A l’occasion de cette rencontre, l’ancienne ministre des affaires étrangères, Mme Sy Kadiatou Sow, a été très virulente contre le président de la République. Comme pour régler des comptes, elle a commencé par critiquer la façon par laquelle le chef de l’Etat désigne les représentants des partis au gouvernement. Elle a ainsi dénoncé les choix faits au détriment de ceux envisagés par les directions des formations politiques. « Certes, ce sont des militants des partis politiques, mais ce ne sont pas les individus désignés », s’est-elle emporté avant d’annoncer les couleurs des relations futures avec le locataire de Koulouba, notamment dans le processus des réformes des textes fondamentaux de notre pays.
Des attaques ciblées sur la personne du président de la République
Salama qui dirige actuellement l’Adéma-Association, menace que son organisation ne sera pas d’accord avec ATT s’il tente de faire passer les réformes envisagées sans un débat de fond, avant de dénoncer qu’ « Un seul homme au centre de tout, c’est extrêmement dangereux quelque soit la valeur de la personne ».
Le président de la Coordination du mouvement démocratique (Comode), Aly Nouhoun Diallo, lors d’une conférence de presse tenue le 30 décembre dernier au Centre Djoliba, avait ouvert le bal des critiques contre le président de la République. A l’occasion, il s’est indigné par rapport au silence coupable des leaders politiques sur les grandes questions de l’actualité. « Le consensus actuel a endormis un peu le peuple malien », a-t-il regretté. Parlant de la corruption au Mali, Aly Nouhoum Diallo a reproché que « tout semble indiquer qu’il n’y a pas de volonté réelle de combattre le phénomène au Mali ». Il a aussi imputé des maux comme la fraude électorale, l’anarchie au régime ATT.
Pour par exemple illustrer cette anarchie dont il parle, l’ancien président de l’Assemblée nationale a rappelé l’histoire de Bandiougou Doumbia, ce prêcheur impertinent qui avait eu à insulter le président de la République, Amadou Toumani Touré et celui de l’Assemblée nationale, l’honorable Dioncounda Traoré, dans la foulée de l’adoption du fameux code des personnes et de la famille. Aly Nouhoum Diallo s’est dit écœuré par le fait que Bandiougou n’a pas été inquiété, alors que pour banale histoire de dictée (la maîtresse du président de la République), un enseignant et des journalistes ont été emprisonnés au Mali. « Il y a des dysfonctionnements dans ce pays, c’est pourquoi nous sommes là comme des gardiens de temple », a-t-il conclu.
Les deux compères étalent ainsi sur la place publique l’hostilité de leur groupuscule au président de la République tandis que d’autres anciennes gloires agissent en sous marais. Ainsi, le mari de Kadiatou Sow et ancien ministre de l’Administration territoriale, Ousmane Sy, ne voulant plus entendre parler d’ATT et de ses amis, a interdit dans un rapport sur les possibles alliances politiques, toute collaboration politique avec le camp présidentiel en général et le PDES en particulier. D’ailleurs, en aucun point, il n’en fait cas du parti de Hamed Diané Séméga et ses camarades confirmant les informations selon lesquelles ces anciennes gloires ont décidé de jeter toutes leurs dernières forces dans la bataille des présidentielles de 2012.
Eux qui pensent que l’arrivée au pouvoir en 2002 de l’indépendant Amadou Toumani Touré est une erreur de casting et surtout une déviation démocratique, tiennent celui-ci pour responsable de tous leurs malheurs surtout que son avènement a coïncidé avec le début de leur descente aux enfers. Ils ont alors mollement voulu contester le choix porté sur lui par l’Adéma-PASJ lors de la présidentielle de 2007 pour ensuite commencé à nourrir le projet, disons le rêve de la « reconstitution de l’Adéma-PASJ originel » en rassemblant tous les partis sortis du flanc du parti de l’Abeille. Il s’agissait de faire revenir dans la Ruche l’URD de Soumaïla Cissé, le RPM d’Ibrahim Boubacar Keïta et le Miria de feu Mamadou Lamine Traoré. Aux deux premiers, on a fait miroiter la possibilité le soutien de l’Adema réunifiée et élargie et d’autres organisations démocratiques à leur candidature à la présidentielle de 2012.
Une hostilité totale à ATT et ses amis
Pour faire revivre l’unité d’actions des années de braises de la lutte pour la démocratisation du pays, Ousmane Sy, Ahmed El Madani Diallo, Mme Sy Kadiatou Sow, Moustaph Dicko et Aly Nouhoun Diallo ont rené de ses centres l’Association Adema et l’ancienne gouverneur de Bamako a été choisie pour relancer cette actrice majeure de la révolution de mars 1991. Mais, leur unité s’est vite effritée face au choix du candidat de l’Adema originelle. Le groupe s’est logiquement scindé entre deux groupes : les pros-IBK conduits par l’ancien président de l’Assemblée nationale, Aly Nouhoun Diallo, ami de longue date de l’ancien Premier ministre et les partisans de Soumaila Cissé incarnés par ses amis, le couple Sy (Ousmane et son épouse Kadiatou Sow.
Dioncounda Traoré : le dindon de la farce ?
Ces deux groupes n’ont pas le poids face aux autres barons du comité exécutif qui soutiennent plutôt une candidature interne à l’Adéma-PASJ actuel et surtout ne veulent pas souscrire à la politique de diabolisation du président ATT moins encore à un braquage contre le parti de ses amis, le Parti pour le développement économique et solidaire.
Pour ne pas perdre définitivement la main en 2012, Aly Nouhoun Diallo et ses camarades qui ne démordent pas, voient en actuel président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, un recours, un moyen de contrôler la situation à travers l’affaiblissement de leur parti. Certains voient en effet derrière ce choix la stratégie d’imposer un candidat contesté qui ne fera pas le poids en terme de charisme et de carrure face à un IBK ou un Soumi. Ils donneraient déjà l’impression d’un passage à force de Dioncounda Traoré pour provoquer des représailles d’autres prétendants au sein de la Ruche pour justifier finalement un soutien rapide à un de leurs deux favoris.
Abdoulaye Diakité
L’ indicateur Renouveau 11/01/2011