Aujourd’hui encore, le nouvel avion présidentiel acheté par IBK continue de soulever des vagues. Un avion qui aurait coûté entre 17 et 20 milliards de Fcfa, selon que l’on pose la question au président IBK ou à son Premier ministre, Moussa Joseph Mara. Comme on le constate, après l’opposition parlementaire, après les députés de l’Assemblée nationale, c’est au tour du Fonds monétaire international (Fmi) de demander des comptes aux autorités maliennes. Lequel Fonds, et le rapport d’audit de la Section comptes de la Cour suprême qui s’en est suivi par la force des choses, ont permis de découvrir une grosse arnaque à travers des irrégularités juridiques et des aspects illégaux.
De ce fait, une interpellation du Premier ministre Moussa Joseph Mara permettra de le confondre et donnera l’occasion au peuple malien de découvrir son vrai visage. En effet, pour rappel, lors des débats sur sa Déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, Mara clamait haut et fort, à qui voulait l’entendre, que l’achat de l’avion d’IBK n’a été entaché d’aucune irrégularité. Dans la foulée, il expliquait que l’ancien avion présidentiel (d’ATT), le Boeing 727, n’appartient pas au Mali et qu’à ce jour, notre pays n’a aucun document pour justifier la propriété de cet appareil. Un avion du président déchu ATT qui, selon lui, ne répond pas aux exigences de son constructeur. Une allégation qualifiée de mensongère par certains spécialistes du domaine, qui soutiennent que cet avion d’ATT appartient au Mali et est bel et bien immatriculé.
En outre, il affirmait que cet avion avait besoin d’une visite technique qui devait coûter 2 millions de dollars. «À quoi sert d’investir de telle somme dans un appareil qui ne vous appartient pas ? D’ailleurs, un Etat sérieux, un Etat souverain ne peut pas se permettre d’utiliser un tel avion», se défendait-il. Avant d’ajouter que les voyages du président de la République, IBK, étant une priorité, l’Etat avait le choix entre acheter ou louer un avion. Et c’est l’achat qui a prévalu sur la location. Ajoutant qu’il a été payé à 20 milliards Fcfa, payables par trimestre pendant une durée de quatre ans. «Cette option est meilleure par rapport à la location pour plusieurs raisons.
D’abord, l’avion ainsi acheté peut être utilisé sans problème pendant dix-huit ans, alors que les 20 milliards Fcfa utilisés pour son achat, équivalent à quatre années de location. Ensuite, aujourd’hui, on peut dire que le Mali a son avion présidentiel. Cet avion n’appartient pas à IBK, mais aux 15 millions de Maliens», soutenait-il. Une explication qui avait été balayée du revers de la main par l’opposition parlementaire, arguant que l’Assemblée nationale n’avait pas été informée de l’achat de cet avion et qu’il n’y a pas eu d’appels d’offres.
Aujourd’hui, l’histoire donne raison à cette opposition parlementaire qui avait vite fait de tirer la sonnette d’alarme, puisqu’avec la mission des experts du Fmi qui a d’ailleurs suspendu son aide au Mali, la vérité a éclaté au grand jour. «Nous leur posons (autorités maliennes) des questions sur l’achat de cet avion, sur les procédures qui ont été suivies. Nous demandons aussi des explications sur un contrat d’armements passé avec le ministère de la Défense», indiquait le Fmi. Un contrat qui s’élève à 108 milliards de Fcfa.
Même si le président IBK tente de sauver les meubles, en limogeant son très proche conseiller, Sidy Mohamed Kagnassy, mouillé jusqu’au coup dans cette histoire, de même que certains ministres, cette affaire d’achat de l’avion présidentiel et de contrat d’armements a déjà écorné l’image de notre pays tant sur l’échiquier national qu’international. Et si d’aventure le Premier ministre, Moussa Joseph Mara, était interpellé à l’Assemblée nationale, pourrait-il tenir les mêmes propos qu’il avait tenus lors de la «défense» de sa Déclaration de politique générale ? Il serait intéressant de le savoir.
Bruno E. LOMA
Le Reporter 2014-10-15 01:32:47