Suite à la publication d’un article sous la plume de Rudy Oliviermis en ligne le 4 novembre 2016 et intitulé : « Exclusif- Mali : Le Fils du Président Ibrahim Boubacar Keita, Karim Keita Alias Katio se paye un immeuble de luxe à Dubaï pour 4,5 milliards de FCFA » la Direction Éditoriale du Groupe « Confidentiel Afrique » a, contre toute attente, finalement tenu « à présenter ses excuses à l’honorable Karim KEITA, Président de la Commission Défense de l’Assemblée nationale du Mali, à sa famille, ses proches et ses collègues parlementaires ». Mais l’arbre cache-t-il la forêt ?
Le revirement spectaculaire dudit journal en ligne est énigmatique. Sa démarche pour trouver un compromis avec Karim envers qui nous avons beaucoup de respect va au-delà d’une simple lettre d’excuses, nous citons : « Nous informons le public composé d’une frange importante de l’élite politique africaine et de décideurs financiers que l’auteur de l’article Rudy Olivier, a été purement et simplement licencié par le Comité Editorial sous la responsabilité de Monsieur IsmaelAidara ». Pourquoi en est-on arrivé là et pourquoi Rudy Olivier a-t-il été licencié sans sommation par sa hiérarchie ?Ci-dessous la Lettre de Notification de licenciement à Monsieur Rudy Olivier, Senior Editor et Grand Reporter :
« Quand l’article de Rudy Olivier, Grand Reporter et Senior Editor à Confidentiel Afrique est tombé dans le serveur de la plateforme traitant d’une information relative à l’acquisition par le Fils du Président malien, Karim KEITA, d’un immeuble dans un quartier d’affaires de Dubaï au prix de 4,5 milliards de FCFA, nous n’avions aucun doute sur la qualité et la renommée de la signature de son auteur, Rudy Olivier.D’autre part, le statut de Senior Editor donnait pleins pouvoirs à son auteur de poster l’article puisque lui-même autorisé et habilité à valider d’autres sujets traités par les journalistes travaillant à Confidentiel Afrique. Nous étions le 4 novembre 2016. Exactement il faisait 21 h 30 mn. Le Directeur Editorial, après avoir vu passer dans le système, ce que nous appelons la Pré- Presse, prit le soin d’interpeller l’auteur de l’article. Rudy Olivier nous répondit que des sources étaient fiables et sur notre insistance, nous l’avions exigé (les membres du Comité Editorial placé sous la responsabilité du Directeur Editorial) de nous transmettre sous huitaine, les preuves matérielles (documents d’actes notariaux ou virement bancaire attestant l’achat de l’immeuble en question). L’amplitude de l’information au lendemain de la parution de l’article nous a poussés à faire des injonctions à l’auteur de l’article ».
S’il est vrai que Confidentiel Afrique, très bien informé et dont la devise demeure : livrer l’information insoumise en donnant le pouvoir aux lecteurs, a été approché depuis plusieurs mois courant 2016, et reçu des échos sur cette histoire ou affaire d’immeuble, il n’en demeure pas moins que de telles informations devaient s’adosser sur des preuves matérielles.Car devant n’importe quelle juridiction qui se respecte, la reine des preuves est la présentation de supports matériels. Après deux, cinq jours et deux semaines, Rudy Olivier donne suite à notre requête en disant que ses sources lui avaient promis de mettre à sa disposition les documents exigés. De bonne foi ou pas, Confidentiel Afrique estime qu’il a abusé par la faute de son Senior Editorial. Lui-même l’a reconnu même si ses sources disent mordicus qu’elles apporteront les preuves. On verra !! D’ici là, le Directeur Editorial a pris la décision de licencier Rudy Olivier pour manquements graves aux règles déontologiques de l’exercice du métier de journaliste.
« En toute humilité et sens de responsabilité, nous avons décidé de ne pas privilégier la fibre de solidarité confraternelle à l’endroit de Rudy Olivier. Les grands journalistes épris d’éthique et de justice et d’intégrité pour les citoyens qui les lisent ou les écoutent doivent accepter leur faute. Nous n’avons aucun complexe de l’affirmer », poursuit le journal.
Si les grands journalistes épris d’éthique et de justice et d’intégrité pour les citoyens qui les lisent ou les écoutent doivent accepter leur faute, les responsables de Confidentiel Afrique semblent n’avoir reconnu leur faute que de façon partielle, car ils sont eux-mêmes passibles des griefs qu’ils ont formulés contre Rudy Olivier. En effet, la direction est fautive en même temps que le journaliste en acceptant la publication de l’article sans preuve tangible. Mieux, la rapidité par laquelle la sentence est tombée peut faire croire qu’il y a eu des dessous de table et que Rudy a été sacrifié d’une manière ou d’une autre.D’autre part, le statut de Senior Editor donnait pleins pouvoirs à son auteur de poster l’article puisque lui-même autorisé et habilité à valider d’autres sujets traités par les journalistes travaillant à Confidentiel Afrique.
Dès lors, on serait tenté de poser la question de savoir : Pourquoi ont-ils accepté de laisser passer l’article incriminé sans preuve matérielle pour un journal qu’ils savent sérieux et respecté ?
Alors, si la faute est partagée, pourquoi Rudy Olivier doit être le seul à en payer les frais ? Au-delà de ces légèretés éditoriales, d’autres questions surgissent encore : la Rédaction de Confidentiel Afrique a-t-elle subi des pressions du pouvoir de Bamako, l’article incriminé épinglant directement le fils du Président IBK ? Ou a-t-elle plutôt reçu des pots – de – vin du cercle familial du Palais de Koulouba, sinon de Karim Kéita lui-même, réputé être parmi les nouveaux milliardaires bamakois ou africains?
En attendant d’avoir des réponses à ces questions, Rudy Olivier semble faire les frais d’une rocambolesque affaire, aux contours politico-financiers, qui n’a pas encore dit son nom !
Karim dans l’œil du cyclone ?
Si Karim s’en est finalement tiré d’affaire de cette sortie médiatique, il n’en demeure pas moins qu’il traine d’autres casseroles derrière lui. Cet achat n’est pas le premier du genre du fiston national. Beaucoup parle d’un terrain acheté dans l’enceinte de l’ACI 2000 à un montant dépassant le milliard de FCFA, de ses voitures louées aux membres du gouvernement lors des missions à l’intérieur, du placement des cadres qui lui sont proches, des contrats juteux passés dans l’administration. Mais dans cette affaire, le journal l’a blanchi, pas Dieu.
Selon nos informations, la famille présidentielle a été éprouvée par la publication de « Confidentiel Afrique » de l’achat de l’immeuble à Dubaï. Elle se serait inquiétée et aurait demandé d’étouffer l’affaire. La direction dudit journal se serait-elle finalement résoute à faire partir notre confrère pour masquer les tenants et les aboutissants de cette affaire ?Y a-t-il eu instrumentalisation de l’affaire entre une institution incarnée par le fils du président et un organe de presse pourtant respectable ?
Aujourd’hui, les Maliens attendent de Karim qu’il dise toute la vérité sur ses affaires et qu’il s’implique à l’interne pour aider son père diminuée par une santé fragile et un gouvernement inapte à prendre des mesures courageuses économiques et sociales pour éviter des insurrections de rue dans notre pays. Car si les commerçants comme annoncé se joignent à la grève des magistrats sans oublier le monde enseignant de plus en plus hostile au régime actuel, des instabilités institutionnelles sont inévitables. Que Dieu nous en garde puisque le Mali ne tirera pas profit d’une telle situation aujourd’hui.
Salif Diallo