ACCORD D’ALGER : L’Observatoire des femmes pour la paix et la réconciliation se mobilise pour la mise en œuvre

L’une des causes de la faible participation des femmes est l’absence d’appropriation en termes de diffusion du contenu de l’Accord et de sensibilisation des femmes sur les opportunités offertes et à saisir dans le processus.
L’hôtel Salam a servi de cadre, les 22-23 et 24 février derniers, à un atelier préparatoire de mise en place de l’Observatoire des femmes dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du Processus d’Alger.
Une initiative des ONG Greffa et AMSS et leur partenaire financier l’AEN (Aide à l’Eglise norvégienne).
A l’instar des régions de Gao, Ménaka, Tombouctou, Mopti, Kidal, cet atelier vise à amener les femmes à s’engager sur les questions liées à la paix, à la réconciliation et les droits des femmes. La cérémonie d’ouverture a enregistré la présence du ministre de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille, de l’ambassadeur de l’Algérie, du partenaire financier AEN.
Il convient de se rappeler que dans l’architecture de la mise en œuvre et du suivi de l’accord, il est prévu la mise en place de vingt-trois structures (23) de prise de décision, réparties entre les questions politiques et institutionnelles, les questions de défense et de sécurité, les questions de développement économique, social et culturel, les questions humanitaires, de justice et de réconciliation et les garanties et accompagnement de l’accord.
De plus, la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée sur le Mali précise que les femmes jouent un rôle important dans la prévention et le règlement des conflits et un pied d’égalité en étant pleinement associées dans la prévention et le règlement des différends.
Les femmes s’engagent
« Le Mali s’est doté d’un Plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (PAN 1325) et de la loi n°2015-052, du 18 décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives (quota d’au moins 30 %).
« Malgré  l’existence de ces instruments nationaux et internationaux, force est de reconnaitre que le niveau de représentativité  des femmes  reste encore très faible, sinon inexistant  dans les instances de prise de décision en général et dans les mécanismes de mise en œuvre et de suivi de l’Accord en particulier », a martelé Mme Maïga Fatoumata Touré, la directrice exécutive de l’ONG Greffa.
Selon elle, l’une des causes de cette faible participation des femmes, est l’absence d’appropriation en termes de diffusion du contenu de l’Accord et de sensibilisation des femmes sur les opportunités offertes et à saisir dans le processus.
Cette situation est encore plus criarde dans les régions du Nord et du Centre du Mali où en plus du conflit, certaines pratiques coutumières influencent encore la gestion de la vie publique, notamment les rôles et responsabilités définissant les rapports entre les femmes et les hommes.
Malheureusement, précisera-t-elle, ces pratiques sont utilisées pour justifier des comportements néfastes qui marginalisent davantage les femmes, y compris dans les processus de paix et de réconciliation.
Et cette faible participation des femmes dans le processus de mise en œuvre de l’Accord va conduire, si rien n’est fait, à un déficit de prise en compte des besoins et des attentes des femmes alors qu’elles constituent un maillon essentiel de la résolution durable de la crise.
La secrétaire exécutive de Greffa, en guise de conclusion dira : « C’est pour cela, entre autres, qu’il est important de favoriser la mise en place d’un mécanisme de veille et d’alerte, animé par les femmes pour la promotion de leurs droits et dans le but de saisir à temps les instances conventionnelles pour toute violation et violence à l’égard des femmes ».
A l’instar des régions de Gao, Ménaka, Tombouctou, Mopti, Kidal, cet atelier de Bamako vise à organiser et à renforcer les capacités des femmes à s’engager activement dans le processus de mise en œuvre de l’Accord, en réponse à la faible représentativité des femmes dans les instances de décision.
Le partenariat, au-delà des questions d’intérêts, est une vision partagée, sur la base de valeurs et d’objectifs communs.
La réussite d’un projet dépendra essentiellement du niveau d’engagement de ses différents acteurs et actrices.
L’occasion était bonne pour Mme Maïga pour renouveler, sa gratitude à l’endroit du partenaire financier, l’Aide de l’Eglise norvégienne, pour avoir placé toute sa confiance en ses ONG partenaires Greffa et AMSS et tisser un partenariat dans le cadre de la participation des femmes dans la gouvernance post-conflit.
La porte-parole des femmes au sein du CSA, Mme Sina Damba, a reconnu que si la représentativité des femmes aux instances de prise de décision reste faible du fait de divers défis socioculturels, force est de constater que la faible volonté politique en est pour beaucoup eu égard à titre illustratif au nombre de femmes dans les mécanismes de mise en œuvre et de suivi de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.
Avant d’ajouter que l’organisation de l’atelier constitue, une opportunité de faire l’état des lieux et de se projeter vers d’autres perspectives au point d’améliorer le taux de représentativité des femmes aux instances de prise de décisions en même temps des mécanismes de mise œuvre et du suivi de l’Accord d’Alger.
Sayon Doumbia, le représentant du ministre de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille a réitéré l’engagement de son département pour la mise en œuvre des recommandations de l’atelier, notamment, la création d’un Observatoire de femmes dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du Processus d’Alger.
Durant ces trois jours de travaux, les participants ont suivis des communications sur l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali (Etat de mise en œuvre de l’accord (enjeux et défis), sur l’état des lieux de niveau de représentativité des femmes dans les structures de mise en œuvre de l’Accord et présentations du Cadre stratégique de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies, du plan opérationnel du Plan d’action national de la loi 1325 (PAN 1315) et un exposé sur l’état de mise en œuvre du plan opérationnel du plan d’action national de la loi 1325.
Ensuite, les participantes se sont retrouvées dans les travaux de groupe autour des thèmes suivantes :  les contraintes/difficultés qui entravent la participation des femmes et filles au processus de mise en œuvre de l’accord (contraintes au niveau individuel, au niveau communautaire ou associatif et au niveau institutionnel) ; identifier les besoins de renforcement des capacités des femmes en vue d’une meilleure représentativité des femmes et esquisse de plan d’action à mettre en œuvre en vue d’une participation des femmes dans la gouvernance post-conflit.
A.T
Source: Journal Lettre du Mali