sa stratégie, de poser des pièges à la majorité, de jouer à la surenchère, en demandant dans un proche avenir au RPM de chasser les étoiles ou de boire la mer, faute de quoi elle rejoindra l’opposition.
C’est bien ce scénario qui se met en place. La pièce à jouer est prête. Les acteurs sont bien connus. Les rôles sont partagés avec ASMA. Le décor est bien planté et les costumes sont déjà chez le tailleur. Le spectacle, en plusieurs actes, va démarrer ce jeudi, avec la constitution du groupe parlementaire ADEMA / ASMA.
Seulement voilà: le brillant écrivain, l’auteur de la pièce, celui qui a confié la mise en scène à ASMA, n’est toujours pas connu. Certaines langues commencent à se délier, et non des moindres, pour désigner cet écrivain du 21ème siècle. Il s’agirait, semble-t-il, du Président Konaré, tapi dans l’ombre, loin des yeux et des oreilles indiscrètes, qui tirerait avec adresse les ficelles.
Lui qui a refusé tout rapprochement avec son ancien Premier ministre, devenu Chef de l’Etat, entendrait éloigner son parti de ce dernier, qu’il ne peut toujours pas sentir, de près ou de loin. Malgré tous les efforts déployés par IBK. A suivre
Chahana Takiou
Source: Le 22 Septembre 2014-12-17 22:05:40