Addendum à mon droit de réponse publié dans votre édition du 30 mai 2016 Zou évoque le régiment Blindés

Soumana Sacko

Monsieur le Directeur de Publication du journal Le 22 septembre

Monsieur le Directeur de Publication,

A la lecture de votre édition du lundi 30 mai 2016, je me rends compte que le point relatif au sort de l’Escadron blindé de Kati a été omis dans le texte que je vous avais envoyé en guise de réponse à l’écrivain anonyme qui s’était présenté sous le label collectif de ‘’Les auteurs du livre Le Mali sous Moussa Traoré’’. Je vous remercie donc de bien vouloir publier le complément ci-après pour une information complète de vos lecteurs :

11. bis Du sort de l’Escadron blindé de Kati :

Comme autre illustration de l’expertise dont font preuve les falsificateurs de l’Histoire en révisionnisme et en citations tronquées opérées hors contexte, on peut citer le sort de l’Escadron blindé de Kati. En effet, là ou votre journaliste évoque ‘’la dissolution du régiment blindé dans les autres corps’’, les falsificateurs de l’Histoire contemporaine du Mali préfèrent lire plutôt ‘’la dissolution’’ pure et simple dudit régiment, en laissant sous-entendre que, par la faute du Gouvernement de Transition 1991-1992, l’Armée malienne ne disposait plus de blindés. Or, la décision a consisté tout simplement à mettre fin au monopole de la garnison de Kati sur l’arme blindée en créant des Groupements Blindés Mixtes rattachés aux différentes Zones militaires couvrant l’ensemble du territoire national. La décision offrait un triple avantage :

a) renforcer l’efficacité stratégique ainsi que la flexibilité opérationnelle, tactique et synergétique des Forces Armées et de Sécurité dans l’utilisation de l’arme blindée;

b) sécuriser l’arme blindée elle-même, par exemple contre des frappes chirurgicales effectuées par une aviation ennemie comme l’Armée de l’Air israélienne a pu le faire lors de la guerre de six jours (juin 1967) contre l’aviation égyptienne dont les Migs étaient presque tous parqués au Caire;

c) réduire les chances militaires de réussite d’un putsch fomenté essentiellement à partir d’une seule garnison, en l’occurrence celle de Kati, comme ce fut le cas pour le coup d’Etat du 19 novembre 1968 lorsque le Chef de Bataillon Tiémoko Konaté laissa les conjurés prendre le contrôle des blindés ainsi que de la tentative de coup de force avortée du 15 juillet 1991 dont l’auteur appartenait précisément à l’Escadron blindé de ladite garnison.

Au total, seuls ceux qui ont mal assimilé les thèses du Général de Gaulle sur l’arme blindée et ignorent les caractéristiques de la guerre moderne, y compris dans sa forme dite ‘’asymétrique’’, peuvent prétendre que la fin de la concentration des blindés au niveau de la seule garnison de Kati ait affaibli l’Armée malienne.
D’ailleurs, si tant est que ce fut une mauvaise décision, pourquoi les falsificateurs de l’Histoire ne l’ont-ils pas annulée, d’autant plus que l’un d’entre eux, en l’occurrence M. Oumar Kanouté, fut, pendant une bonne partie de la Transition issue du coup d’Etat du 22 mars 2012, le Directeur du Cabinet avec rang de Ministre du Premier Ministre pleins pouvoirs de l’époque. Les causes profondes de l’affaiblissement de l’Armée malienne sont à rechercher plutôt du côté des falsificateurs de l’Histoire pour avoir, notamment, transformé l’Armée nationale du Mali en une Armée prétorienne ignorant les valeurs de la République et appelée à être dirigée par une caste héréditaire d’officiers formés à partir du Prytanée militaire de Kati.

Bamako, le 30 mai 2016

Signé : Soumana Sako