ACCORD POLITIQUE POUR LA GOUVERNANCE: L’unité de l’opposition vole en éclats face à la main tendue du pouvoir

S’étant auto-invité à la table des convives suites à des actions de déstabilisation du régime, l’ogre (l’opposition malienne) a poussé la voracité à vouloir même imposer la carte du menu. Mais, même aux abois, l’hôte n’a pas cédé au chantage visant à le dépouiller de ses prérogatives d’accueil et à imposer ses conditions à travers l’accord politique signé le jeudi 2 mai 2019 à la Primature. Le constat est que l’unité affichée par les opposants depuis la présidentielle d’août 2018 à volé en éclats face à l’appétit du pouvoir. Une belle carte que Dr Boubou Cissé à en main et qu’il doit utiliser à bon escient.

 Nommé le 22 avril 2019 à la Primature, Dr Boubou Cissé a signé aujourd’hui un accord politique avec les forces vives de son pays (majorité et opposition, mouvements signataires de l’Accord de paix et la société civile) en vue de la formation d’un gouvernement de large ouverture (GLO) afin de lui permettre de relever les défis dans un climat sociopolitique apaisé.

La cérémonie de signature à la Primature a eu lieu en fin de matinée du jeudi 2 mai 2019. Les retardataires comme la Coalition malienne pour la démocratie (CMD), présidée par Dr Cheick Modibo Diarra, ont paraphé le document le lendemain pour rattraper le train déjà en marche.

Cette signature a été longtemps bloquée par le chef de file de l’opposition et certains de ses alliés qui, visiblement, tenaient à dépouiller le président de la République de ses prérogatives constitutionnelles. A défaut, ils exigeaient un partage fifty-fifty (équitable) des avantages et non des responsabilités pour entrer dans le gouvernement.

Ainsi, l’accord a été longtemps bloqué par les divergences au sein de l’opposition, notamment du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) profondément divisé sur sa participation ou non à ce gouvernement. Et finalement, l’unité au sein de ce front dirigé par Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, a volé en éclats.

En effet, le Congrès national d’initiative démocratique (CNID Faso Yiriwa Ton), l’Union pour la République (URD) de Soumaïla Cissé, le Front africain pour le développement (FAD) et le Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) ont purement et simplement rejeté l’accord politique proposé par le Premier Ministre Boubou Cissé. Une décision prise à la suite d’une réunion extraordinaire du  Bureau Exécutif National du FSD tenue le mercredi 1er mai 2019.

Par contre, d’autres partis du front comme la Parti pour la Renaissance africaine (PARENA) de Tiébilé Dramé (Directeur de campagne de Soumaïla Cissé lors de la présidentielle de 2018) et le Parti de la solidarité et du Progrès (PSP) ont signé le document.

A noter aussi que de grosses pointures d’autres entités politiques opposées au régime en place comme les Forces Alternatives et Patriotiques  (FARE An ka Wuli, opposition modérée), la Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) et l’Alliance démocratique pour la paix (ADP-Maliba) n’ont pas non plus adhéré à cet accord politique qui offre au PM une marge de manœuvre non négligeable. Et l’appétit venant en mangeant, il peut espérer que le repas sera assez copieux pour pousser les opposants affranchis à la confidence sur les ex-alliés afin d’accroître cette marge ascendante sur l’opposition.

Et selon l’article 19 du document paraphé,  «l’adhésion au présent accord ne constitue point une garantie d’obtention de postes ministériels pour un parti ou un regroupement de partis. Tous les signataires se verront, cependant, offrir la possibilité de contribuer à l’action du gouvernement». Et cela d’autant plus que ledit Accord politique doit surtout servir de Feuille de route au nouveau gouvernement.

Pour le Premier ministre Boubou Cissé, il doit «valoriser toutes les sensibilités politiques et son adhésion n’est pas fermée». «Nous resterons debout sur les remparts pour bâtir le Mali», a-t-il déclaré lors de la cérémonie de signature en paraphrasant un passage de l’hymne national du Mali. «Je suis  un serviteur de l’Etat, aidez-moi à le servir», a conclu Dr Boubou Cissé.

Et selon l’article 16, cet «accord politique est conclu pour une durée de deux ans. Il ne peut être reconduit de manière tacite». Il est le socle du «gouvernement  de mission» souhaité par le président Ibrahim Boubacar Kéita. En tout cas le chef du gouvernement a une belle carte en main avec cet accord politique signé par la majorité et une partie non négligeable de l’opposition. A lui de l’utiliser judicieusement pour ne pas créer des frustrations inutiles et pouvant remettre le président IBK dans l’embarras voire dos au mur comme il l’était ces derniers mois avec son prédécesseur !

Moussa Bolly