Je me rappelle encore comme si c’était hier de mes discussions avec l’Ambassadeur Américain Johnnie Carson dans les locaux de la prestigieuse Université Dartmouth dans le New Hampshire sur la présence des États-Unis d’Amérique en Afrique de l’Ouest. Ce jour là, le très expérimenté, spécialiste de l’Afrique et ancien secrétaire d’État américain chargé des affaires africaines, avait mentionné cet engagement des USA aux cotés des pays de l’Afrique même si les rapports restaient plus commerciaux. L’information a été donnée par l’Agence Ecofin : les États-Unis d’Amérique et le Sénégal ont signé des accords de coopération qui permettront aux troupes américaines, de se déployer rapidement dans le pays.
Cette signature est un signal plus que fort pour les pays francophones de la zone Afrique de l’Ouest qui sont gérés de manière extraordinaire par la France et à des détails prêts : politique, économique etc. Avec déjà une grande présence militaire Française dans le pays de Senghor et les rapports entre les deux pays, si le Sénégal décide d’aller voir ailleurs, les raisons sont simples. Aussi, cet accord unique prévoit la mobilisation des forces Américaines en cas de survenance d’une épidémie mortelle, comme cela a été le cas avec l’Ebola en 2014. L’accord intervient dans un contexte où les forces de sécurité sénégalaises sont en alerte, après les attaques terroristes survenues au Mali, au Burkina Faso, et tout récemment en Côte d’Ivoire.
«Le gouvernement sénégalais a parlé d’un premier accord du genre en Afrique, mais en réalité la présence militaire en Afrique de l’ouest remonte à un certain temps, notamment depuis les attentats du World Trade Center. L’Amérique se constitue progressivement un ensemble d’alliés dans la région dans le cadre de sa stratégie préventive. Un objectif qui s’est renforcé depuis la chute du régime de l’ex-guide libyen Mohamar Khadafi dont on sait qu’une part de l’arsenal militaire est tombée dans des mains des organisations djihadistes dans le Sahel », a précisé l’agence. Cette signature doit inspirer les autorités de Bamako, car le partenaire militaire (France) avec lequel nous avons signé notre accord de défense est celui là même qui accueille et protège les rebelles auteurs des pires atrocités contre les Maliens (Aguelhoc Janvier 2012) et qui continuent d’occuper la région de Kidal. Et ce choix serait un courage politique pour les intérêts du Mali et les Maliens.
Comme l’a si bien le Général Charles De Gaule : « La France n’a pas d’amis, mais des intérêts », pourquoi pas le Mali aussi de défendre ses intérêts. En cas, le Sénégal l’a décidé et il est aujourd’hui effectif.
Moussa KONDO
L’Expresse de Bamako 11/05/2016