Cette signature de la CMA, qui a obtenu des garanties pour la prise en compte de ses amendements dans la mise en œuvre de l’accord, met, ainsi, fin à plus de huit mois de négociations entre le gouvernement malien et les groupes armés en Algérie. Ce nouvel accord de paix est censé mettre fin à trois ans et demies de conflits dont le point de départ a été l’occupation des trois régions du Nord par les djihadistes en 2012.
Plusieurs personnalités ont assisté à cette signature. On peut citer entre autres : le chef de file de la médiation internationale, le ministre des affaires étrangères de la République démocratique d’Algérie Ramtane Lamamra, Mongi Hamdi, le représentant spécial du Secrétaire Général de l’Onu pour le Mali. Etaient aussi présents à la cérémonie, le chef de file de l’opposition du Mali, Soumaila Cissé, les anciens premiers ministres du Mali et les ex-présidents du Mali Moussa Traoré et Dioncounda Traoré.
Une forte délégation de la CMA a fait le déplacement dont Mahamadou Djéri Maiga, vice président du Mnla, Sidi Ibrahim Ould Sidatti, dirigeant du Mouvement Arabe de l’Azawad, Al Ag Abass Intalla…le président de la plateforme, Me Harouna Toureh était aussi présent. Le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta a présidé la cérémonie. Annoncée à 15 h, la cérémonie a finalement débuté avec plus d’une heure de retard.
Et après les discours du chef de file de la médiation malienne, le ministre des affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, du chef de file de la médiation internationale, le ministre Ramtane Lamamra et celui de Mahamadou Djéri Maiga, vice-président du Mnla place fut faite à la signature de l’accord de paix. A 17h 50 mn et sous les applaudissements de l’assistance, le document a été signé, au nom de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, par Sidi Ibrahim Ould Sidatti.
Un nouveau départ pour le Mali ?
Dans son discours de bienvenue, le chef de file de la médiation malienne, le ministre des affaires étrangères du Mali a remercié les différentes parties qui ont pu rendre possibles la signature de l’accord. « Il faut saluer le sens élevé de patriotisme de l’ensemble des acteurs », a-t-il déclaré. Selon lui, l’accord permettra d’envisager l’avenir avec plus d’optimisme. A sa suite, le chef de file de la médiation internationale, le ministre Ramtane Lamamra a adressé ses remerciements aux membres de la CMA qui ont fait le déplacement pour un nouveau départ et une nouvelle destinée pour le Mali.
Il a réitéré l’engagement de son pays à ne ménager aucun effort pour concrétiser l’accord au bénéfice de tous les Maliens. Il a, aussi, annoncé le lancement, sans délai, des travaux du comité de la mise en œuvre de l’accord. Le vice-président du MNLA, Mahamadou Djeri Maiga, dans son discours, a signalé que l’accord n’est certes pas parfait, mais constitue une bonne base pour la paix. Avant d’indiquer qu’une paix ne se gagne jamais par une simple signature.
Mais dépendra, ajoute-t-il, de la bonne volonté des différentes parties dans sa mise en œuvre. « Nous fondons beaucoup d’espoir sur la bonne volonté du gouvernement malien. La CMA s’engage avec toute la bonne volonté. Nous demandons juste une justice juste. En trichant, on ira nulle part. Les calvaires et les guerres doivent être maintenant des lointains souvenirs.
Et le peuple malien doit savoir que nous n’avons jamais pris les armes par caprice. Nous présentons nos condoléances à toutes les familles endeuillées. Il faut mettre un accent particulier sur les conditions humaines notamment le retour des réfugiés et des déplacés », a expliqué le vice-président du MNLA.
Le défi de la mise en œuvre de l’accord
Une constante dans les différents discours prononcés : le défi de la mise en œuvre de l’accord. Pour sa part, le président de la Plateforme, Me Harouna Toureh a insisté sur le sens de responsabilité des différentes parties dans la mise en œuvre de l’accord. De son avis, l’heure de la responsabilité est arrivée. « Il faut donner à cet accord toutes les chances de succès, car la paix n’a pas de prix », dira le responsable de la plateforme qui a signé l’accord de paix le 15 mai passé.
Mongi Hamdi, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Mali s’est, aussi, réjouit de la signature de l’accord par la CMA. Le Mali écrit, explique-t-il, une page importante de son histoire. Cet accord n’est pas la paix parce que celle-ci ne se décrète pas. « Les différentes parties ont pris l’engagement de construire le Mali de demain. La Communauté Internationale reste aux côtés du Mali, mais elle ne peut pas faire la paix à la place des Maliens. Le chemin de la paix est semé d’embûches », a-t-il dit.
C’est sous les ovations que le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita a prononcé son discours tant attendu. Selon lui, ce jour n’a pas son pareil. Il a remercié la Communauté Internationale et la délégation de la CMA pour avoir effectué le déplacement à Bamako. « J’ai un vif plaisir à vous voir ici. On fera en sorte que nul ne soit déçu. Nous allons faire du Mali un pays envié. Désormais, nous regardons dans la même direction. La signature de cet accord est le résultat d’une volonté commune et le fruit d’un effort commun. Nous devons mettre fin à la persistance de cette crise.
Un Malien ne saurait être un étranger au Mali. Cette signature de la CMA est la matérialisation d’un courage qui ne cesse de grandir », a-t-il dit. Le président de la République a demandé l’accompagnement du peuple malien dans la mise en œuvre de l’accord. « Je demande au vaillant peuple malien à se mobiliser pour la mise en œuvre efficace de l’accord. C’est le début d’une ère de bonheur, de paix qui vient de commencer. », a souhaité IBK. Avant d’annoncer la création de la Commission Dialogue et Réconciliation qui n’attendait, selon lui, que la signature de l’accord de paix par la CMA.
Madiassa Kaba Diakité
Source: Le Républicain-Mali 22/06/2015