entre autres sujets abordés par Adama Diakité, président du Forum des
organisations de la société civile, au cours d’une interview qu’il nous a
accordée, hier, au siège de la fédération malienne des personnes handicapées,
sis à Bakaribougou.
Le Républicain : La plénière relative aux réformes constitutionnelles se tient
aujourd’hui (Ndlr : c’était hier, lundi.) Qu’elle est le point de vue du Forum des
organisations de la société civile sur la question ?
Adama Diakité : Je remercie le Journal Le Républicain, car en moins de deux mois,
cela fait deux fois que vous démarchez le Forum des organisations de la société
civile, comme pour dire que vous êtes dans la bonne dynamique pour en tirer de
l’information de qualité. Quand je dis société civile, il s’agit de toutes les faîtières
de la société civile. Il s’agit par exemple de la Feconf, Cca Ong, Cafo, Fenacof et du
Conseil national de la société civile. C’est à ce titre que nous avons été devant les
parlementaires pour clarifier la position de la société civile. Après 20 ans d’exercice,
c’est normal qu’on s’assoit pour dire ce qui a marché et ce qui n’a pas marché et
comment surmonter les blocages. A l’instant où nous sommes, nous disons que ce
n’est pas opportun d’aller à cette réforme constitutionnelle, parce que nous avons
matière à gérer. Il s’agit des élections présidentielles et des élections législatives.
Gérons d’abord les élections présidentielles et législatives, après cela, les hommes
et les femmes du Mali, les hommes politiques et la société civile pourront s’asseoir
pour dire si oui ou non il faut faire les réformes. S’il y a lieu de faire un référendum,
nous le ferons. Mais avant, gérons les élections.
Quelle est votre positon concernant le fichier électoral ?
Par rapport au fichier électoral, la position de la société civile est tout à fait claire.
Nous voulons un fichier électoral, fiable et consensuel. Cela veut dire qu’on aura
puisé dans tous les fichiers électoraux qui existent dans notre pays que ce soit
avant le Race, le Race ou le Ravec, ce qui est prenable et comestible pour tous
les acteurs politiques. Prenons ce qui existe et travaillons là-dessus. Des gens ont
commencé à faire des propositions, aucune proposition n’est à rejeter. Si tout le
monde est d’accord que c’est ça, allons vers ce que nous appelons le fichier fiable
et consensuel pour assurer la crédibilité, la tranquillité et le développement de notre
pays.
Que pensez-vous de la mise en place de la Ceni ?
Concernant la mise en place de la Ceni, la position de la société civile n’est
pas compliquée. Il y a une loi qui gère cela : il s’agit de l’appliquer. Quelqu’un
va me dire que chacun interprète la loi à sa façon. Nous faisons confiance à la
classe politique, en sa capacité à transcender les blocages, les détails, pour aller
à l’essentiel. Que le monde politique cesse d’interpréter la loi qui est claire. La loi
dit 5 personnes de la société civile, 5 de l’opposition et 5 de la majorité. En tant
que société civile, nous avons un rôle de veille, d’arbitrage et de propositions. Nous
devons leur faire confiance et faire appliquer la loi, mais chacun veut interpréter
cette loi de la manière qui l’arrange et c’est ce qui, en réalité, pose problème. Je suis
d’accord avec ce partage, mais je proposerai 7 ou 6 personnes de la société civile.
L’on va dire que ça va créer un déséquilibre, au contraire c’est ce déséquilibre qui va
créer un autre équilibre. La société civile aurait la voix prépondérante. Si la Ceni est
présidée par la société civile, qu’est-ce qu’il y aurait de mieux ? Les partis politiques
sont en train de s’entredéchirer. Ils disent que c’est pour le bonheur du peuple malien
et pour conquérir le pouvoir. Or, la société civile veut le bonheur du peuple malien
mais sans conquérir le pouvoir. Je fais toutefois confiance à la classe politique et le
ministère de l’Administration territoriale est là pour appliquer la loi.
Que vous suggère l’insécurité au Nord ?
Par rapport à l’insécurité au Nord, le souhait du Forum est celui des Maliens : qu’il
y ait une paix totale au Mali, donc au nord aussi. Jusqu’à présent il y a toujours
des problèmes, des défaillances. Il faut corriger les défaillances. La sécurité au Nord
dépend de la collaboration avec les pays voisins. Qu’on renforce la collaboration
avec tous les pays riverains du sahel et qu’on aille avec de nouvelles stratégies. La
société civile est prête à mouiller le maillot dans ce jeu là pour jouer le rôle qui est le
sien.
Quelles sont vos observations ?
La société civile lance un vibrant appel à la classe politique malienne pour faire en
sorte que nous puissions transcender la réforme constitutionnelle, la Ceni afin d’aller
vers des élections qui vont nous assurer la tranquillité, la paix et la stabilité. En ce qui
concerne le Nord, la société civile souhaite qu’il y ait plus d’implication de tous et de
toutes. Chaque force est une plus value pour en tirer la bonne substance.
Propos recueillis par Baba Dembélé
Le Républicain
02/08/2011