Les efforts de la Commission des bons offices mise en place après le dépôt des candidatures aux »primaires » du PASJ n’auront pas été vains. Au bout de deux semaines de pourparlers et conciliabules, ses négociations ont en effet abouti à un résultat pour le moins précieux pour autant qu’il est porteur de probabilité réelle pour les Abeilles d’affronter les élections générales de 2012 dans un minimum de sérénité. Il s’agit, en clair, de la concession de taille faite par les sept (7) candidats à la candidature du parti de s’en remettre à la Commission des Sages pour la proposition du prétendant que celle-ci juge le mieux indiqué pour porter drapeau de la Ruche dans la rude bataille pour la succession d’ATT.
Sous la houlette d’Oumarou Ag Mohamed Ibrahim, président du Haut Conseil des Collectivités en mission à l’extérieur du pays, ladite commission a fait étalage de cette avancée majeure à ses mandants, mercredi dernier, à l’occasion d’une réunion extraordinaire convoquée à cette fin. Le résultat ressort clairement dans la restitution d’étape faite au Comité Exécutif, l’instance décisionnelle auprès de la laquelle Mohamédine Dicko, Mme Conté Fatoumata Doumbia et Dr. Birama Diakité ont par ailleurs requis et obtenu que leur mission soit étendue à la possibilité de proposer un candidat parmi les sept (7) prétendants à la candidature du Parti de l’Abeille.
Par la même occasion, les négociateurs de consensus ont également requis et obtenu qu’une échéance supplémentaire leur soit accordée pour donner une chance aux négociations et, en cas d’échec de cette démarche, réfléchir au postulant qui leur semble mieux indiqué pour briguer la présidentielle sous la bannière du PASJ.
En tout état de cause, grâce à cette brèche ouverte par les candidats eux-mêmes, au cours notamment des séries entrevues sous l’égide de la commission de bons offices, le choix du candidat des Abeilles pourrait s’opérer par une procédure plus simplifiée qui leur épargnerait le péril d’un affrontement entre mastodontes comparable au scénario de 2002.
Dans son esprit, la concession, selon une source proche de la Ruche, ne consiste point à priver la direction du Parti de l’Abeille de ses prérogatives statutaires de désignation du porte-drapeau. En effet, la proposition de la Commission de bons offices, selon la même source, ne s’imposera pas forcément au Comité Exécutif, lequel a toute latitude de la remettre en cause et de recourir aux suffrages de ses membres pour départager ceux des candidats désireux de rester dans la course.
Toutefois, on imagine mal une éventualité où une proposition des Sages n’épousera pas l’assentiment de la tendance dominante à l’instance décisionnelle de la Ruche. Pas plus qu’il ne paraît difficilement imaginable un scénario où le choix du Comité Exécutif rencontrerait des difficultés de d’entérinement à la prochaine conférence nationale d’investiture prévue annoncée pour le 30 Juillet prochain.
– Qui après Dioncounda ?
Aussi, selon toute vraisemblance, les présomptions convergent toutes vers la personne de Dioncounda Traoré, président du Parti de l’Abeille, d’être le choix que la Commission des bons offices va proposer à la direction de l’Adéma-PASJ, lors de sa réunion de la semaine prochaine.
En vertu d’une décennie de bons et loyaux services rendus au sommet d’une Ruche demeurée première force politique malgré les soubresauts internes, d’une expérience professionnelle et administrative sans commune mesure, de ses qualités d’homme d’Etat et de rassembleur à toute épreuve, l’actuel président de l’Assemblée Nationale ne saurait démériter en tout cas parmi les sept (7) candidats à la candidature de son parti. Reste à savoir si la Ruche saura tirer profit au maximum de tous ces atouts pour mobiliser suffisamment de concitoyens pour le compte de leur candidat à la présidentielle de 2012.
L’autre question qui se mijote sans être posée avec suffisamment de visibilité, c’est celle relative à la succession de Dioncounda Traoré. Une investiture du président de l’Adéma-PASJ, quel qu’en sera le résultat pour les Abeilles, marquera, selon toute logique, un pas de géant vers sa sortie de la présidence du parti. Et, pour combler la place qui sera laissée vacante par l’actuel N°1 de la Ruche, ce ne sont surtout pas des tentations ambitieuses qui feront défaut. L’enjeu suscitera peut-être même plus de convoitises que les primaires n’en ont occasionné, à en juger par l’allure où les armes sont plus ou moins ouvertement affûtées dans les rangs de certains prétendants putatifs.
Parmi eux figurent l’incontournable et très alerte Iba N’Diaye, qui détient la palme de l’omniprésence à tous les combats où une parcelle de leadership est disputable. Ainsi, à défaut d’être le porte-étendard de sa famille politique, l’ancien ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle nourrit sans doute la tentation de se consoler d’un bon positionnement pour la succession du président de l’Adéma-PASJ.
Il ne lui suffira pas seulement, pour ce faire, d’une simple réorientation de son armada de lieutenants vers cette bataille nouvelle ; il faudra également que le 1er vice-président sache se réconcilier avec ses racines politiques à Kayes où ses ambitions n’ont jamais été partagées par la section y compris pour les »primaires » actuelles. Faute de quoi, le contrôle des rênes du Parti de l’Abeille ne sera pas acquis par la seule opportunité d’assurer l’intérim jusqu’au prochain congrès, et pour cause. La même ambition est vraisemblablement nourri du côté de Soumeylou Boubèye Maïga qui, depuis son accession à la stratégique fonction de ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération International, n’a de cesse de réactiver ses réseaux et de renouer avec ses anciennes connexions au sein du PASJ. Relégué de la 1ère à la 5ème vice-présidence lors du dernier congrès de 2008, l’ancien patron de la DGSE sous Alpha O. Konaré a certes connu un passage à vide dû à sa dissidence contre ATT en 2007, mais sa tendance retrouve peu à peu vigueur et se consolide discrètement mais sûrement, avec un rappel des troupes enclenché aussitôt après son retour au Gouvernement où il commence à voler la vedette à tous les membres.
Un autre prétendant et non des moindres : l’actuel ministre de l’Environnement. Revenant du MIRIA depuis 2004, Tiémoko Sangaré est sorti progressivement du profil bas de départ en se hissant du poste de secrétaire général adjoint à celui de 3ème vice-président du Comité Exécutif. Sans prétendre à la candidature du Parti de l’Abeille, l’ancien ministre de l’Agriculture a récemment averti sur poids politique à travers une influence réelle sur la coordination régionale de Sikasso dont il est soupçonné d’être l’instigateur principal de la fameuse correspondance relative au report du calendrier de désignation du candidat du PASJ pour les élections de 2012.
Et que dire de l’ancien ministre Sékou Diakité pour qui l’ambition du leadership prend les allures d’un combat générationnel, d’un certain Marimanthia Diarra ou Ousmane Sy qui peuvent tous légitimement aspiré à la succession du président de l’Adéma-PASJ ?
En définitive, il est même à craindre que la multitude d’ambitions pouvant naître de la sortie imminente de Dioncounda Traoré ne débouche sur un jeu qui entraîne l’enjeu : la performance électorale et l’attrait qui valent au PASJ d’être tant convoité.
A.Keïta
Aurore 11/07/2011