Trop tôt pour sortir, trop tard pour reculer. Venu il y a à peine deux mois à la tête du ministère de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, Amadou Koïta a accordé une interview à l’ORTM dans le cadre de l’émission « Action gouvernementale ». Très mal préparé, peu d’actions au passé et à l’avenir à défendre, il a flotté dans l’approximation et manqué de tact à l’égard de la jeunesse malienne, qu’il est censé remobiliser autour des actions du gouvernement. Il a manqué de nous inspirer confiance en son leadership et de nous tirer vers la qualité.
A la première question des journalistes sur la définition de la jeunesse proposée par les Nations unies, le ministre était apparemment surpris et s’est arrangé dans une approche philosophique floue et irréaliste qui inclurait dans la jeunesse (la cible principale de sa mission) même les quinquagénaires. Notre ministère doit avoir sa définition claire qui permet d’identifier qui est jeune et qui ne l’est pas. Il en va de la pertinence d’une politique spéciale à leur égard.
Dans le feu de l’interview, pour justifier ses projets de promotion de la citoyenneté, le ministre Amadou Koïta a eu la maladresse de traiter la majorité de la jeunesse malienne de mauvais citoyens et de non patriotes, sans dire mot sur les raisons de cette décadence citoyenne. En chef, on ne met pas de cette manière, en public et en face du monde, le pied dans le plat, on dit plutôt là où on veut aller pour faire comprendre que les jeunes ne sont pas encore là où ils devraient être. Manque de préparation et manque de vision sur la place publique, qui dénote peut être la légèreté avec laquelle il prend son rôle de responsabilité. Ce n’est pas pour rien que l’on paye les conseillers des cabinets ministériels quand-même.
A propos des organisations de la jeunesse, outre les difficultés qu’il a de mieux les organiser, son mauvais choix de ne pas protocolairement saluer certains de leurs leaders créent les suspicions inutiles sur leurs rapports mutuels. Notre ministre a manqué de hauteur de vue qui doit le mettre au-dessus des querelles mesquines inhérentes aux organisations juvéniles.
Sa conclusion a été charmante, puisque terminée sur une note d’espoir, l’impératif pour chacun de s’investir, particulièrement les jeunes, pour construire le Mali de nos rêves. Puisse en être ainsi ! Amina !
L’utilité de ce petit moment que j’ai consacré à la rédaction de ces quelques lignes tiendra à la capacité du ministre d’intégrer les critiques en vue de mieux faire.
Pour un Mali uni et prospère !
Mahamadou Konaté
Politologue, professeur EEMNK/EMPABB