L’affaire de la gestion de l’aide humanitaire d’urgence, dans laquelle le Comité syndical de l’OPAM accuse de façon péremptoire l’ex ministère en charge de l’Economie et de l’action humanitaire, est de nature à amuser la galerie. Dans une démocratie quoi de plus normal qu’un syndicat, en tant qu’élément de la société civile, se pose en sentinelle de l’action gouvernementale. Sauf que dans l’affaire relative à la gestion d’une aide humanitaire qui fait l’objet d’articles de presse depuis une semaine environ, ressemble à une campagne dont l’objectif semble être de nuire aux acteurs directement impliqués dans sa gestion.
A preuve, une accusation d’une telle lourdeur doit toujours être corroborée de preuves tangibles. Malheureusement, le comité syndical de l’OPAM semble tellement aveuglé par la haine qu’il est allé vite en besogne. Il s’est focalisé sur le simple constat de sorties de quantités de produits alimentaires des magasins de l’OPAM pour crier au scandale alors qu’il n’en est rien. En agissant de la sorte, le syndicat s’est ridiculisé tout en annihilant le noble combat syndical. Pourtant, il suffisait une petite vigilance pour comprendre que ce qu’il appelle détournement n’est qu’une précaution prise par le département pour éviter que des vivres pourrissent dans les magasins alors que bien de Maliens sont confrontés à une situation critiques.
Dans certaines localités du pays comme au Nord, cette urgence de l’aide alimentaire était quotidienne. A la situation déjà critique des régions du Nord, vivant sous occupation des pseudos jihadiste, se sont ajoutées celles créées par des inondations intervenues récemment dans ces mêmes régions du Nord, à Ségou et à Bamako. De quoi rendre complexe une situation qui n’était pas si simple à gérer.
Selon le rapport de situation n° 39 du 26 août 2013, du bureau de coordination des affaires humanitaires de l’OCHA, un organisme des Nations unies, environ 11 300 personnes sont touchées par des inondations dans notre pays, à la suite des fortes pluies qui se sont abattues sur les régions de Kidal et Ségou, entre le 9 et le 12 août 2013 ; sans oublier les inondations intervenues à Bamako. Dans le même temps, environ 137 000 personnes qui avaient fui la crise seraient rentrées dans les régions de Tombouctou et Gao, selon les estimations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Face à un tel besoin d’assistance, rien d’étonnant que les stocks d’aide alimentaire sortent fréquemment des magasins, pour être mis à la disposition des populations bénéficiaires. C’est ce qui a été fait récemment, et de façon fréquente et régulière, tant la demande venait de plusieurs parties du pays, pour des sinistres différents. C’est ainsi que des convois humanitaires ont même été organisés en direction des régions du Nord, sous l’égide de l’ex ministère de l’Economie et de l’Action humanitaire. Les gouverneurs des régions concernées ont été mis à contribution tout au long de la chaine de distribution de ces produits acheminés à l’intérieur de notre pays de distribution.
Voilà ce qu’il faut retenir d’essentiel dans cette affaire de détournement d’aide humanitaire, qui semble être cousue de fil blanc. Maintenant, le reste peut être vérifié, avec la saisie par le Comité syndical de l’OPAM, des services compétents de contrôle de notre pays. Un contrôle qui aura l’avantage de donner des éclairages sur cette affaire qui a pris des allures de campagne de dénigrement, et dont il faudra certainement rechercher ailleurs les mobiles.
La gestion de l’aide humanitaire, dans le cas d’espèce, a semble -t-il, fait que des mécontents à l’OPAM. Dans ce genre d’opération, les agents des administrations en charge de la gestion de l’aide humanitaire, ont pris goût à une sorte de règles non écrites, qui voudraient que les agents bénéficient d’une partie des produits alimentaires, en réalité destinées aux populations nécessiteuses. L’ex ministre en charge de l’Economie et de l’Action humanitaire avait rompu avec cette tradition, en refusant d’allouer une partie de l’aide humanitaire, à certains agents de l’OPAM et de son propre département.
Le ministre qui, à bon droit, a rompu avec cette erreur commune qui a certainement créé une sorte de « droits acquis », a du coup provoqué l’ire de certains, qui n’ont pas compris cette rupture brutale avec la tradition. Mais ce n’est pas certainement le seul mobile de l’acharnement contre les autorités en charge de la gestion de l’aide humanitaire à l’époque. Il y a sûrement beaucoup d’intérêts croisés dans cette ténébreuse affaire. On a même aperçu un membre d’un cabinet ministériel de l’ancienne équipe gouvernementale, à la recherche de la photo du Secrétaire général de l’ex ministère de l’Economie et de l’Action humanitaire, à des fins d’illustration d’articles de presse. Détail trivial qui a certainement son importance, et qui donne une certaine idée des nombreux intérêts qui se croisent dans cette affaire, et qui a déjà porté un préjudice moral aux autorités mises en cause, accusées de façon péremptoire de détournements d’aide humanitaire, en l’absence de toute preuve matérielle.
Quoi qu’il en soit la bave du crapaud n’atteindra jamais la blanche colombe.
Affaire à suivre !
Ousmane Daou
L’Indicateur du Renouveau