NEW YORK, 25 septembre 2018 — Les dirigeants africains, le Groupe de la Banque mondiale, les Nations Unies et d’autres partenaires de développement se sont réunis ce jour en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies pour une table ronde des dirigeants africains sur l’identification au service du développement. Le but était de mobiliser une action collective, stimuler des soutiens financiers et mettre à profit l’innovation pour soutenir le programme d’action sur l’identification numérique et l’enregistrement des faits d’état civil en Afrique. Le Groupe de la Banque mondiale a également annoncé une initiative innovante baptisée « Mission Billion », qui vise à résoudre les problèmes les plus épineux en matière d’identification numérique.
Lorsqu’ils sont conçus et mis en œuvre de manière responsable, les systèmes d’identification numérique en Afrique procurent des avantages à long terme sur les plans de l’inclusion financière, de l’amélioration de la gouvernance, de l’autonomisation des femmes et des filles, du commerce et des migrations au service de l’intégration régionale, et permettent aux pouvoirs publics d’investir dans le capital humain en promouvant l’élargissement de l’accès des pauvres aux services d’éducation et aux programmes de protection sociale.
Selon les estimations de l’initiative Identification pour le développement (ID4D) du Groupe de la Banque mondiale, un milliard de personnes à travers le monde, dont plus de la moitié en Afrique, ne sont pas en mesure de prouver leur identité. L’UNICEF quant à lui estime que près des deux tiers des enfants africains âgés de moins de cinq ans n’ont pas de certificat de naissance. L’Afrique compte neuf pays sur dix parmi les 99 pris en compte dans l’enquête ID4D-Findex 2017 qui affichent les taux de couverture les plus faibles en matière d’identité, et sept des dix pays présentant les écarts les plus importants entre les hommes et les femmes.
« La moitié du milliard de personnes « invisibles », c’est-à-dire sans identité officielle, se trouve en Afrique. Si on n’a pas d’identité, cela signifie qu’on n’a accès aux services de santé et d’éducation ni à d’autres services essentiels », fait observer KristalinaGeorgieva, directrice générale de la Banque mondiale et coprésidente du Conseil consultatif de haut niveau de l’initiative Identité pour le développement (ID4D). Et d’ajouter : « Nous devons travailler de concert pour créer des systèmes d’identification numérique fiables et ne faisant pas d’exclus, à même de débloquer des opportunités économiques pour les personnes les plus vulnérables. »
Selon le Groupe de la Banque mondiale, il faudrait six milliards de dollars pour répondre aux besoins de l’Afrique en matière d’identification numérique et d’enregistrement des faits d’état civil. Par le biais de l’initiative ID4D, le Groupe de la Banque mondiale fournit une gamme complète de soutiens financier et technique aux niveaux national et régional en Afrique. Près d’un milliard de dollars sont actuellement mobilisés pour des projets portant sur l’identification numérique et l’enregistrement des faits d’état civil dans 30 pays, dont 23 en Afrique. À titre d’exemple, des projets récemment approuvés et en cours d’élaboration en Afrique de l’Ouest permettront de créer les plateformes d’identification interopérables de base par-delà les frontières nationales, au service de plus de 200 millions de personnes. L’initiative ID4D fournit également des services de conseil à de nombreux pays, notamment dans des domaines tels que la conception, la législation et la réglementation, et la participation citoyenne, en mettant un accent particulier sur l’inclusion, la protection et la confidentialité des données, et la neutralité de la technologie et des prestataires, le tout reposant sur les principes régissant l’identification pour le développement.
« L’identification numérique peut jouer un rôle important dans la réalisation des Objectifs de développement durable. Elle peut donner aux personnes les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète des moyens d’accéder à des services essentiels, notamment l’éducation, les soins de santé et les financements, tout en promouvant leurs droits juridiques et politiques », déclare Amina Mohamed, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et coprésidente du Conseil consultatif de haut niveau de l’initiative ID4D.
Grâce à une vague d’innovations et de financements et engagements accrus, l’Afrique a la possibilité de mettre en place des systèmes d’identité numérique fiables, au service de tous, qui transformeront les pays et le continent en une économie numérique, créant par là même de nouveaux mécanismes pour une croissance économique rapide, la création d’emplois et l’accès aux services. L’Afrique a besoin d’une approche commune pour traduire cette possibilité en réalité, en veillant à ce que les systèmes d’identification numérique puissent être utilisés au-delà des frontières nationales et non pas conçus en vase clos.
« Si la moitié de notre population ne peut pas prouver son identité, comment peut-elle participer à la marche de la société et exercer ses droits ? L’Afrique doit régler cette question et se montrer audacieuse. Nous avons besoin d’une approche commune sur le continent non seulement pour fournir aux populations un moyen de prouver leur identité, mais aussi pour mettre en place des systèmes responsables et respectueux du droit à la vie privée », déclare Mo Ibrahim, président de la Fondation Mo Ibrahim et membre du Conseil consultatif de haut niveau de l’initiative ID4D de la Banque mondiale.
L’initiative « Mission Billion »
En matière d’identification, les écarts entre les pays à travers le monde sont importants et complexes. Pour stimuler des solutions innovantes à ce problème, l’initiative ID4D et ses partenaires, la Fondation Bill et Melinda Gates, le Gouvernement australien et Omidyar Network, travaillant en collaboration avec le Forum économique mondial, ont annoncé l’initiative innovante Mission Billion, dont le but sera de relever un défi particulier chaque année. Pour l’année en cours, le défi consiste à présenter des fonctionnalités simples et économiques qui, du fait de leur conception, protègent la vie privée, et peuvent être intégrées dans les systèmes d’identification numérique aux quatre coins du monde.
« L’initiative Mission Billion offre une occasion fort intéressante de mettre à contribution les esprits les plus créatifs pour combler le fossé mondial en matière d’identification. Lorsque l’identité numérique permet à des personnes d’exercer un contrôle accru sur leurs données personnelles, cela leur donne des moyens de créer des opportunités et d’accéder à des services par des mécanismes inimaginables il y a tout juste dix ans », fait remarquer NandanNilekani, président fondateur de Unique Identification Authority of Inidia et membre du Conseil consultatif de haut niveau de l’initiative ID4D de la Banque mondiale, qui fera office de conseiller auprès des instances de l’initiative Mission Billion.
À propos de l’initiative Identification pour le développement (ID4)
L’initiative Identification pour le développement (ID4D) du Groupe de la Banque mondiale aide les pays à exploiter les potentialités transformatrices des systèmes d’identification numérique. Il s’agit d’une initiative intersectorielle menée en étroite collaboration avec les pays et les partenaires afin de permettre à tous les êtres humains d’exercer leurs droits et d’accéder aux services, notamment en aidant à fournir des moyens d’identification à environ un milliard de personnes qui n’en disposent pas actuellement.
L’initiative ID4D comprend trois axes d’intervention : l’action aux niveaux national et régional ; le leadership éclairé ; et la mobilisation et les plateformes à l’échelle mondiale. Le programme de cette initiative soutient la réalisation du double objectif primordial du Groupe de la Banque mondiale, à savoir mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 et promouvoir une prospérité partagée. L’initiative ID4D est parrainée par la Fondation Bill et Melinda Gates, Omidyar Network et le Gouvernement australien.
Le Républicain